Dans la LNH, presque 50% de tous les buts marqués le sont depuis ce que Sportlogiq qualifie de bas de l’enclave, ou dans un langage plus familier, la zone où les chances de marquer présentent un fort taux de conversion. Les tirs cadrés depuis cet emplacement sont convertis en buts 22,8% du temps, alors que les tirs provenant du haut de l’enclave affichent un taux de conversion de 12%. Les tirs du périmètre et de la périphérie se convertissent en buts respectivement 4,5% et 3,5% du temps.

Pendant longtemps, ce qui a fait de Max Pacioretty un joueur si spécial n’était pas qu’il tirait à profusion à proximité du filet. C’était plutôt qu’il pouvait marquer plus de buts du haut de l’enclave que les autres joueurs.

Le haut de l’enclave est son pain et son beurre. Il y bénéficie d’un bon angle de tir et il plus d’espace pour viser un endroit que depuis le bas de l’enclave, alors que la couverture défensive est beaucoup plus agressive à mesure qu’on se rapproche du filet.

La plupart des francs-tireurs dans la LNH marquent depuis le haut de l’enclave. Il suffit de penser à Nikita Kucherov, Steven Stamkos et Alex Ovechkin. C’est l’emplacement qui est le plus facilement exploitable pour les joueurs ayant un lancer élite.

En 2015-16 et 2016-17, Pacioretty a inscrit 29 de ses 65 buts en saison régulière depuis le haut de l’enclave, soit un taux de 45%. Seulement 22 de ses buts avaient pour origine le bas de l’enclave. C’est typique de la provenance des tirs de Pacioretty. Cependant, cette saison, il a inscrit son premier but du haut de l’enclave à sa 41e partie de l’année.

Les ennuis de Pacioretty sont bien documentés cette année. Il ne marque que sur 5,7% de ses tirs cadrés, ce qui est environ la moitié de sa moyenne en carrière. Une grande part de ses déboires est attribuable à ses insuccès étonnants depuis l’emplacement d’où il est normalement à son meilleur.

Au moment de s’attarder à la baisse de buts de Pacioretty, la première question est à savoir si oui ou non il obtient des tirs depuis son endroit de prédilection. Ainsi, décortiquons d’où proviennent ses lancers depuis trois saisons.

Pacioretty conversion rare

Étonnamment, en s’attardant au pourcentage de son nombre total de tirs, Pacioretty lance plus souvent du haut de l’enclave cette année que les deux années précédentes. Essentiellement, il lance moins fréquemment du bas de l’enclave afin de décocher d’un peu plus loin. De la même façon, Pacioretty a graduellement diminué son taux de tirs provenant de la pointe à la faveur des tirs provenant du périmètre. Cela signifie un léger changement quant au taux de conversion attendu, mais c’est probablement un changement judicieux.

Malgré ces décisions avisées, Pacioretty n’en récolte pas le fruit. Il lance de plus loin qu’à l’habitude, mais étrangement, ce n’est pas ce qui explique son faible taux de conversion. Observons simplement ses différents taux de conversion.

Cette saison, Pacioretty ne marque qu’une seule fois pour 40 tirs cadrés du haut de l’enclave. C’est un taux de conversion de 2,5%, ce qui correspond à un dixième de sa moyenne en carrière. Il marque présentement à un rythme plus important que sa normale quant à ses chances de marquer à haut risque, mais tout le reste lui est défavorable.

Passer de 10 points de pourcentage supérieur à la moyenne de la ligue pour les tirs convertis en buts du haut de l’enclave (soit presque deux fois plus performant) à complètement inefficace est essentiellement sans précédent. Est-ce que Pacioretty est soudainement devenu extrêmement mauvais dans ce qui a toujours fait de lui un joueur élite? Probablement pas, n’est-ce pas?Tableau Max Pacioretty

Clairement, ses compagnons de trio ont eu un impact. Les pertes d’Alex Radulov et d’Andrei Markov cet été ont enlevé au Canadien ses deux meilleurs fabricants de jeux. En faisant l’acquisition de Jonathan Drouin, cet effet aurait normalement dû être atténué, mais Drouin n’a pas développé la moindre chimie avec Pacioretty.

Pacioretty et Phillip Danault cliquent ensemble, mais bien que Danault soit l’un des meilleurs joueurs de la ligue en échec-avant et au moment d’attaquer le centre avec rapidité, il n’est pas exactement un fabricant de jeux élite. Vous direz ce que vous voudrez sur David Desharnais, comme quoi il est tout sauf un joueur complet, mais il pouvait distribuer la rondelle et il adorait alimenter Pacioretty.

Alors, quelle est la solution? Est-ce que Pacioretty connaîtra finalement une séquence du tonnerre après avoir marqué face au Lightning? C’est possible, mais une chose que le Canadien pourrait tenter afin de maximiser les chances que son capitaine retrouve sa touche de marqueur élite est de faire évoluer Drouin dans la chaise qu’occupait Radulov, sur l’aile droite.

Drouin connait sa part d’ennuis depuis un bon moment alors qu’il évolue au centre. Bien qu’il n’ait pas développé de chimie au centre de Pacioretty, cela pourrait changer une fois à sa position naturelle et avec Danault qui assumerait les responsabilités défensives. Le Canadien est évidemment réticent face à cette idée, car cela serait un retour en arrière quant à deux éléments dont il était certain avant la saison : Drouin peut jouer de centre contrairement à Galchenyuk. Toutefois, il ne vaut pas la peine de perdre une saison en raison de ses convictions, surtout que les chances que la présente saison du Canadien ne soit pas perdue sont extrêmement minces.