Si près... mais si loin!
WASHINGTON – Débutons tout de go avec deux questions qui tuent: le Canadien est-il aussi près des Capitals que les scores des deux premiers matchs le laissent croire?
Après tout, le Tricolore a perdu le premier match par un but. Un petit but enfilé, de surcroît, en prolongation. Et voilà qu'il vient de perdre la deuxième rencontre encore par un but... et un autre marqué dans une cage déserte avec deux petites secondes à écouler en troisième période.
La deuxième question maintenant: le Canadien est-il plutôt si loin des « Caps » parce qu'au-delà les marques finales, le Tricolore semble complètement dépassé par un adversaire plus gros, plus fort, qui joue du meilleur hockey et qui s'amènera au Centre Bell vendredi avec une avance de 2-0 dans une série qui pourrait finalement être plus expéditive que plusieurs l'anticipaient?
À voir le visage abattu de Juraj Slafkovsky après le match, à voir ses coéquipiers marcher en regardant le plancher, à voir quelques membres de l'état-major broyer du noir en silence dans un corridor adjacent au vestiaire des visiteurs dans les méandres du Capital One Arena, il semblait évident que le Canadien était plus loin que près de ses adversaires. Qu'il était plus loin d'un retour dans cette série que près des vacances!
Que le niveau de confiance associé à un éventuel retour en force était, disons, modéré! Un niveau de confiance que Martin St-Louis a tenté de relever en lançant après la défaite: « Je crois en mon équipe. »
Laine cloué au banc
Si Martin St-Louis croit encore à son équipe, il semble avoir perdu la foi en Patrik Laine qu'il a cloué au banc pour la durée de la troisième période.
« J'ai raccourci mon banc. Je me suis tourné vers les neuf ou dix gars qui pouvaient selon moi aider notre cause », que l'entraîneur-chef a expliqué.
Il faut dire que Laine a pas mal poussé St-Louis à sévir à son endroit. Car le Finlandais a été beaucoup moins impliqué que les 10 tirs qu'il a décochés, dont cinq ont atteint la cible, le laissent croire. Lent et nonchalant, il a raté plusieurs passes. Il a perdu plusieurs rondelles. C'est d'ailleurs lui qui a bousillé le bel élan de ses coéquipiers en début de partie alors qu'il s'est rendu coupable de deux affreux revirements dès sa première présence dans le match. Il a aussi perdu bien des batailles. Il s'est aussi retrouvé cul par-dessus tête lorsqu'il a tenté de surprendre Matt Roy avec une mise en échec derrière le filet des Capitals.
Rien de moins que mauvais à forces égales, il n'a guère été meilleur pendant les 102 secondes passées sur la patinoire en attaque massive.
Laine n'a pas vu d'action en troisième. Joel Armia a effectué une seule présence. Emil Heineman a évolué à deux reprises avec Jake Evans et Alex Newhook et c'est le jeune Ivan Demidov qui a joué le plus effectuant sept présences avec les deux joueurs de centre.
Demidov n'a rien cassé mercredi. En 8 minutes 29 secondes d'utilisation, les seules statistiques associées à son nom sont : un tir hors cible, un revirement, deux mises en échec et un différentiel de moins-2. Il semblait toutefois moins perdu que lundi. C'est ça de gagné.
Quant à Lane Hutson, il a dû encore une fois composer avec un marquage très serré de la part des joueurs des Capitals qui l'ont pressé dans ses gestes. On l'a d'ailleurs vu servir à quelques reprises des passes moins précises qu'en saison régulière à ses coéquipiers.
Hutson a aussi été la cible de quelques solides mises en échec et on l'a vu freiner en arrivant dans le coin de la patinoire pour esquiver Tom Wilson qui arrivait comme un train. Un signe d'intelligence bien plus qu'un signe de manque de courage.
Autour de Hutson, les autres arrières du Canadien ont connu quelques séquences très difficiles dans leur territoire. Pressés et bousculés, ils ont été dominés et pris à contrepieds à quelques reprises: dont les deux buts des Capitals.
Le fait que Martin St-Louis se soit passé de Patrik Laine en troisième période et qu'il ait limité Armia et Heineman à trois présences pourrait peut-être l'inciter à faire appel à sept défenseurs vendredi soir à Montréal.
Une telle décision permettrait d'inclure Arber Xhekaj. Sa présence permettrait d'offrir plus de résistance face aux assauts des Capitals, mais aussi de maximiser l'utilisation des autres arrières selon l'identité des joueurs des Caps envoyés sur la patinoire.
On verra!
Thompson s'impose
La décision de St-Louis de couper son banc ou de punir Laine, Armia et Heineman à votre choix a aidé la cause du Canadien.
Car à l'image de la partie de lundi, le Tricolore est passé près de niveler les chances à quelques reprises. Jake Evans a tiré sur le poteau alors que Logan Thompson, sorti de son filet, ne pouvait rien faire pour l'empêcher de marquer.
Le gardien des Caps s'est ensuite dressé devant Josh Anderson en semi-échappée et a réalisé un arrêt sensationnel de la jambière gauche après que Christian Dvorak eut fait dévier un tir d'Alexandre Carrier tout juste devant la cage.
Des arrêts, 14 au total au cours de la seule troisième période, qui ont non seulement valu des éloges à l'endroit de Thompson de la part de ses coéquipiers, mais aussi de longues ovations au cours desquelles les partians du club scandaient des « LT! LT! LT! », un sobriquet associé aux premières lettres de son prénom et de son nom de famille.
La recrue Ryan Leonard a qualifié « d'extraordinaire » la performance de Thompson.
« Il nous a sauvés en troisième période. Il devenait de plus en plus gros devant sa cage au fil de cette période. Il nous donnait exactement ce qu'il nous a donné lors des 40 premiers matchs de la saison », que Spencer Carbery a résumé après la rencontre.
« Monty » (Samuel Montembeault) avait été sensationnel lors des deux premières périodes. On a obtenu plusieurs bonnes chances et il les a repoussées. Une telle performance met de la pression sur l'autre gardien. Je n'avais pas été vraiment occupé lors des deux premières périodes – un but accordé sur 12 tirs – alors c'était plaisant de contribuer en troisième. C'était le genre de match dont tu rêves quand tu es enfant. Je suis content qu'il se soit terminé en notre faveur », que le gardien au style un brin échevelé, mais qui est fort efficace, a témoigné après sa victoire.
Le meilleur reste à venir
Le début de rencontre et la troisième période offrent des sources de motivation pour le Canadien en vue du match de vendredi. Un match crucial sans être sans lendemain.
« On est en retard 0-2, mais nous sommes quand même très près d'eux malgré le fait que nous pouvons jouer bien mieux qu'on l'a fait lors des deux premiers matchs », a plaidé Nick Suzuki.
Solide aux cercles des mises en jeu (7 en 10), Suzuki a été victime du travail très efficace de Pierre-Luc Dubois, Tom Wilson et Connor McMichael qui ont le mandat d'éteindre le plus possible le premier trio du Canadien.
Un mandat qu'ils ont très bien relevé à Washington. Un mandat qui deviendra plus difficile à remplir une fois la série transportée à Montréal, alors que Martin St-Louis, profitant du dernier changement, pourra soustraire son premier trio des griffes de Dubois et l'utiliser contre le trio d'Alexander Ovechkin.
Comme son capitaine, Martin St-Louis s'accroche à des principes de base pour convaincre ses joueurs et leurs partisans des chances du Canadien de revenir de l'arrière dans la série.
« Ce qu'on a fait de bien lors des deux matchs on l'a très bien fait. Comme nos adversaires d'ailleurs. Mais ils ont été en mesure de le faire sur de plus longues périodes que nous. On doit donc être meilleur plus longtemps », que Saint-Louis a poursuivi.
Lors du premier match, le Canadien s'est contenté de dix grosses minutes de hockey. Les dix dernières de la rencontre alors que Cole Caufield et Nick Suzuki ont marqué pour envoyer le match en prolongation. Une prolongation qu'Alex Ovechkin a rapidement scellée en faveur des Caps.
Mercredi, le Canadien a beaucoup mieux amorcé la partie. Les Capitals ont repris le contrôle ensuite. Et ils ont fait très mal au Tricolore en enfilant deux buts en 60 secondes pour effacer l'avance de 1-0 qu'avait offerte Christian Dvorak à son équipe 76 secondes après le début de la période médiane.
« Cette séquence nous a coûté le match », d'ailleurs convenu Martin St-Louis.
« Nous n'avons pas lâché. On a encore terminé le match avec force. On a créé plusieurs très bonnes occasions parce qu'on a cessé de chercher les jeux trop parfaits. Il faudra étirer nos 25 bonnes minutes de hockey à 35 minutes, à 40 minutes si possible. Il faudra améliorer encore davantage la qualité de notre exécution en zone ennemie. Je crois vraiment qu'on est capable. On affronte une très bonne équipe. Rien ne sera facile, mais on retourne à la maison et nos partisans qui nous ont donné du "jus" toute l'année vont le faire encore vendredi », que St-Louis a ajouté.
Le Canadien a passé la nuit à Washington. Il mettra le cap sur Montréal en matinée jeudi. Ce sera congé pour les joueurs qui reviendront sur la patinoire vendredi matin, au Centre Bell, pour préparer un match qu'ils se devront de gagner en soirée.