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MONTRÉAL - Qu’un club soit blanchi un soir donné comme le Canadien l’a été mardi soir passe toujours.

 

Mais qu’un club se contente de quatre petits buts en quatre matchs, qu’il soit incapable de trouver le fond du filet plus de quatre fois sur les 113 tirs obtenus au fil de ces quatre parties, ça ne passe pas.

 

C’est même inacceptable quand on ajoute à ces tristes statistiques le fait que le Canadien a bousillé quatre autres attaques massives mardi. Il a donc été blanchi 13 fois de suite depuis le début de la série.

 

Tout ça est vraiment désolant.

 

Ça le devient davantage quand on réalise que ce ne sont quand même pas Martin Brodeur au sommet de son art et les Devils du New Jersey grands maîtres du jeu éteignoir que le Canadien croise en première ronde des séries. Ce sont Jack Campbell et les Maple Leafs de Toronto que le Canadien affronte. Ce ne sont que Campbell et les Leafs que j’ajouterais sans vouloir leur manquer de respect.

 

Oui, Campbell mérite les accolades qu’il reçoit. Oui, les défenseurs qui jouent très bien devant lui, qui l’épaulent à merveille en s’emparant de tous les retours qu’il accorde et en gardant les joueurs du Tricolore hors d’état de nuire méritent eux aussi des éloges.

 

Mais quand même. Il faudrait que le Canadien leur complique un brin ou deux la vie au lieu de les aider à bien paraître comme ce fut le cas du début à la fin du match de mardi. Un match qui était pourtant crucial considérant qu’il pouvait ramener les deux clubs à la case départ.

 

Mais non! Le Canadien s’est lamentablement écrasé face au défi qui se dressait devant lui. Au lieu de profiter des performances d’un gardien qui lui a encore donné toutes les chances de rester dans le coup, au lieu de le remercier pour ses performances exceptionnelles en lui offrant un coussin susceptible de rendre sa soirée de travail plus « facile », les coéquipiers de Carey Price ont disputé leur pire match de la série… jusqu’ici.

 

Plutôt qu’être nez à nez avec les Leafs, voilà qu’ils feront face à l’élimination jeudi à Toronto. Une élimination qui, si elle survient dès la cinquième partie, entraînera une sérieuse remise en question des effectifs en place. Autant sur la patinoire, que derrière le banc sans oublier dans les bureaux de la haute direction.

 

Ces remises en question semblent inévitables même si le Canadien devait surprendre tout le monde et pousser la série en six parties ou à la limite des sept matchs.

 

Et si le Tricolore élimine les Leafs?

 

Attendons qu’il évite l’élimination une première fois avant de s’avancer plus loin…

 

Jeux de base complètement bousillés

 

Que personne ne sorte la fatigue associée au fait de disputer deux matchs en deux soirs comme explication du manque de combativité criant affiché par le Canadien hier. Et encore moins le travail des arbitres.

 

Car les Leafs aussi disputaient un deuxième match en deux soirs. Et ils ne se sont pas écrasés eux. « Je trouve que la grande majorité de nos gars ont offert de meilleures performances ce soir (mardi) que lors du match de lundi », a d’ailleurs tenu à souligner l’entraîneur-chef des Leafs Sheldon Keefe dont l’équipe a marqué une fois en deux attaques à cinq.

 

Quant au Canadien, il n’a rien fait de bon que ce soit offensivement ou défensivement. Sur les 32 tirs cadrés – 30 ont raté la cible (9) ou été bloqués en défensive (21) – il est difficile de relever plus de cinq ou six bonnes occasions de marquer. Un tir de Brendan Gallagher qui a frappé le poteau à la droite de Jack Campbell représente la meilleure occasion obtenue par le Tricolore au cours des 60 minutes disputées mardi.

 

Du moins, il me semble.

 

Du début à la fin de la rencontre, le Canadien a peiné à compléter deux passes de suite. Les passes étaient majoritairement mal effectuées en sortie de zone et les trop rares qui étaient réussies ont été bousillées avec de mauvaises réceptions.

 

C’est pourtant la base du hockey. Une base qui devrait être pleinement maîtrisée une fois en séries éliminatoires. Une base qui a été complètement bousillée mardi.

 

Comme les entrées de zone en territoire ennemi. Incapable de faire des percées en contrôle – en l’absence de Jonathan Drouin dont le Canadien s’ennuie de plus en plus, Nick Suzuki est le seul à pouvoir orchestrer des entrées de zone dignes de ce nom – le Canadien a largué la rondelle en fond de territoire ennemi tout au long du match.

 

J’ai l’impression que ce sont des grenades dégoupillées et non des rondelles que le Canadien a projetées de l’autre côté de la ligne de front, car on ne l’a jamais vu patiner avec vigueur pour aller les récupérer avant l’adversaire.

 

Défensivement? De mauvais replis et de vilaines couvertures défensives ont ouvert la porte à deux des trois buts marqués aux dépens de Carey Price alors que le quatrième a été inscrit dans une cage déserte.

 

Price s’est d’ailleurs signalé devant Jason Spezza et Zach Hyman qui ont profité de longues échappées à la suite de jeux ratés par le Tricolore.

 

Jeff Petry a encore connu un match difficile. J’irais jusqu’à qualifier sa performance de désolante tant on le sait capable d’être cinq, dix, vingt fois meilleur. Petry n’a rien fait de bon hier soir. Le fait qu’il soit passé dans le vide en tentant d’asséner une solide mise en échec en zone neutre dans les dernières minutes de la partie illustre à merveille le genre de match qu’il a disputé mardi. Le genre de série qu’il dispute.

 

Parlant des mises en échec, c’est peut-être la seule victoire morale que le Tricolore puisse célébrer ce matin. Il a asséné 40 mises en échec aux Leafs qui ont répliqué 16 fois seulement.

 

Cela dit, frapper l’adversaire c’est bien beau. Et c’est parfois nécessaire, mais il me semble qu’il aurait été préférable que Josh Anderson obtienne sept tirs au but et assène un coup d’épaule, au lieu d’en distribuer sept et de se contenter d’un petit tir.

 

Tout ça pour lancer cette grande question existentielle : le Canadien est meilleur que ça non?

 

Je sais qu’il a besoin de tout le monde pour avoir du succès, qu’il ne peut s’en remettre à des vedettes comme Auston Matthews ou Mitchell Marner, mais quand même : le Canadien est meilleur que ce qu’il a offert à ses partisans lors des trois derniers matchs? Lors des trois dernières défaites? Oui? Non? Peut-être...

 

Galchenyuk revient de loin

 

Surtout que ce ne sont pas les vedettes des Leafs qui ont éclipsé le Canadien mardi.

 

Bon! William Nylander a marqué. C’est vrai. Il a déjoué Carey Price dans un quatrième match de suite égalant du coup la production totale du Canadien depuis le début de la série.

 

Sauf que Nylander est le seul joueur qui évoluait au sein du deuxième trio lors du premier match. John Tavares qui pilotait ce trio est blessé et Nick Foligno acquis pour justement donner du caractère à ce deuxième trio a raté une deuxième partie de suite mardi.

 

Au-delà du brio de Nylander, Matthews et Marner ont été gardés à l’écart de la feuille de pointage hier. Après quatre matchs, le gagnant du trophée Maurice Richard n’affiche qu’un but et trois points. Son principal complice Mitch Marner n’affiche que trois passes.

 

Des récoltes qu’Alex Galchenyuk a égalées au cours du seul match de mardi alors qu’il a préparé, de brillantes façons, les deux premiers buts de son équipe avant de sceller l’issue de la rencontre en marquant dans une cage déserte.

 

Choix de première ronde (troisième sélection) du Canadien en 2012, Alex Galchenyuk revient de loin. De très loin même. Après avoir amorcé la saison avec les Sénateurs à Ottawa, Galchenyuk a fait une courte escale de deux jours en Caroline dans le cadre d’une transaction qui a aussi envoyé Cédric Paquette aux Hurricanes. Il est ensuite passé aux Leafs en échange de deux espoirs.

 

Et c’est avec le club-école et non le grand club qu’il a donné ses premiers coups de patin avec sa sixième formation en neuf ans dans la LNH. Galchenyuk s’est ensuite fait une place avec les Leafs. Comme joueur de soutien. Mais avec toutes les acquisitions effectuées à la date limite des transactions, il ne faisait plus partie des plans.

 

C’est d’ailleurs du haut de la galerie de la galerie de presse qu’il a suivi le premier match de la série contre sa première équipe. Et voilà qu’en soixante minutes, il a éclipsé l’ensemble de son premier club.

 

« On vient de disputer une très bonne partie. Notre trio a bien fonctionné dans les deux sens de la patinoire , que Galchenyuk a indiqué après son premier match de trois points en séries en carrière.

 

« Je ne me concentre pas sur les points, mais sur ce que je dois faire pour être efficace. Je tente d’aborder les choses le plus simplement possible », que l’ancien du Canadien a poursuivi.

 

En passant, Galchenyuk assure être de marbre face au Canadien malgré le fait qu’il y compte toujours des amis : Brendan Gallagher et Carey Price entre autres. « C’est l’heure des séries, il n’y a pas d’amis à ce temps-ci de l’année », que Galchenyuk a conclu.

 

Plombiers et fiers de l’être

 

Alex Galchenyuk n’est pas le seul membre des Leafs à avoir accepté un changement d’affectation en échange de la possibilité d’évoluer au sein d’un club de tête.

 

Joe Thornton et Jason Spezza l’ont fait eux aussi.

 

Malgré leur âge vénérable dans une LNH de plus en plus jeune, Thornton – il aura 42 ans en juillet – et Spezza – il aura 39 ans en juin – ont marqué des buts importants mardi soir. Spezza a aussi ajouté une passe ce qui porte sa récolte en carrière contre le Canadien à 77 points (33 buts) en 77 matchs disputés contre Montréal.

 

À quel point un but marqué ici et une passe récoltée là aident d’anciennes grandes vedettes comme Thornton et Spezza à réaliser qu’elles contribuent toujours aux succès de leur équipe bien que les projecteurs ne soient plus tous braqués dans leur direction?

 

« Ça ne change pas grand-chose, a d’abord répliqué Jason Spezza. Ça fait longtemps que je n’évalue plus ma contribution en fait de buts et de passes. D’autres joueurs sont là pour ces aspects de leur jeu. Moi, je saute sur la patinoire avec comme seul objectif d’offrir des présences soutenues. Je veux ainsi contribuer à maintenir le momentum qui nous est favorable ou à tenter de le faire tourner de notre côté lorsqu’il ne l’est pas. Je suis aujourd’hui très zen avec le fait de ne pas marquer ou de ne pas récolter de passe. »

 

Grand bien lui fasse.

 

Mais avec son but et ses deux passes obtenues depuis le début de la série, Jason Spezza occuperait  le premier rang des marqueurs du Canadien...

 

Entre les lignes

 

-      Limité à un tir, Cole Caufield a été, à l’image du reste de l’équipe, plus discret mardi soir. Lui et ses compagnons de trios Nick Suzuki et Tyler Toffoli ont terminé la rencontre avec des différentiels de moins-2...

 

-      Bien que de nombreux partisans et observateurs réclamaient son entrée en scène, Alexander Romanov a suivi un quatrième match de suite du haut de la galerie de presse. Je veux bien que Romanov représente l’avenir du Canadien, qu’il soit jeune, rapide et physique. Mais associer à ce jeune arrière qui a marqué un but et récolté six points en 54 matchs cette saison à une planche de salut pour l’équipe me semble nettement exagéré.

 

-      D’ailleurs, lors des 15 à 20 dernières parties, Romanov multipliait les mauvaises décisions sur la patinoire tout en prolongeant ses présences au point de mettre ses coéquipiers dans le pétrin. Le jeune arrière russe a un énorme potentiel. Il sera bien meilleur l’an prochain et sera sans doute un jour un pilier à la ligne bleue. Mais ce jour n’est pas arrivé...

 

-      Jon Merrill qui avait été ordinaire lors des trois premiers matchs de la série et que plusieurs voulaient voir être chassé de la formation à la faveur de Romanov a disputé un bon match mardi. Son meilleur de la série et peut-être depuis son arrivée avec l’équipe. Avec Joel Edmundson c’est Merrill qui a été le meilleur arrière du Tricolore mardi. Ça vous donne une idée du niveau de performance des autres...

 

-      Jake Evans et Artturi Lehkonen ont finalement été incapables d’endosser l’uniforme en raison de blessures subies plus tôt en séries...

 

-      Les Leafs ont rayé de leur formation mardi le jeune arrière Rasmus Sandin qui est leur Alexander Romanov si l’on veut. Sandin a été laissé de côté pour permettre à Travis Dermott de voir de l’action. « Comme Alex Galchenyuk, Travis nous a offert du hockey solide en fin de saison. Ce ne fut pas facile de leur dire qu’ils seraient laissés de côté en début de série. Mais je leur avais demandé de travailler fort et d’être prêts à tout. Les blessures ont ouvert la porte à Alex et je tenais à ne pas prolonger l’absence de Travis hors de la formation », a expliqué Sheldon Keefe...