Le Canadien devait battre les Panthers en Floride samedi. C’était nécessaire. Impératif même.

 

Il le devait pour mettre un frein à la dangereuse glissade qui est en train de le larguer de la course aux séries. Il le devait pour bien finir un voyage qui est passé de difficile à catastrophique. Il le devait pour bien finir l’année. Il le devait surtout pour insuffler un brin de confiance à ses joueurs et aux partisans qui n’y croient plus beaucoup que le club retrouvera dans un Centre Bell glacial l’an prochain. Ou mardi si vous préférez…

 

Mais voilà. Il ne l’a pas fait.

 

Non seulement le Canadien a-t-il été battu par des Panthers qui ne formaient pourtant pas un adversaire redoutable et un gardien auxiliaire loin d’être imperméable en James Reimer – je sais que les Panthers et Reimer sont sur une lancée de cinq victoires de suite, mais quand même : on ne parle pas ici de champions potentiels de la coupe Stanley –, mais le Canadien n’a pas été fichu de marquer le moindre but.

 

Encore…

 

C’est la sixième fois cette saison que le Canadien est blanchi. Lors des quatre défaites consécutives qu’il vient d’encaisser, le Canadien s’est contenté de marquer trois buts.

 

Jonglez avec les chiffres comme vous voudrez, mais si tu marques trois buts en quatre matchs, c’est certain que tu en perdras au moins un…

 

Seule consolation pour le Canadien, les Sénateurs d’Ottawa ont été blanchis pour la huitième fois cette saison alors que les Bruins les ont ramassés d’aplomb 5-0 samedi à Ottawa.

 

Les Sens sont les pires de la LNH, suivi du Canadien et des Flyers de Philadelphie.

 

Mais ne vous réjouissez pas trop vite.

 

Le Canadien est bon dernier dans la LNH avec un total de 14 matchs au cours desquels ses joueurs se sont contentés d’un but ou moins.

 

À qui la faute? À tout le monde!

 

Marc Bergevin doit maintenant se rendre à l’évidence qu’il n’a pas maximisé le rendement offensif – et défensif – de son équipe avec les joueurs qu’il a laissé partir et ceux qu’il a embauchés ou acquis pour combler les départs.

 

Claude Julien doit jongler avec ses stratégies afin de déterminer si elles sont les mieux adaptées pour les joueurs qu’il a sous la main. Afin de déterminer si, aussi bonnes soient-elles, ses stratégies maximisent les chances de réussite des joueurs qui sont supposés marquer plus souvent. Beaucoup plus souvent.

 

Mais peu importe le poids des responsabilités qu’on peut larguer les épaules du directeur général, de son entraîneur-chef et du reste de l’état-major, les joueurs sont à blâmer eux aussi.

 

Max Pacioretty est rendu à 12 matchs de suite sans but. Il n’a marqué qu’une fois à ses 21 dernières parties. Le capitaine qui traverse sa pire disette en carrière stagne à huit buts. Alex Galchenyuk n’en affiche que neuf. Et que dire de Jonathan Drouin qui n’a marqué que cinq fois jusqu’ici cette saison et ne revendique que 18 points.

 

Il n’est pas normal, mais alors pas normal du tout, que Brendan Gallagher et Paul Byron soient les meilleurs francs-tireurs du Canadien avec 15 et 10 buts, dont trois marqués dans le cadre d’un même match pour le valeureux Ti-Paul qui demeure un joueur de soutien.

 

Il n’est pas normal non plus qu’à deux matchs de la mi-saison, Shea Weber soit toujours le meneur du Canadien avec cinq matchs de plus d’un point et trois matchs de plus d’une passe et qu’il partage la première place avec Brendan Gallagher pour le nombre de matchs de plus d’un but avec… deux.

 

Si Pacioretty, Drouin et Galchenyuk avaient multiplié les occasions de marquer de catégorie A-1 au cours des dernières semaines, on pourrait composer avec cette disette.

 

« On est frustrés dans la chambre, c'est la seule chose qui nous importe »

Si Pacioretty, Drouin et Galchenyuk se démenaient sur la patinoire et qu’il était impossible de leur reprocher quoi que ce soit en matière d’effort, d’implication et de leadership, on pourrait composer avec cette disette.

 

Mais ce n’est pas le genre de performance que nous offrent le capitaine et les deux autres piliers de l’attaque du Canadien. Du moins ceux qui devraient être ces piliers.

 

Bonne nouvelle pour les partisans qui croient encore aux chances de remontée de leurs favoris au classement, ou du moins à une deuxième moitié de saison moins désolante que la première, Jonathan Drouin semblait vraiment en beau fusil après le match.

 

De commerce toujours agréable depuis son arrivée à Montréal, toujours disponible et affable dans la victoire comme dans la défaite, Drouin répondait sèchement aux questions après la défaite de samedi. Pas question ici de le blâmer. Loin de là. Car cette attitude témoignait d’un écoeurement évident devant les défaites qui s’accumulent, les matchs improductifs qui s’accumulent et les critiques qui sont de plus en plus vives.

 

Idem pour Max Pacioretty qui, malgré les rumeurs de transaction qui se multiplient à son sujet, a assuré après la rencontre qu’à titre de capitaine, il assumait une grande part des responsabilités associées aux défaites et au manque à gagner en matière de buts marqués.

 

Bien hâte de voir de quelle façon cette colère se traduira lors du retour du Canadien sur la patinoire du Centre Bell, mardi, alors que les Sharks de San Jose feront leur escale annuelle à Montréal. Surtout que leur escale de l’an dernier avait marqué le début de la fin de Michel Therrien à la barre du Canadien. Qui a oublié le regard que lui avait lancé Carey Price après que l’entraîneur-chef l’eut rappelé au banc, en début de période médiane, après le 4e but des Sharks?

 

Mes observations sur le match de samedi

  1. Pacioretty sur le marché
  2. Quand la rondelle ne sort pas de ta zone
  3. Quand il manque de conviction
  4. Deslauriers : retrait difficile à comprendre
  5. Portrait des séries

Chiffre du match : 50 – Jonathan Huberdeau connaît une très bonne saison en Floride. Non seulement le Québécois partage le premier rang des marqueurs avec ses 36 buts, dont 13 buts – Vincent Trochek l’a rejoint avec son 15e but et 36e point samedi –, mais Huberdeau était sur la patinoire pour 50 des 106 buts marqués cette saison par la Floride. Un sommet chez les Panthers…

 

Pacioretty sur le marché

 

Selon le collègue Nick Kypreos et plusieurs collègues contactés au cours des dernières heures, Marc Bergevin utiliserait Max Pacioretty comme appât dans le cadre d’une transaction importante.

 

Il est clair que Pacioretty file un mauvais coton à Montréal. Que la pression associée à son rôle de capitaine et à son mandat de fer-de-lance d’une attaque l’étouffent.

 

Pacioretty sur le marché?

Mais en dépit des critiques acerbes d’une majorité de fans du Canadien, Pacioretty a une très bonne valeur autour de la LNH. Il est reconnu aux quatre coins de la Ligue comme un marqueur potentiel de 40 buts dans des circonstances idéales. L’état-major du Canadien sait très bien qu’une fois avec un centre de premier plan, Pacioretty pourrait revenir hanter le Tricolore en marquant au rythme qui devrait être le sien.

 

En plus, avec une autre année (2018-2019) à écouler à un salaire de 4,5 millions $ Pacioretty pourrait redevenir l’aubaine qu’il était depuis deux ans en matière de rapport production/prix.

 

C’est pour ces raisons que Marc Bergevin doit être patient. Qu’il doit s’assurer d’obtenir des valeurs sûres en retour d’un joueur qui a le potentiel de le faire très mal paraître une fois au sein d’une autre organisation.

 

Imaginez Pacioretty à Pittsburgh, Philadelphie ou St.Louis. Imaginez Pacioretty à la gauche de John Tavares, mais à New York et non à Montréal. Mettez de côté votre animosité à l’endroit d’un des joueurs les plus critiqués en ce moment et je vous assure que ce spectre fait peur.

 

Si Bergevin magasine vraiment Pacioretty – et je n’ai aucune raison de croire qu’il ne le fait pas – il doit imiter ce que Joe Sakic a fait avec Matt Duchene et afficher une grande patience afin de mousser les enchères et obtenir une très bonne valeur en retour.

 

Parce que Jonathan Drouin n’est pas plus en mesure d’assumer le rôle de centre numéro un qu’Alex Galchenyuk, le Canadien doit impérativement régler ce problème. Il doit aussi renflouer une défensive poreuse et même affreusement poreuse comme on le voit depuis la perte de Shea Weber.

 

Le couperet tombera sur les transactions le 26 février prochain. Ça laisse encore beaucoup de temps. Mais s’il n’obtient pas ce qu’il veut, Bergevin devra attendre au repêchage. Peut-être même jusqu’à l’année prochaine.

 

Cela dit, pour adopter une telle stratégie, il doit d’abord obtenir l’assurance de son propriétaire qu’il sera là au prochain repêchage ou en début de saison prochaine.

 

Geoff Molson a déjà accordé un vote de confiance à Bergevin. Mais vous savez comme moi que ces votes de confiance ont autant de valeur que les sous noirs qu’on a finalement retirés du marché…

 

La mauvaise excuse du voyage

Alors si Bergevin bouge vite et qu’il n’obtient pas une valeur de premier plan pour Pacioretty, vous saurez que le vote de confiance ne valait rien. Et que Bergevin doit tout faire pour relancer son équipe et sauver son job.

 

Maintenant la grande question : quelle est la valeur de Pacioretty? Non le Canadien n’obtiendra pas Evgeni Malkin dans une transaction un pour un. Mais ça prendrait plus que Kristopher Letang si telle transaction était vraiment envisageable.

 

J’adore Letang, mais le défenseur a une liste de 18 équipes vers qui il accepterait de mettre le cap selon le site spécialisé CapFriendly.com. Est-ce que le Canadien serait sur cette liste vous croyez?

 

Deuxièmement, avec un salaire de 7,25 millions $ sous le plafond pour encore quatre saisons après celle en cours, et avec un historique de blessures aussi lourd que le sien, l’excellent défenseur ne peut combler tous les besoins du Canadien en échange de Pacioretty.

 

Du moins je ne crois pas…

 

Vrai que le Canadien – comme tous les clubs – pourrait grandement profiter du talent et de l’expérience d’un joueur comme Kristopher Letang, mais le vrai problème, le grand problème, le sempiternel problème depuis que le Canadien a échangé Vincent Damphousse aux Sharks de San Jose en mars 1999, est l’absence d’un vrai centre numéro un.

 

Et Bergevin doit le trouver pour sauver sa job et sauver une organisation qui s’en va à la dérive.

 

Quand la rondelle ne sort pas de ta zone

 

D’autres signes évidents de perditions sont venus appuyer mes prétentions selon lesquelles l’absence de Shea Weber coulera le Canadien si elle se prolonge encore longtemps.

 

En l’absence de Weber, non seulement les adversaires du Canadien s’amusent comme des petits fous autour de Carey Price, mais ils minent les chances de sorties de zone dès qu’ils appliquent la moindre pression sur ce qu’il reste de défenseurs.

 

« Si tu ne marques pas de but, tu ne gagnes pas »

Résultat : la rondelle passe bien trop de temps dans la zone défensive. Et quand elle sort, elle sort tout croche et revient souvent trop vite.

 

Le premier but des Panthers a démontré cette lacune évidente. La Floride a réussi à étourdir le Canadien en le confinant dans sa zone. Carey Price avait des allures de girouette devant son but tant le jeu changeait de cap à tout moment. À force de tourner en rond, les défenseurs du Canadien et leur gardien ont perdu le nord et la Floride a su en profiter.

 

C’est l’histoire du Canadien depuis le début de la saison. Ses adversaires savent profiter de la majorité des cadeaux que la défensive offre alors que les attaquants du Canadien arrivent trop rarement à profiter des cadeaux offerts par les défensives adverses.

 

Une formule perdante s’il en est une…

 

Quand il manque de conviction

 

L’absence de Shea Weber oblige Jeff Petry a prendre les bouchées doubles. On le sait tous. Quand on prend de trop grosses bouchées, il arrive qu’on s’étouffe. C’est ce que Petry a fait sur le deuxième but alors qu’il a ouvert la zone défensive en mordant à l’appât que lui a tendu Connor Brickley à la ligne bleue du Canadien.

 

Dès que Petry est venu tenter de le mettre en échec, Brickley a remis la rondelle à MacKenzie Weegar qui l’a ensuite offerte à Vincent Trochek qui a marqué dans une cage déserte parce que Price ne pouvait pas se dresser devant deux joueurs en même temps.

 

Petry a fauté sur le jeu. C’est clair.

 

Mais il n’a pas été aidé par Jordie Benn qui a mis un temps fou à revenir à sa position pas plus que par Andrew Shaw et les deux autres membres du 4e trio qui ont effectué un échec avant un brin mollasson et un repli deux brins trop lent…

 

Il revient quand Weber?

 

Deslauriers : retrait difficile à comprendre

 

Claude Julien a soulevé bien des questions en sortant Nicolas Deslauriers de sa formation pour réinsérer Byron Froese.

 

Je ne crois pas que Deslauriers soit un intouchable. Loin de là. Mais Deslauriers est quand même celui qui a marqué le plus de buts chez le Canadien lors des cinq derniers matchs.

 

Plus encore, Deslauriers joue comme le demande Claude Julien. Il s’implique comme le confirment ses 78 mises en échec en 19 matchs et son différentiel de plus-10. Oui c’est le meilleur chez le Tricolore.

 

Même si elle n’a rien donné de concret samedi, j’aime l’idée d’avoir muté Hudon avec Pacioretty et Danault.

 

Shaw s’est retrouvé sur le 4e trio c’est vrai. Mais au lieu de lui faire remplacer Deslauriers, le vétéran aurait pu assumer le rôle de centre au sein de ce trio en gardant Froese sur la touche.

 

Bon! Ça demeure un changement mineur. On en conviendra tous. Du moins je l’espère.

 

Mais dans un contexte où l’on assure toujours que l’effort doit et sera récompensé, le retrait de Deslauriers soulève des questions normales, il me semble.

 

Portrait des séries

 

Croyez-vous encore aux séries?

 

La question mérite d’être posée. Car avec leur victoire de samedi aux dépens des Sénateurs d’Ottawa (5-0), les Bruins s’éloignent encore un peu plus du Canadien.

 

De fait, le Tricolore accuse un retard de 12 points maintenant sur Boston et Toronto. Les Leafs jouent leur 40e match dimanche à Vegas. Ce sera difficile. Mais les Bruins ont encore deux matchs en main sur le Canadien qui n’affiche que trois victoires (3-7-1) à ses 11 derniers matchs.

 

Quant aux Bruins, ils affichent 15 victoires à leurs 20 derniers matchs et ont soutiré des points dans 17 de ces 20 parties (15-3-2).

 

En ce qui a trait à la course aux deux places réservées aux clubs repêchés, les Rangers et les Islanders ont des avances de neuf et huit points sur le Canadien qui a joué un match de plus qu’eux.

 

Comme si ce n’était pas assez, la Floride a maintenant trois points d’avance sur le Canadien, les Flyers qui ont battu le Lightning au lendemain de leur victoire contre Montréal ont maintenant quatre points d’avance, les Penguins cinq et les Hurricanes sept.

 

Si vous croyez aux miracles, c’est donc encore possible.

 

Bonne année!