BROSSARD – Au-delà des thèmes prévisibles concernant Carey Price, P.K. Subban et Michel Therrien, quelques parcelles d’information intéressantes sont ressorties du bilan de fin de saison de Marc Bergevin. Voici, en vrac, quelques-uns des sujets soulevés lundi par le directeur général du Canadien.

Les secrets de l’infirmerie

Haut du corps ou bas du corps? Si certains se sont habitués à cette description approximative accompagnant plus souvent qu’autrement les mises à jour sur l’état de santé des joueurs du Tricolore, d’autres continuent de faire de l’urticaire devant ce manque de transparence assumé de l’état-major du Canadien.

Aussi bien s’y faire, prévient Bergevin, parce que cette culture du secret continuera de caractériser la façon de faire de ses employés.

« Je veux vraiment qu’on prenne des notes, parce que c’est moi qui a établi cette politique, elle est là pour rester et je vais expliquer pourquoi », s’est défendu le DG d’entrée de jeu.

Bergevin a prétexté que la sécurité des joueurs était l’unique préoccupation de ses hommes de hockey, se disant convaincu que la divulgation de détails sur la condition physique d’un allié pouvait faire naître de mauvaises intentions dans la tête de l’adversaire.

« Comme ancien joueur, je l’ai vécu personnellement. Dans une chambre de hockey, ça m’est arrivé d’entendre : ‘Ce soir on joue contre Detroit, Sergei Fedorov a l’épaule gauche amochée. Donnez-lui un petit coup de plus au cas où…’ Et ça se dit encore aujourd’hui. Alors oui, je fais des cachettes, mais pour les bonnes raisons. Il va y avoir des spéculations, je le comprends très bien. Des fois, ça part de tous les bords et de tous les côtés. Mais je n’ai aucun contrôle sur les rumeurs. Tout ce qu’on peut faire, c’est se fermer la bouche pour protéger notre joueur et l’équipe. »

S’appuyant sur une situation fictive tirée où Carey Price aurait été visé au genou droit par un rival après un retour au jeu, Bergevin a ajouté : « Si je suis un partisan du Canadien, je vais me demander pourquoi le directeur général de l’équipe a pris ce risque et de mon côté, j’aurais de la misère à aller voir Carey après pour m’excuser d’avoir trop parlé. Vous allez dire qu’il y a 1% ou 2% de chance que ça arrive et vous avez raison! Mais le risque est trop grand pour moi pour le prendre. »

Sylvain Lefèbvre : le bon soldat

Pour une quatrième saison consécutive, le club-école du Canadien ratera les séries sous la gouverne de Sylvain Lefèbvre. Avec deux matchs à jouer avant la fin du calendrier régulier, les IceCaps de St. John’s risquent de terminer l’année avec une fiche inférieure à ,500, un constat d’échec qui s’était imposé deux fois lors des trois dernières années du club avant son déménagement de Hamilton.

« Nos entraîneurs reviennent l'an prochain »

Malgré ces résultats, Bergevin refuse de lancer la pierre au principal mentor des espoirs de son organisation.

« Dans un monde idéal, St. John’s se qualifierait pour les séries et remporterait la coupe Calder. Mais je préfère voir ça de cette façon : quand les jeunes sont rappelés à Montréal, est-ce qu’ils aident le grand club? », a commencé par exposer Bergevin.

« Il ne fait pas de doute qu’il est préférable de progresser dans un environnement gagnant. Je pourrais remplir les IceCaps de vétérans qui permettraient probablement à Sly de faire les séries. En revanche, nos choix au repêchage seraient assis au bout du banc en fin de match. Ça n’aidera pas notre cause.

« Parfois il faut faire un pas en arrière pour en faire deux vers l’avant. Ça fait partie du développement et de l’encadrement et Sylvain adhère à cette théorie. Il est conscient qu’il risque de perdre des matchs, mais au bout du compte, il fait ce qui est le mieux pour le Canadien de Montréal. […] En plus, son équipe se battait pour les séries avant qu’on ne la vide pour remplacer nos blessés. Dans ces conditions, je ne me vois pas aller voir Sylvain pour lui dire qu’il est à la porte. »

L’échec Semin

Bergevin a frappé dans le mille lorsqu’il a décidé de réclamer le petit Paul Byron au ballottage avant le début de la saison. La mise sous contrat à prix modique de Tomas Fleischmann s’est aussi avéré être une décision judicieuse, tout comme l’embauche du Montréalais Mark Barberio sur le marché des joueurs autonomes.

« Intouchable, dans le monde du sport il n'y en a pas »

Mais parmi les moins bons coups du DG, on pense immédiatement à l’expérience ratée qui visait à incorporer Alexander Semin dans le top-6 des attaquants de l’équipe.

Attiré à Montréal avec un contrat d’un an d’une valeur de 1 M$, Semin s’est rapidement retrouvé dans les mauvaises grâces de Michel Therrien. L’ancien choix de première ronde n’a obtenu que quatre points en 15 matchs avant d’être sorti du Centre Bell sans cérémonie. Il a terminé la saison dans la KHL.

Mais même si l’expérience ne fut pas concluante, Bergevin dit qu’il la répéterait sans hésiter.

« Si tu vas t’acheter un 6/49 et que je te dis que tu peux remporter 100 millions, mais que ça va te couter 10 000$ pour participer, je ne suis pas sûr que tu vas acheter un billet. Mais si ton billet te coûte seulement 5$, tu vas prendre une chance », a-t-il imagé.

« Avec Alex j’ai regardé ça et j’ai été clair avec Geoff et Michel : je n’étais pas certain. Peut-être que ça n’allait pas fonctionner, mais le risque n’était pas gros […] Si tu essayes, éventuellement, peut-être qu’il y en a un qui va fonctionner. »

Les sentiments de John Scott

Le 21 janvier, lorsqu’il avait été appelé à justifier l’acquisition de John Scott alors que ce dernier était plongé dans une controverse entourant son éventuelle participation au match des étoiles de la LNH, Bergevin avait offert une réponse vague qui laissait planer le mystère.

« J'ai rien contre John Scott, mais c'est pas ce que je voulais »

« À ce moment, je devais faire cet échange. Il y a une raison que je ne peux pas vraiment vous donner, mais si je pouvais vous comprendriez probablement », avait-il dit au sujet de la transaction qui lui avait aussi permis de faire l’acquisition de Victor Bartley en retour de Jarred Tinordi.

Lundi, Bergevin a devancé une question d’un journaliste pour mettre à jour sa version des faits. Selon lui, son homologue Don Maloney l’avait forcé à prendre le contrat de Scott pour alléger la masse salariale des Coyotes de l’Arizona.

« Pour se donner plus de flexibilité, il m’a dit qu’il fallait absolument que je prenne John, a raconté Bergevin. Je n’ai rien contre John Scott, mais ce n’est pas ce que je recherchais. Mais on m’a forcé la main et j’ai accepté. Dans ma tête, je me suis dit que John Scott allait aider nos jeunes. Je l’ai connu de Chicago, je savais que c’était une bonne personne et j’ai dit ‘OK, je vais le faire’. Mais je ne pouvais pas dire ça, je ne voulais pas que le joueur se sente mal, comprends-tu? »

Et vous, comprenez-vous?