MONTRÉAL – Jonathan Drouin n’a pas cherché à se défiler à la conclusion de son premier match en près de trois mois. « Ça ne passera pas à l’histoire dans mes meilleurs »,  a-t-il évalué avec un sourire en coin après la victoire de 2-1 du Canadien aux dépens des Maple Leafs de Toronto, samedi.

 

Dans une rencontre qui ne nous a jamais donné l’impression d’être au Northlands Coliseum d’Edmonton dans les années 1980, Drouin n’a fait lever personne de son siège, mais n’a pas fait un fou de lui non plus. Il a joué le genre de match dont on était en droit de s’attendre d’un gars qui venait d’en rater 37 en raison d’une blessure à un poignet.

 

« C’est à ça que je m’attendais un peu, après trois mois sans jouer, a candidement avoué le numéro 92. Je suis content de la façon dont ça a progressé durant le match. J’avais un peu plus de timing et mes jambes étaient un peu plus la en troisième. Je pense que plus je vais jouer de matchs, mieux ça va aller. »

 

Le retour de Drouin était attendu depuis quelques jours, au point où on commençait à sentir une certaine tension sur le sujet dans l’entourage de l’équipe. Vendredi, l’entraîneur-chef Claude Julien y était allé d’une déclaration qui trahissait son impatience en affirmant que son attaquant avait reçu le feu vert des médecins. « On attend la réponse de Jonathan nous aussi », avait-il conclu.

 

Drouin assurait samedi soir que les choses avaient été « bien faites » et qu’il n’avait pas ressenti la pression de l’organisation pour précipiter les choses.

 

« Ce matin, à l’entraînement, je me sentais assez bien. Je ne voulais juste pas prendre de chance. Des fois, tu reviens deux jours trop tôt et quelque chose arrive... On parlait d’une absence de dix à douze semaines au départ, on arrivait à la douzième, c’est pas mal la date que je regardais. Ce matin, je me sentais prêt. »

 

« Prêt », dans ce cas-ci, ne signifie pas que Drouin se sent dans une forme splendide. Premièrement, son poignet gauche, qui est orné d’une longue cicatrice, est encore sensible et le restera pendant encore plusieurs mois. La Comète de Sainte-Agathe expliquait samedi que les réceptions de passes pouvaient être particulièrement douloureuses et que les tirs sur réception ou les lancers balayés lui procuraient aussi un certain inconfort.

 

Contre les Leafs, tout ça n’était qu’une partie du problème.

 

« Les poumons, les jambes... Tu peux pratiquer, tu peux faire du bicycle comme tu veux, ce n’est pas l’intensité d’un match et ça ne recrée pas les situations où il faut que tu décides sur le moment. Côté timing, je dois retrouver des sensations auxquelles je n’ai pas été habitué pendant un bout. Tu peux pratiquer, mais ce n’est pas la même chose. »

 

Drouin a été utilisé pendant 11 minutes et 49 secondes par Julien et s’est fait un devoir de limiter la durée de ses présences. Seuls les membres du quatrième trio et Artturi Lehkonen, qui a sauté quelques présences après avoir bloqué un tir en désavantage numérique, ont joué moins que lui en attaque.

 

« Je ne voulais pas me mettre dans une position où je commençais à souffler et où mes jambes auraient été complètement en feu. Je pense que j’ai été intelligent. Première game, je ne voulais pas pousser mes présences à 45 secondes, une minute. Ce n’était pas le match pour faire ça pour moi, surtout contre une équipe aussi rapide et talentueuse. Je pense que je suis resté à l’intérieur de mes moyens. »

 

Ouellet, un revenant heureux

 

Xavier Ouellet avait une cicatrice sanglante au coin de l’œil droit, résultat d’une mise en échec amortie par sa visière, dans le vestiaire des vainqueurs. Il en aurait fallu plus que ça pour lui enlever le sourire qui collait à son visage.

 

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Le défenseur de 26 ans a disputé samedi son premier match dans la Ligue nationale depuis le 21 novembre 2018. Jumelé à Marco Scandella, il a été l’arrière le moins utilisé par Claude Julien (10:38), mais s’est assuré de semer une graine dans la tête de son entraîneur en récoltant une passe sur le but vainqueur de son partenaire.

 

« Je t’avais dit que j’allais prononcer ton nom! », lui a lancé l’annonceur-maison Michel Lacroix en venant lui faire l’accolade après la rencontre, une attention qui a visiblement faut chaud au cœur au jeune revenant.

 

« C’était un match avec beaucoup d’émotion pour moi. Un match très important contre des rivaux, un but très important, donc l’émotion est sortie. »

 

Ouellet n’avait jamais joué avec Scandella, mais les deux se connaissent bien. Ils travaillent avec le même entraîneur et patinent ensemble durant la saison estivale.

 

« Je trouve qu’on a été vraiment solide ensemble, évaluait le cadet du duo. On a sorti la rondelle de notre zone, on n’a pas donné grand-chose défensivement et on a trouvé le moyen de créer des chances offensivement. En général je pense que c’est un bon match. »

 

Ouellet était en feu dans la Ligue américaine au moment de son rappel, jeudi dernier. Le capitaine du Rocket de Laval avait inscrit six points à ses deux derniers matchs et pointait au quatrième rang du classement des compteurs de son équipe.

 

« J’ai continué à travailler sur ma game pendant tout le temps que j’étais là-bas, dit celui qui a 161 matchs d’expérience dans la LNH. Je me sentais prêt, je me sens bien physiquement. Je patinais bien et je n’ai pas eu un très gros ajustement à faire en revenant ici. »