Quand j’ai vu Jonathan Drouin sauter sur la patinoire en compagnie de Max Pacioretty et Alex Galchenyuk dès leur première présence du match de samedi contre Toronto, je me suis dit : enfin!

 

Parce que son équipe peine à marquer des buts, je trouvais que Claude Julien prenait une bonne décision en regroupant au sein d’un même trio ses meilleurs éléments offensifs.

 

Je sais : les premières parties de la saison ont démontré, et assez clairement à part ça, qu’il n’y avait pas une grande complicité – à ma grande surprise je dois l’admettre – entre Drouin et Pacioretty. Comme plusieurs, je trouvais aussi que d’ajouter Galchenyuk aux deux autres concentrait le talent – déjà timide – du Canadien au sein d’un même trio laissant les autres avec un brin d’espoir ou de désespoir.

Mais bon! Aux grands maux les grands remèdes dit-on. Alors, pourquoi pas mettre les plus gros et beaux œufs offensifs du Canadien dans un même panier et tenté d’en tirer une belle omelette?

 

Mais voilà! L’omelette a fait patate.

 

Le « gros » trio a donné des signes encourageants dès sa première présence sur la glace. On a vu de la vitesse, on a vu de bonnes, précises et vives passes de Galchenyuk, on a vu Drouin y aller de quelques poussées agiles en zone ennemie et puis…

 

Et puis rien. On n’a plus rien vu.

 

Pacioretty a obtenu quatre tirs : deux en première, deux autres en période médiane. Un tir a été bloqué, l’autre a raté la cible. Mais bon : sur le lot, le capitaine n’a généré qu’une occasion de marquer. Galchenyuk a ajouté deux tirs, Drouin: deux autres. Mais on ne peut pas dire que le gros trio formé par Claude Julien a vraiment poussé Frederik Andersen à exceller pour les priver d’un but.

 

De fait, c’est contre le trio de Plekanec – avec Hudon et Gallagher – le meilleur trio du Canadien samedi qu’Andersen a réussi ses meilleurs arrêts. Car oui, il a dû en réussir quelques-uns pour blanchir le Canadien 6-0 dans la cadre de sa 12e victoire de la saison, sa 3e par jeu blanc.

 

Quand on a demandé à Claude Julien ce qu’il avait pensé des résultats offerts par son nouveau premier trio, l’entraîneur-chef du Canadien a pris quelques secondes de pause avant de répondre : « Je devrai regarder le match pour mieux l’analyser, mais quand tu ne marques pas, il n’y a pas grand-chose d’encourageant… »

 

Il est là le problème du Canadien : un manque de résultats. Un manque criant de résultats que ce soit en matière de buts marqués, en matière de créativité, de finesse, de couverture défensive, de batailles gagnées le long des bandes et surtout devant le filet, autant devant son propre filet que devant le filet de ses adversaires.

 

Le Canadien manque de talent.

 

C’était criant de vérité samedi alors que tes trois meilleurs attaquants sont non seulement incapables de marquer un but, mais incapables de forcer le gardien adverse à multiplier les miracles pour les priver d’un but.

 

Pis encore, ce premier trio composé des trois meilleurs attaquants s’est fait prendre sur deux des six buts des Leafs.

 

Je vais m’attarder au premier. Celui qui a fait mal, car il a tellement scié les jambes des joueurs du Canadien qu’ils n’ont pas levé le petit doigt pour empêcher les Leafs d’en marquer un deuxième 37 secondes plus tard. Eh oui! Encore deux buts rapides, genre en moins d’une minute. Ça fait combien de fois déjà cette année? Je n’ai pas le chiffre précis, mais la vraie réponse est : trop!

 

Jusqu’à ce premier but, le Canadien jouait bien. Vraiment. De fait, à bien des égards il jouait mieux que les Leafs.

 

Mais Pacioretty qui s’est bien replié pour venir aider ses défenseurs s’est fait prendre par un freinage brusque de Tyler Bozak. Le capitaine n’a pas déployé l’énergie nécessaire pour freiner tout aussi brusquement que son adversaire des Leafs et il est passé devant sans arriver à lui nuire. Pis encore, il n’a pas redoublé d’efforts pour revenir par-derrière et tenter de le contrer. Parce que Drouin et Galchenyuk revenaient peinards derrière le jeu, Bozak a eu tout le temps au monde de rejoindre Ron Hainsey qui a décoché un tir facilement parable de la ligne bleue, mais comme James Van Riemsdyk était joyeusement campé devant Charlie Lindgren, le gardien du Canadien n’a jamais vu la rondelle arriver.

 

C’était 1-0, puis 2-0 et le match était déjà fini. Il ne restait qu’à déterminer par combien les Leafs allaient gagner. Car non seulement les fans du CH ont aussitôt cessé d’y croire, mais les joueurs du CH ont eux aussi baissé la tête et baissé les épaules pour se laisser battre au lieu de se bomber le torse et de tenter de revenir dans la partie.

 

Quand on y regarde de près, le Canadien a récolté dans cette 13e défaite – 11e en temps réglementaire et 4e par jeu blanc – ce qu’il sème depuis le début de la saison.

 

Il se contente de trop peu à l’attaque et bien trop mollasson en défensive. Des défauts criants qui sautaient aux yeux dans les matchs préparatoires qui ne voulaient rien dire en fait de statistiques, mais qui étaient criants de vérité quant à la véritable identité de cette équipe. Une petite équipe qui donne parfois des signes encourageants, mais qui a d’abord et avant tout besoin d’un gardien – peu importe son nom – qui multiplie les miracles pour lui donner une chance de gagner.

 

Ce n’est pas avec une recette aussi perdante, qu’un club peut vraiment croire – ou faire croire – en ses chances d’accéder aux séries…

 

Mes observations :

  1. Un congé non mérité
  2. Lindgren n’est pas à blâmer
  3. Petry de mal en pis
  4. Statistiques mensongères
  5. Les séries ne sont plus qu’une utopie

Chiffre du match : 5 – La Canadien complète son séjour de six matchs consécutifs au Centre Bell avec une bien timide récolte de cinq points sur les 12 qu’il pouvait mettre en banque. Cette récolte est nettement insuffisante quand on considère qu’il a perdu contre le Wild qui avait joué la veille, qu’il a concédé un point aux Sabres qui eux aussi avaient joué la veille et qu’il a perdu contre le pire club de la LNH, les Coyotes de l’Arizona. Le fait que le Canadien se soit contenté de marquer 10 buts en six rencontres explique en grande partie ce séjour ô combien infructueux.

 

Un congé non mérité

 

Il y a 10, 15, 20 ou 30 ans, le Claude Julien qui dirigeait le Canadien à l’époque aurait cessé de s’occuper du match lamentable que disputait son équipe en troisième période, par un beau samedi soir à Montréal, pour orchestrer dans sa tête l’entraînement punitif qu’il allait servir à ses joueurs le lendemain matin.

 

Car oui, à l’époque, les joueurs du Canadien et des autres formations de la LNH s’entraînaient le dimanche. Au lendemain d’un mauvais match, au lendemain de deux mauvaises parties de suite – le Canadien se devait de venger sa défaite humiliante de jeudi contre Arizona – ou au terme d’une séquence de quatre matchs de suite bien ordinaires devant ses partisans – le Canadien n’a pas été fort contre Buffalo et Columbus il ne faudrait pas l’oublier – le Claude Julien de l’époque aurait fait patiner ses joueurs; il aurait fait passer son message en les faisant suer sang et eau.

 

Aujourd’hui – si vous lisez ce texte dimanche – Claude Julien sera au bureau afin de revoir le match, de prendre des notes, de relever les erreurs pour apporter des correctifs et de jongler avec ses trios pour tenter de trouver les combinaisons miracles.

 

Mais ses joueurs eux seront en congé.

 

Un congé non mérité on en conviendra tous. Les joueurs les premiers.

 

Mais ce congé est obligatoire en raison des quatre congés statutaires mensuels que les équipes doivent insérer dans le calendrier. Ces congés ne peuvent pas coïncider à une journée de déplacement non plus qu’à une journée de match… même s’il est vrai que parfois des joueurs s’offrent des congés les soirs de match aussi. Mais bon!

 

Ce qui fait que dimanche, aujourd’hui, malgré deux autres jours de répit avant les matchs de mercredi et jeudi à Dallas et Nashville, Claude Julien ne peut secouer son équipe sur la patinoire, ou dans le gym, ou dans la salle vidéo.

 

C’est bête de même.

 

Comme plusieurs, je reconnais les vertus d’un entraînement punitif. Ça frappe les joueurs dans les jambes, mais ça les regroupe aussi, car ils s’en souviennent longtemps et trouvent un moyen d’en rire une fois les crampes passées.

 

Mais disons qu’après une nuit pour se calmer, Claude Julien avait simplement voulu diriger un vrai bon entraînement, une bonne pratique comme on dit, il ne pourrait pas le faire en raison de la convention collective.

 

Le Canadien est mauvais cette année. Ça saute aux yeux.

 

Au-delà du fait que ses meilleurs joueurs ne marquent pas assez et que son gardien numéro un n’effectuait pas assez de gros arrêts avant d’être blessé, le Canadien ne joue pas du bon hockey.

 

Ses couvertures fondamentales font défaut. On l’a vu sur le troisième but des Leafs marqué tôt en troisième période – encore un but encaissé dans la première minute d’une période – alors que le Canadien a mal surveillé ses adversaires sur un jeu de base comme une mise en jeu et cela a coûté un but.

 

Ses couvertures devant le filet font défaut : comment diable les adversaires du Canadien peuvent obtenir autant d’espace et de temps dans une zone où ils devraient être interdits de séjour?

 

L’attaque à cinq fait défaut.

 

Il y a tellement de choses qui font défaut chez le Canadien que Claude Julien devrait avoir des entraînements quotidiens de 90 minutes pour inculquer les jeux fondamentaux que ses joueurs n’arrivent pas à exécuter.

 

Mais non. Les joueurs seront en congé. Remarquez que j’aimerais voir le Canadien s’entraîner plus que 30 à 35 minutes comme il le fait les jours où il est permis de diriger des entraînements.

 

Car ce n’est pas vrai qu’en 35 minutes, on arrive à faire le tour des ennuis qui minent le Canadien, à comprendre ce qui ne va pas, à apporter les correctifs et à la répéter pour éviter de retomber dès le match suivant dans les mauvaises habitudes qui mènent plus souvent à la défaite qu’à la victoire.

 

Mais bon, la loi c’est la loi. La convention c’est la convention. On devrait pratiquer, mais on ne pratique pas ou pas assez. Là encore, le Canadien récolte ce qu’il sème…

 

Lindgren n’est pas à blâmer

 

Charlie Lindgren vient donc d’accorder dix buts en deux matchs. Sa moyenne de buts alloués et son taux d’efficacité en prendront un coup.

 

Mais ce n’est pas grave. Tant que son moral et sa confiance ne seront pas touchés, le gardien pourra continuer son adaptation dans la LNH. Car il est important de la rappeler aux plus enthousiastes des partisans du Canadien qui voyaient déjà en Lindgren un Roy, un Brodeur, même un Price, Charlie Lindgren est encore en adaptation dans la LNH.

 

J’ai trouvé que Lindgren s’est vite jeté sur les genoux sur le deuxième but des Leafs samedi. Oui le tir de Nazem Kadri était fumant. Mais en se jetant vite comme il le fait, Lindgren ouvre les lucarnes qui sont difficilement atteignables dans la Ligue américaine, mais beaucoup plus dans la grande ligue.

 

Je trouve aussi que Lindgren accorde bien trop de rebonds et qu’il peine trop souvent à la contrôler, ce qui lui causera d’énormes ennuis parce que les défenseurs devant lui peinent à contenir les adversaires qui foncent sur ces rebonds comme des mouettes sur des frites froides jonchant l’asphalte dans un stationnement…

 

Mais il est hors de question ici de blâmer Lindgren pour le revers de samedi. Comme pour celui de jeudi contre Arizona.

 

Peut-être aurait-il pu effectuer un arrêt de plus face aux Leafs. Mais cet arrêt de plus n’aurait rien changé à l’issue du match de samedi.

 

Et vous savez quoi? Lorsque les Leafs ont pris les devants 2-0, le seul qui se soit vraiment tenu debout devant Toronto, c’est Lindgren. Pendant que ses coéquipiers abandonnaient et l’abandonnaient, Lindgren a réalisé quelques arrêts solides qui ont empêché les Leafs de tourner le Canadien au ridicule. Ou de le faire trop vite.

 

Ce que les deux derniers matchs ont prouvé, c’est que Lindgren, au-delà un talent indéniable, a ses limites lui aussi. Comme tous les autres adjoints qui l’ont précédé, Lindgren peut venir en relève pendant un certain temps, mais il serait non seulement injuste, mais ridicule de lui demander de réaliser ce que Carey Price peut difficilement réaliser lui-même malgré le fait qu’il soit – jusqu’à preuve du contraire – un des meilleurs gardiens de la LNH : rendre le Canadien meilleur qu’il ne l’est sur une longue ou une très longue période.

 

Comme le dit le proverbe : à l’impossible, nul n’est tenu.

 

Petry de mal en pis

 

De tous les défenseurs qui en arrachent cette saison chez le Canadien, et ils sont nombreux, Jeff Petry est celui qui en arrache le plus.

 

En plus de perdre, le CH joue très mal

Ses mauvaises passes, pertes de rondelles en zone défensive, mauvaises couvertures quand ce ne sont pas simplement des couvertures ratées sont devenues habituelles tant il les multiplie.

 

Petry s’est même permis de mettre Lindgren en échec dans un autre épisode de la série : «Quel manque de communication» mettant en vedette un gardien du Canadien et ses défenseurs.

 

Petry joue mal. Surtout en défensive. Il se sauve de temps en temps avec de bons jeux offensifs et il a servi quelques bons coups de hanche au cours des derniers matchs.

 

Mais on va s’entendre sur le fait qu’il soit inacceptable de voir qu’un défenseur qui devrait être aussi important que lui joue aussi mal que Petry le fait en ce moment.

 

Et comme personne ne peut vraiment faire mieux, Petry a passé plus de 24 minutes sur la patinoire samedi. Ça s’appelle courir – ou patiner – après sa perte…

 

Jordie Benn est lui aussi limité. C’est connu. Mais que Karl Alzner soit aussi dangereux autour du filet du Canadien me déçoit énormément. Je savais que le Canadien ne mettait pas la main sur un défenseur offensif capable de faire oublier Andrei Markov quand il a mis Alzner sous contrat l’été dernier par le biais du marché des joueurs autonomes. Mais quand même…

 

Source de satisfaction, Victor Mete a effectué quelques bonnes présences samedi. Il a coupé deux jeux des Leafs à la ligne bleue du Canadien. L’ennui, c’est qu’il s’est aussi rendu coupable de trois revirements. Mais dans son cas, c’est l’expérience qui rentre.

 

Mais pour Petry, Benn et Alzner, on est vraiment en droit de s’attendre à beaucoup plus.

 

Statistiques mensongères

 

Vous savez pourquoi je refuse d’accorder une importance démesurée aux statistiques avancées. Parce qu’elles sont trop souvent mensongères.

 

Si l’on se fie à ces statistiques avancées, le Canadien est une des forces de la LNH parce qu’il contrôle la rondelle et multiplie les tirs au but. Ce que ces chiffres ne disent pas, c’est que la majorité des tirs du Canadien sont anodins. Sans conséquences positives… pour le Tricolore.

 

Samedi, le Canadien doublait les Leafs 22-11 à un moment donné au cours du match. Le score était malgré tout 0-0. À la fin de la partie gagnée 6-0 par Toronto, le Canadien dominait toujours la colonne des tirs au but : 33-31.

 

C’est bien beau tirer au but, mais encore faut-il le faire avec des tirs susceptibles de donner des buts de temps en temps.

 

Tenez : le Canadien domine la LNH avec une moyenne de 36,6 tirs par match. Mais il est 30e et avant dernier de la LNH avec une moyenne de 2,38 buts marqués par match. Seuls les Sabres de Buffalo (2,3) sont plus «poches» que le Canadien pour marquer des buts. Même les moribonds Coyotes de l’Arizona sont meilleurs que le Canadien avec une moyenne de 2,41 buts par parties.

 

Les statistiques avancées dénaturent tellement certaines analyses que plusieurs joueurs se contentent maintenant de décocher des tirs au filet, de donner un timide coup d’épaule ou de bloquer un tir simplement pour faire monter le compteur sans tenir compte de la valeur réelle du tir, de la mise en échec ou du tir bloqué.

 

Avec les résultats qu’on peut avoir une équipe comme le Canadien – et des joueurs bien sûr – qui présente des statistiques avancées intéressantes, voire impressionnantes, alors que les résultats bien réels ceux-là sont démoralisants…

 

Les séries ne sont plus qu’une utopie
 

Loin d’avoir su profiter de son séjour à domicile pour faire le plein de points précieux au classement, le Canadien se réveille en ce dimanche de congé – non mérité – avec une récolte de 18 points.

 

Si on considère qu’il faudra 95 points – moyenne des cinq dernières années – pour être invité en séries à titre de deuxième club repêché, le Canadien devra donc récolter 77 points en 61 moins – 122 points disponibles – pour atteindre le plateau des 95 points.

 

Pour y arriver, il devra jouer pour une moyenne de ,631. Qu’est-ce que ça représente une moyenne de ,631? Et bien c’est la moyenne qu’affichaient les Kings de Los Angeles avec leur dossier de 11 victoires, 6 revers et 2 défaites en prolongation ou tirs de barrage avant leur victoire de 4-0 contre la Floride samedi.

 

Pour maintenir une moyenne de ,631 d’ici la fin de la saison, le Canadien devrait afficher un rendement de 35-19-7 à ses 61 prochains matchs.

 

Est-ce possible?

 

Je vous laisse répondre.