Après les matchs atroces disputés en fin de semaine dernière à Ottawa et au Centre Bell contre les Flames de Calgary, les partisans du Canadien ne demandaient pas la lune à leurs favoris.

Considérant la puissance des Ducks d’Anaheim qui n’avaient perdu que cinq fois en temps réglementaire (23-5-2) à leurs 30 derniers matchs, ils ne réclamaient même pas une victoire. Ils exigeaient simplement être témoins d’une performance plus inspirée que celles de la dernière fin de semaine; ils exigeaient de l’effort, de la conviction, un brin de détermination tout en espérant assister à un match enlevant qui, sait-on jamais, pourrait être couronné d’une victoire.

Une première étoile surprenante

C’est exactement ce qu’ils ont eu.

Outre la victoire surprise de 4-3 aux dépens des Ducks, les partisans du Tricolore ont été témoins de quelques autres surprises. Et pour une fois, ces surprises étaient agréables.

Déjà qu’il était périlleux d’assurer un gain du Tricolore avant la mise en jeu initiale, il fallait être un brin fou, peut-être même deux, pour claironner que Mike Brown récolterait la première étoile après une soirée « magique » d’un but et une passe. Une deuxième soirée de deux points en carrière pour le joueur d’énergie qui a récolté le fruit des efforts qu’il déploie depuis son acquisition au ballottage le 29 février dernier.

Sélectionné à titre de première étoile pour une deuxième fois dans les rangs professionnels, Brown ne savait pas quoi faire avec les rondelles qu’il a reçues en retraitant au vestiaire. Il a fallu lui expliquer qu’il devait vite les autographier avant d’aller les lancer aux partisans qui lui ont réservé une belle ovation lors de son tour d’honneur sur la patinoire.

« Je suis agréablement surpris », a lancé Brown au collègue Marc Denis qui l’a interrogé après son tour d’honneur.

Les partisans l’étaient tout autant.

Et comme c’est souvent le cas après une solide performance d’un joueur de soutien, la grande question est tombée après la rencontre : le Canadien doit-il faire une place à Mike Brown l’an prochain?

Combatif, capable de manier la rondelle, doté d’un tir potable, Mike Brown est surtout rapide. C’est d’ailleurs parce qu’il sait patiner en plus de savoir se battre qu’il est avec le Canadien en ce moment. Et c’est pour la raison contraire que John Scott est à Terre-Neuve.

Est-ce que Mike Brown pourrait aider le Canadien? Ma réponse est : peu importe son nom, un joueur comme Mike Brown serait plus utile au Tricolore que Brian Flynn.

Est-ce que Stefan Matteau pourrait hériter de ce rôle? Peut-être. Mais il faudrait qu’il soit plus actif encore qu’il ne l’est depuis qu’il s’est joint au Canadien pour déloger Mike Brown, ou un joueur du même genre.

Des joueurs comme Mike Brown sont encore utiles parce qu’ils peuvent jouer tout en assurant un peu de protection sur la patinoire. C’est de cette façon que Chris Neil a fait sa carrière avec les Sénateurs d’Ottawa.

Michael McCarron pourrait-il être un Mike Brown?

Il a le chien pour remplir ce rôle. Il a d’ailleurs encore jeté les gants mardi soir. Mais attention! McCarron aidera davantage le Canadien en gardant ses gants sur son bâton qu’en les laissant tomber sur la patinoire. De fait, McCarron devra être bien plus qu’un Mike Brown pour justifier sa sélection en première ronde au repêchage de 2013.

De la façon dont il joue depuis son deuxième rappel, il ne fait pas de doute qu’il y arrivera. La question est quand? Dès le début de la saison prochaine? Aux Fêtes? Dans deux ans seulement?

On verra.

Mais ce qui est clair, c’est que de tous les joueurs du club-école, le seul qui soit assuré de sortir de là avec un diplôme en mains et un job assuré – au sein d’un troisième trio – dans la LNH est McCarron.

Hanley, Dietz, Lessio

Si la victoire aux dépens des Ducks et la première étoile de Mike Brown représentent des surprises de taille, il fait aussi ajouter les noms des défenseurs Joel Hanley et Darren Dietz à la liste des surprises agréables.

Incapables de composer avec Corey Perry qu’ils ont laissé filer devant le filet de Mike Condon pour lui permettre de marquer son 30e but de la saison, Hanley (deux passes, différentiel de plus-1) et Dietz (une passe, différentiel de plus-2) se sont bien repris.

Il ne faudrait pas non plus oublier le nom de Lucas Lessio qui a enfilé son premier but dans l’uniforme du Canadien.

Ce sont donc un joueur réclamé au ballottage et trois autres qui disputeront plus de parties dans la Ligue américaine que dans la LNH au cours de leur carrière qui ont guidé le Canadien vers la victoire. Vers une victoire aux dépens d’un club qui pourrait brandir la coupe Stanley à bout de bras dans trois mois.

ContentId(3.1177800):Canadiens: L'effort de tout le monde y était dans la victoire contre les Ducks
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Quand on parle de surprise...

Et les leaders dans tout ça?

Après avoir assuré en matinée que lui et ses coéquipiers ne venaient pas au Centre Bell simplement pour collecter leur salaire contrairement aux prétentions des méchants journalistes et de quelques partisans plus méchants encore, le capitaine a tenu parole. Du moins un peu.

Il a servi une belle passe à Alex Galchenyuk qui a su en profiter pour marquer son 27e de la saison, sur une 30e mention d’aide pour le capitaine. Pacioretty a ajouté quatre tirs en plus de bloquer deux des 69 tirs tentés par les Ducks.

Mais en dépit du but qu’il a préparé, Pacioretty a terminé sa soirée de travail avec un moins-1 à sa fiche. Tout comme Galchenyuk. Considérant les différentiels de moins-6 qu’ils ont amassés en fin de semaine dernière, on peut parler d’amélioration!

Tomas Plekanec croyait avoir mis un terme à sa disette de 18 matchs sans but lorsqu’il a inscrit le premier but du match sur un tir anodin décoché de la ligne bleue. Sa disette s’est toutefois prolongée après que les officiels eurent confirmé les prétentions de Torrey Mitchell selon lesquelles il avait fait dévier le tir de son coéquipier.

Lars Eller? Je l’ai surtout remarqué au terme des très nombreuses et solides mises en échec qu’il a encaissées tout au long de la rencontre.

Alexei Emelin a passé près de 29 minutes sur la glace, le temps d’utilisation le plus important des deux équipes.

S’il est toujours plus dangereux pour son équipe que ses adversaires quand il est en possession de la rondelle, le Russe s’est signalé avec quelques bonnes mises en échec et des tirs bloqués. Je ne croyais jamais écrire ça un jour, mais il a bien appuyé Andrei Markov.

Pas au point de retarder le retour de P.K. Subban, mais bon...

Mauvais début, bonne fin

À l’aube d’un duel aussi inégal que celui qui attendait le Canadien face aux Ducks, il était impératif que Mike Condon soit impeccable pour que son club ait la moindre chance de gagner.

Condon ne l’a pas été.

Très généreux (trop) sur le premier but qu’il a accordé, Condon a même gâché la solide première période disputée par ses coéquipiers. N’eût été cadeau offert par Condon à Jakob Silfverberg sur un tir anodin, le Canadien aurait retraité au vestiaire avec une avance de 1-0.

Au-delà ce cadeau offert en fin de première période et les deux autres buts qu’il a concédés, Condon a été solide. Il a même sauvé les meubles en fin de partie lorsque les Ducks ont donné l’impression qu’ils tenaient à niveler les chances et à l’emporter d’une façon ou d’une autre afin d’assurer (pour vrai) leur place en séries.

Condon a su résister.

Comme quoi ce n’est pas comment on commence un match qui compte, c’est de quelle façon on le termine.

Surprise désagréable

Parce que son équipe ne peut quand même pas gagner tous les soirs – et que le Canadien a le droit de gagner de temps en temps – Bruce Boudreau semblait résigné après le match. L'entraîneur des Ducks était toutefois déçu. Déçu parce que son équipe n’avait pas pris les moyens pour éviter le piège tendu par le Canadien.

« Je donne aux joueurs du Canadien tout le crédit qu’ils méritent. Ils ont fait ce qu’ils devaient faire pour gagner. Ils ont donné le ton en début de match et l’ont maintenu. On savait qu’il y avait plusieurs joueurs des mineures dans l’alignement. On savait que ces joueurs donneraient tout ce qu’ils peuvent pour impressionner. Il fallait donc frapper tôt pour éviter qu’ils gagnent en confiance. On ne l’a pas fait et ils en ont profité. Ils ont disputé un fort match. Ils nous ont dominés le long des bandes et devant le filet. On n’a pas assez bien joué pour gagner. Eux oui », a simplement analysé l’entraîneur-chef des Ducks.

À l’aube d’un voyage de quatre matchs sur la route que son club poursuivra à Toronto, Ottawa et Edmonton, Bruce Boudreau devra s’assurer de réveiller son équipe afin d’éviter de gaspiller des points « faciles » à récolter contre des équipes qui sont éliminées.

« Il n’y a rien de facile. Il faut que les gars le réalisent. Ils doivent faire leur part pour se motiver, peu importe l’adversaire. C’est vrai que nous avons tendance à mieux réagir face à nos rivaux naturels de Los Angeles et San Jose ou face à de gros clubs. Mais ils auraient dû facilement se motiver pour le match de ce soir. Tu ne devrais jamais avoir de difficulté à te motiver quand tu viens jouer au Centre Bell. Avec tout ce que représente le Canadien et Montréal dans l’histoire du hockey, tu dois être en mesure de te motiver », a répondu Bruce Boudreau à un collègue d’Anaheim qui lui avait demandé s’il craignait le piège de quatre matchs disputés sur la route contre des clubs éliminés.

Les Ducks sont toujours en lutte avec les Kings et les Sharks pour le premier rang de la division Pacifique. Un premier rang important puisqu’il permettra d’éviter un duel tout californien en première ronde. Un duel injuste puisqu’une de ces puissances tombera en première ronde et que celle qui sortira pourrait être amochée au point de mettre en péril ses chances en deuxième ronde.

« On a manqué une belle chance de nous approcher des Kings ce soir. Au moins, ils tirent de l’arrière en ce moment », m’a mentionné Bruce Boudreau en quittant le Centre Bell.

Les Kings ont finalement perdu 2-1 contre le Wild du Minnesota. Les Ducks accusent donc toujours un recul de quatre points sur les Kings avec un match en mains sur Los Angeles. Le genre de match qu’un coach ne veut pas « gaspiller » contre Montréal, Toronto, Ottawa et Edmonton...

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