MONTRÉAL - Jacob Markstrom mérite pleinement la première étoile qu’on lui a offerte pour récompenser les 37 arrêts qu’il a effectués devant la cage des Flames

 

Trente-sept arrêts qui lui ont permis de réaliser son deuxième jeu blanc déjà cette saison – son septième en carrière – et surtout de mener sa nouvelle équipe vers une victoire de 2-0 aux dépens du Canadien.

 

Après trois revers consécutifs, après sept défaites consécutives aux mains du Canadien, les Flames avaient besoin de gagner. Markstrom a aidé ses coéquipiers, c’est clair. C’est pour cette raison que Brad Treliving lui a offert un contrat de 36 millions $ pour six ans.

 

Mais après s’être parlé dans le blanc des yeux après la défaite de jeudi, ses coéquipiers sont aussi passés aux actes. Beaucoup plus incisifs en attaque, beaucoup plus impliqués en défensive, les Flames ont globalement disputé un bien meilleur match que le Canadien.

 

Je sais : les 37 tirs obtenus par le Canadien et surtout les 75 qu’il a décochés au cours de la partie laissent croire que Markstrom a volé le match pour son club.

 

Il n’en est rien.

 

Je le répète : Jacob Markstrom a été très bon. Il a démontré que les Flames sont bien meilleurs avec lui devant le filet qu’avec son adjoint David Rittich qui est beaucoup plus généreux.

 

Mais à l’autre bout de la patinoire, Jake Allen a été tout aussi bon malgré le but qu’il a accordé – le deuxième a été enfilé dans un filet désert – et le fait que les Flames ont obtenu quatre tirs de moins que le Canadien (33) et surtout qu’ils se sont contentés d’en décocher 47 seulement. C’est 28 de moins que le Canadien.

 

Oui c’est une grosse différence.

 

Mais c’est là où l’on doit imputer au Canadien une part aussi importante dans cette première défaite en temps réglementaire qu’il encaisse cette saison que la part qui revient aux arrêts du gardien des Flames et à la qualité du travail de ses coéquipiers devant lui.

 

Samedi soir, au Centre Bell, ce n’est pas le Canadien version 2021 qui s’est présenté devant les Flames, c’est le Canadien version 2019-2020. C’est le Canadien de l’an dernier, le Canadien d’il y a deux, trois, quatre ans.

 

Le Canadien qui tire souvent, mais qui n’arrive pas à marquer. Ou qui ne prend pas les bons moyens pour y arriver. Le Canadien qui se contente de tirer au lieu de trouver une façon de gagner.

 

Pas question de partir en peur avec cette première défaite. Et d’autres suivront. Mais c’est la façon dont le Canadien a perdu qui est décevante et qui rappelle que malgré toutes les améliorations apportées, il est encore possible de retomber dans les mauvaises habitudes du passé.

 

Attaques massives

 

Le travail des deux équipes en supériorité numérique illustre mes prétentions. Les Flames ont obtenu six attaques massives samedi. Le Canadien : une de moins.

 

Les Flames ont marqué un but sur les sept tirs qu’ils ont obtenus lors des pénalités écopées par les joueurs du Canadien. Un très beau but marqué par Johnny Gaudreau qui a eu tout le temps au monde pour décocher un tir aussi puissant que précis qui a déjoué Jake Allen dans la lucarne. Un tir que Allen pouvait difficilement stopper. Un tir offert par les quatre joueurs du Canadien qui ont eu la bien vilaine idée de se laisser attirer sur le flanc droit de la zone défensive laissant Gaudreau tout seul du côté droit.

 

Inversement, le Tricolore a non seulement été blanchi, mais il s’est contenté de trois petits tirs. 

 

Le Canadien version 2021 qui avait marqué huit buts en 26 attaques massives jusqu’ici cette année, cette équipe qui n’avait été blanchie qu’une fois en avantage numérique en sept matchs – défaite en tirs de barrage à Vancouver le 20 janvier – cette équipe qui arrivait à déstabiliser ses adversaires même lorsqu’elle ne trouvait pas le fond du filet parce que ses deux unités profitaient des attaques massives pour dominer le jeu, pour prendre de l’élan ou l’accélérer, eh bien cette équipe est retombée dans ses mauvaises habitudes d’antan.

 

Le Canadien a fait bouger la rondelle. Ça oui. La rondelle a fait le tour de la zone des Flames souvent. Très souvent. Mais elle ne s’est pas rendue au filet des Flames assez souvent.

 

Shea Weber a frappé le poteau. Je veux bien. Mais une autre de ses frappes puissantes a été bloquée par le défenseur Juuso Valimaki qui a payé le prix. Jonathan Drouin a tiré une, deux, trois peut-être même quatre fois sur un adversaire qui n’a même pas eu à se déplacer pour compliquer le travail de Drouin qui se l’est lui-même compliqué. Le Canadien s’est même rendu coupable d’un péché mortel en attaque massive : un hors-jeu!

 

Batailles perdues

 

En plus de perdre la bataille des unités spéciales, le Canadien a perdu les autres petites batailles qui permettent de gagner les guerres. Ou les matchs si vous préférez.

 

Bien qu’il ait décoché 75 tirs au cours du match, le Canadien a bien trop souvent été deuxième sur les rondelles. Deuxième quand ça comptait vraiment est-il ici nécessaire d’ajouter.

 

Car non seulement les joueurs des Flames ont bloqué 22 tirs du Canadien, mais 16 tirs du Tricolore ont raté la cible. C’est comme si le Canadien avait tiré 38 fois à blanc.

 

Avec les résultats qu’on connaît.

 

Phillip Danault a bousillé une descente à trois contre un alors que le tir qu’il a décoché du milieu de l’enclave a frappé la baie vitrée et non la cible. Tirer à trois contre un passe toujours. Mais quand tu as Gallagher et Tatar comme complices, tu n’as pas le droit de rater la cible si tu tires.

 

Je ne jette pas le blâme de la défaite sur le dos de Danault. Pas plus que sur celui de Drouin qui a connu, à mes yeux, un premier mauvais match cette saison.

 

Je blâme l’ensemble des joueurs du Canadien qui, comme par les années passées, se sont contentés de décocher des tirs en direction du filet adverse au lieu de vraiment tenter de marquer des buts.

 

La différence est importante.

 

En point de presse après sa victoire par jeu blanc, Jacob Markstrom acceptait les éloges des journalistes de Calgary qui mettaient en évidence quelques bons arrêts qu’il a effectués. Car oui il a effectué quelques bons arrêts. Tout comme Jake Allen qui en a réalisé autant selon mes notes.

 

Mais Markstrom s’est ensuite empressé d’ajouter : « Une fois les arrêts effectués, je n’ai jamais eu à vraiment m’occuper de deuxièmes ou troisièmes tirs consécutifs, car mes coéquipiers avaient le plein contrôle autour de mon filet et ils ont toujours su reprendre le contrôle de la rondelle lorsque j’accordais des retours. Ça aide la cause d’un gardien », que le Suédois qui célèbre son 31e anniversaire de naissance dimanche a insisté.

 

Quel virus a piqué Anderson?

 

En plus de perdre le match, le Canadien a perdu les services de Josh Anderson qui a retraité au vestiaire tôt en première période. Anderson n’est pas blessé... mais grippé. Et c’est pour éviter qu’il propage sa grippe qu’il a été renvoyé à la maison avant même que le match soit terminé.

 

Le Canadien a insisté sur le fait qu’il n’a pas été atteint par la COVID-19. C’est à souhaiter. Car on voit déjà autour de la Ligue l’efficacité de l’échec avant de la COVID quand il décide de prendre un vestiaire d’assaut.

 

Les prochaines heures permettront d’y voir plus clair quant à la nature du virus qui a frappé Anderson. Mais il ne faudrait pas que la bactérie soit trop vorace. Car sans Anderson sur le flanc droit, Nick Suzuki a vu sa série de matchs consécutifs avec au moins un point s’arrêter à sept et Jonathan Drouin qui revendiquait un but et cinq points à ses trois derniers matchs a lui aussi été blanchi. Mais au-delà les statistiques, Suzuki et Drouin semblaient vraiment désemparés sur la patinoire sans leur partenaire de travail.

 

KK évite le pire, Dube suspendu?

 

Victime d’une mise en échec assénée directement à la tête – c’est du moins l’impression que toutes les reprises visionnées m’ont laissée – Jesperi Kotkaniemi a évité le pire samedi.

 

KK a été frappé par Dillon Dube alors que le centre du Canadien venait tout juste d’effectuer un demi-tour derrière le filet. Le jeune centre du Canadien n’a jamais eu le temps d’éviter l’impact. Il s’est écroulé sur la patinoire, mais s’est aussitôt relevé pour retraiter au vestiaire.

 

Dube a dû essuyer quelques baffes du capitaine Shea Weber venu à la rescousse de son coéquipier. Mais il n’a pas été puni par les officiels. Ce qui m’a beaucoup surpris.

 

Les responsables du département de la sécurité des joueurs vont bien sûr analyser la mise en échec. Mais ce n’est pas parce que les arbitres n’ont pas sévi qu’elle était légale pour autant. Et j’ai accepté les explications de la LNH dans sa décision de ne pas sévir à l’endroit de Taylor Myers pour son geste à l’endroit de Joel Armia, la semaine dernière à Vancouver, je vois difficilement comment Dube pourrait s’en sortir sans au moins un match de suspension pour son geste à l’endroit de Kotkaniemi.

 

Entre les lignes

 

Le défenseur Mark Giordano a atteint, samedi, le plateau des 900 matchs disputés dans l’uniforme des Flames. Jarome Iginla (1219) est le seul joueur à avoir disputé plus de matchs dans l’uniforme des Flames que l’actuel capitaine. En 900 matchs, Giordano a marqué 135 buts, récolté 486 points et maintenu un différentiel de plus-95...

 

Après sept matchs disputés cette saison, le duo formé de Noah Hanifin et de Christopher Tanev n’a pas encore été victime d’un but marqué à forces égales...

 

Bien qu’ils se soient contentés d’un but en six attaques massives samedi, les Flames en revendiquent maintenant neuf en 34 occasions (26,5 %) jusqu’ici cette saison. Ils ont surtout fait mouche à au moins une reprise dans chacune des sept parties qu’ils ont disputées...

 

Johnny Gaudreau a marqué son cinquième but de la saison samedi. Il s’agissait d’un neuvième point pour le petit attaquant qui est le seul joueur des Flames à s’être inscrit à la feuille de pointage à tous les matchs depuis le début de la saison...

 

La victoire de samedi a permis aux Flames de freiner à six leur série de revers consécutifs aux mains du Canadien...

 

Le Canadien poursuivra son premier séjour à domicile de la saison avec deux matchs en deux jours – lundi et mardi – face aux Canucks de Vancouver avant de le conclure jeudi contre les Sénateurs d’Ottawa à qui il rendra visite samedi prochain...

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