MONTRÉAL - Carey Price est devenu lundi le premier joueur de 10 millions $ – moyenne salariale sous le plafond – à gagner une ronde de série éliminatoire.

 

Fort d’une autre grande soirée de travail au cours de laquelle il a repoussé 31 des 32 tirs des Maple Leafs, Price, comme le reste de ses coéquipiers, a remis plusieurs pendules à l’heure en battant les Leafs 3-1 pour signer une troisième victoire de suite, compléter la remontée qui permet au Canadien de passer en deuxième ronde et de prolonger le calvaire de Toronto en séries.

 

On pourra toujours débattre du bien-fondé d’investir autant d’argent sur un gardien dans la LNH d’aujourd’hui. Avec les performances qu’il a multipliées en première ronde Price – salaire de 9,75 millions $, moyenne sous le plafond de 10,5 millions $ – a toutefois non seulement prouvé qu’il était en mesure d’offrir un bon retour sur l’investissement, mais qu’il avait toujours sa place au sein du groupe sélect des meilleurs gardiens de la planète hockey.

 

Price n’a pas battu les Leafs à lui seul. C’est vrai. Mais sans les 218 arrêts qu’il a effectués devant son filet, jamais ses coéquipiers n’auraient pu imaginer la possibilité de pouvoir combler le recul de 1-3 qu’ils avaient sur les bas après les quatre premières rencontres de la série face aux Leafs. Encore moins y croire.

 

Plusieurs arrêts effectués par Carey Price ont marqué chacun des sept matchs de la série. Lundi, après que Jack Campbell eut offert le premier but du match en cadeau à Brendan Gallagher, Carey Price s’est aussitôt dressé devant Zach Hyman à qui il a volé un but qui aurait rapidement ramené les Leafs dans le match.

 

Ce sapin accordé par Campbell qui a convenu, en pleurs après le match, avoir accordé le pire but de sa carrière dans le cadre d’un septième match de série éliminatoire, et cet autre arrêt-clef du gardien du Canadien a changé le cours de la partie.

 

Cet arrêt, comme plusieurs autres, a permis à Price d’améliorer à trois victoires et un revers sa fiche dans le cadre de match numéro sept en séries dans la LNH. Cet arrêt, comme plusieurs autres, a permis à Price de porter sa fiche en carrière dans le cadre de matchs sans lendemain – autant dans la LNH, que sur la scène internationale – à sept victoires, dont deux par jeu blanc, et deux revers avec une moyenne de 1,6 but alloué par partie et une efficacité légèrement supérieure à 94 %.

 

Le plus rentable des hommes de 10 millions $

 

Il était acquis depuis le début des séries qu’au moins un joueur touchant une moyenne salariale de plus de 10 millions $ sous le plafond allait passer en première ronde.

 

Il était moins évident que ce joueur serait Carey Price.

 

Aux yeux de plusieurs, cet honneur allait revenir à Connor McDavid qui touchait cette année un salaire de 14 millions $ et occupait 12,5 millions $ – toutes les données salariales utilisées dans ce texte viennent de nos amis de CapFriendly.com – sur la masse salariale des Oilers.

 

McDavid et son équipe ont été éliminés en quatre parties par les Jets qui seront bien reposés, mercredi soir, lors du premier match qui les opposera à Carey Price et au Canadien.

 

Les probabilités favorisant les Leafs dans le duel de première ronde contre le Canadien moussaient aussi les chances qu’Auston Matthews – salaire de 15,9 millions $, moyenne sous le plafond de 11,6 millions –  Mitchell Marner – salaire de 15 millions $, moyenne sous le plafond de 10,9 millions $ – et John Tavares – salaire de 12 millions $, moyenne sous le plafond de 11 millions $ –permettent aux Leafs de passer en deuxième ronde des séries pour la première fois depuis 2004.

 

Eh bien non!

 

Matthews n’a marqué qu’un but en sept matchs. Mitchell Marner a été limité à quatre passes. Ce duo de choc en saison régulière n’a encore jamais conduit les Leafs à la victoire en séries. Ce duo vient d’être éliminé dès la première ronde pour la quatrième fois en cinq ans. L’an dernier, il n’a pas même été fichu de franchir la ronde de qualification organisée dans le cadre de la relance de la saison perturbée par la COVID-19.

 

Quant à Tavares, il n’a pu aider la cause de son équipe en raison de la terrible blessure qu’il a subie lors du premier match après qu’il eût été atteint à la tête par le genou de Corey Perry.

 

Des 13 joueurs dont les moyennes annuelles sous le plafond sont d’au moins 10 millions $, Carey Price est le seul toujours actif.

 

En plus des McDavid, Matthews, Marner et Tavares, Sergei Bobrovsky – salaire de 12 millions $ et moyenne sous le plafond de 10 millions $ – a lui aussi été évincé dès la première ronde. Dans le cas de Bobrovsky et des Panthers, c’est pire encore puisque le gardien russe qui touchera 46 millions $ en salaire jusqu’à la fin de la saison 2025-2026, à moins que son contrat soit racheté d’ici là, était confiné à un rôle d’auxiliaire à la fin de la série que la Floride a perdu aux mains du Lightning de Tampa Bay.

 

Mais bon! Les sept autres « hommes de 10 millions $ » et les clubs dont ils défendent les couleurs n’ont pas même atteint les séries : Artemi Panarin (13 millions $ en salaire, 11,6 millions $ sous le plafond), Erik Karlsson (12 millions $, 11,5 millions $), Drew Doughty (10 millions $, 11 millions $), Jonathan Toews et Patrick Kane (7 millions $, 10,5 millions $), Anze Kopitar (8 millions $, 10 millions $) et Jack Eichel (10 millions $, 10 millions $). Toews, Kane, Doughty et Kopitar ont toutefois déjà offert de grands rendements aux Blackhawks et aux Kings ayant soulevé la coupe Stanley à trois et deux reprises avec leurs coéquipiers au fil des dernières années.

 

Bien que leurs moyennes salariales sous le plafond soient inférieures à 10 millions $, Andrei Vasilevskiy (12 millions $ en salaire, 9,5 millions $ sous le plafond) et son coéquipier avec le Lightning de Tampa Bay Nikita Kucherov (9 millions $, 9,5 millions $) offrent aussi de très bons rapports qualité/prix.

 

Courtisé par le Canadien qui était prêt à lui offrir le contrat qui le lie aujourd’hui aux Hurricanes de la Caroline, Sebastian Aho (10,57 millions $, 8,4 millions $) et Mikko Rantanen (12 millions $, 9,25 millions $) sont aussi dans cette catégorie.

 

Des fleurs pour Danault et Ducharme

 

Carey Price mérite d’être porté en triomphe après cette victoire du Canadien aux dépens des Leafs.

 

Mais d’autres joueurs méritent des fleurs.

 

D’autres joueurs, oui, mais aussi l’entraîneur-chef par intérim Dominique Ducharme qui, loin de casser sous la pression lorsque son équipe s’est retrouvée avec un recul de 1-3 dans la série, a su garder le cap avec calme. Une qualité dont il faudra se souvenir lorsqu’il sera question du bien-fondé de lui offrir le poste d’entraîneur-chef pour de bon... ou non!

 

L’accession à la deuxième ronde dans les conditions difficiles qu’elle s’est concrétisée me donne nettement l’impression que le duo Bergevin-Ducharme sera toujours en poste l’automne prochain.

 

Mais bon...

 

Dans le camp des joueurs, mes premières fleurs vont à Phillip Danault qui, avec l’aide de son gardien bien sûr, a gagné le duel inégal qui l’opposait au gros trio des Leafs.

 

Non seulement Matthews avait connu une grosse saison régulière aux dépens du Canadien (7 buts, 14 points), mais il a donné beaucoup d’ennuis à Danault aux cercles des mises en jeu. Avec la complicité de Brendan Gallagher et de Jake Evans qui a avantageusement remplacé Tomas Tatar lors des deux derniers matchs de la série, Danault a mis du sable sous les patins des membres du gros trio des Leafs.

 

L’échange entre Matthews et Danault lors de la traditionnelle poignée de main a démontré le respect affiché par l’étoile des Leafs à l’endroit de l’efficace bien que peu spectaculaire joueur de centre québécois du Canadien.

 

Danault avait pleinement raison d’être fier de lui et de ses coéquipiers après la rencontre. Il a accompli du travail colossal. Il sera intéressant de voir si ses performances l’aideront à s’entendre avec le Canadien sur les paramètres d’un contrat à long terme ou si elles lui ouvriront d’autres portes autour de la LNH avec des clubs qui seront prêts à lui offrir davantage que le Tricolore.

 

Les vieux défenseurs ont tenu le coup

 

La victoire du Canadien aux dépens des Leafs est aussi la victoire des vieux, lents et robustes, défenseurs du Canadien qui ont tenu le coup face aux Leafs.

 

Critiqués de façon soutenue tout au long de la saison, Shea Weber et Ben Chiarot ont été beaucoup plus efficaces dans le cadre des séries. Le fait que moins de pénalités soient décernées les a aidés à pallier leur manque de vitesse par du jeu bien plus physique autour de la cage de Carey Price et le long des bandes.

 

Aux côtés de Jeff Petry qui a disputé un septième match solide après avoir connu toutes sortes d’ennuis en début de série, Joel Edmundson a été le meilleur arrière du Canadien face aux Leafs.

 

Surutilisés en fin de série, Weber, Chiarot, Petry et Edmundson pourront-ils maintenir le rythme en deuxième ronde contre les Jets?

 

Ce sera difficile.

 

Le fait que Brett Kulak, Erik Gustafsson et Jon Merrill aient amélioré leurs performances au fil de la série pourrait aider une fois à Winnipeg. En fait, ça ne nuira certainement pas.

 

Sans oublier, qu’il n’est pas hors de question que le Canadien puisse sortir Alexander Romanov à un moment donné. Rayé de la formation lors des sept matchs de la série face aux Leafs, Romanov pourrait avoir profité de ce retrait préventif au même titre que Jesperi Kotkaniemi l’a fait lorsqu’il a été appelé en renfort en raison des blessures.

 

Perry et Staal donnent raison à Bergevin

 

Critiqué pour avoir investi trop d’argent sur Carey Price et ses gardiens, critiqué pour avoir miné le développement de jeunes joueurs avec les acquisitions de vétérans à la date limite des transactions, Marc Bergevin sort lui aussi grandi de la première ronde.

 

Son gardien a été fumant. Bien sûr. Il ne s’est d’ailleurs pas gêné pour le féliciter à sa sortie de la patinoire après la victoire.

 

Mais les vétérans acquis à la date limite ont finalement contribué à lui donner raison.

 

Jack Campbell a été affreux sur le but de Gallagher. Il a été le premier à l’admettre alors que ce tir ne représentait même pas une bonne occasion de marquer. Mais ce but a changé le cours du match et a propulsé le Canadien vers la victoire.

 

Et ce but, c’est Eric Staal qui l’a orchestré avec un très bon jeu défensif à la ligne bleue du Canadien où il a pris Mitchell Marner par défaut.

 

Staal a connu plus de matchs ordinaires et bien ordinaires en fin de saison. Mais une fois en séries, il a su s’imposer dans le rôle de soutien qui était le sien. Ses deux passes récoltées dans le match décisif sont une récompense méritée pour le travail effacé qu’il a accompli.

 

Corey Perry a encore une fois été Corey Perry. Un gars de séries, c’est un gars de séries. Et Perry en est tout un.

 

Gustafsson? Il a choisi le septième match de la série contre les Leafs pour offrir sa meilleure performance depuis qu’il est à Montréal. Disons que c’était une bonne idée. Saura-t-il récidiver contre Winnipeg? La réponse viendra bien assez vite.

 

Si les partisans du Canadien fêtent depuis des heures la victoire aux dépens des Leafs et l’accession à la deuxième ronde des séries, s’il est nécessaire de louanger le travail de Dominique Ducharme derrière le banc, les décisions de Marc Bergevin, les performances de Phillip Danault, s’il faut souligner la place de plus en plus grande occupée par Nick Suzuki et celles de plus en plus grandes qui attendent KK et Cole Caufield, s’il faut reconnaître que Weber, Chiarot et les autres défenseurs du Canadien sont encore capables de s’imposer en zone défensive et que la décision de garder Alexander Romanov sur la touche n’était pas aussi scandaleuse que plusieurs le soulignaient, c’est d’abord et avant tout parce que Carey Price a joué à la hauteur de son talent, de sa réputation et du salaire qu’il encaisse.

 

Les meilleurs plans de match, les meilleurs joueurs ne peuvent fonctionner sans l’appui d’un gardien au sommet de son art. Parlez-en à McDavid, Matthews, aux Leafs et à leurs partisans.

 

Oui, Jack Campbell présente de très solides statistiques. Mais quand est venu le temps de réaliser les arrêts susceptibles de faire la différence dans un match sans lendemain pour les deux équipes, Campbell a fait cadeau d’un but à Brendan Gallagher alors que Carey Price a continué à s’imposer devant les Leafs.

 

Avec les résultats qu’on connaît.

 

Et dire que plusieurs partisans et quelques observateurs réclamaient que le Canadien donne le but à Jake Allen à l’aube de la série face aux Leafs car il était clair que Price ne pouvait plus assumer un rôle de numéro un!

 

Pas sûr qu’ils seront aussi vindicatifs à l’aube de la série contre les Jets...

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