MONTRÉAL – Les anecdotes sont nombreuses pour le prouver, les gardiens de but ne proviennent pas du même moule que leurs coéquipiers et la dualité se poursuit dans leur encadrement qui ne doit pas être géré de la même manière que les attaquants ou les défenseurs.

 

On entend parler nettement plus souvent du développement – ou de l’encadrement comme préfère Vincent Riendeau – des espoirs qui évoluent en attaque et en défense que devant le filet. Riendeau, le directeur du développement des gardiens de but du Canadien a bien voulu clarifier quelques points sur le sujet.

 

« Le développement, c’est un méchant grand mot. Pour moi, c’est plus de l’encadrement. Ça reste que c’est le mot le plus utilisé dans le monde du hockey, mais si c’était du développement, tu n’aurais pas besoin de choix au repêchage, tu prendrais n’importe qui et tu le développerais. C’est donc plus de l’encadrement, je suis là quand il le faut », a précisé Riendeau en prenant une pause de quelques minutes dans une tournée de recrutement en Europe.

 

L’univers des gardiens de but constitue une exception puisque ces athlètes bénéficient des conseils d’un entraîneur spécialisé. Étant donné cette proximité, les responsables de l’encadrement des équipes de la LNH ne peuvent pas trop s’immiscer dans ce travail de perfectionnement.

 

« Les entraîneurs de gardien sont là et ils n’ont pas tous la même philosophie. Tu dois le laisser travailler avec son monde. Si ça ne va vraiment pas bien, tu donnes ton coup de main et ton opinion grâce à ton expérience. »

 

« Mais il faut faire attention, tu n’es pas assez présent à tous les moments pour que ça devienne justement toi l’entraîneur. Après tout, ils ont leur ressource avec eux. Quand ça va bien, tu fais attention et tu les supportes surtout dans leurs besoins », a décrit Riendeau.

 

L’autre enjeu pourrait se comparer à un golfeur qui ne voudrait pas entendre deux versions différentes pour modifier son élan.

 

« Les gardiens, c’est tellement technique, tu dois faire attention. Tu veux parler de technique, mais pas trop parce qu’il a déjà son entraîneur pour le conseiller. C’est très particulier », a déclaré Riendeau qui ira assister aux Championnats du monde au Danemark.

 

C’est donc dire que les extraits vidéos sont à proscrire pour éviter d’être trop intrusif. Riendeau refuse d’utiliser cette méthode qui est répandue pour développer les aptitudes des attaquants et des défenseurs.

 

« Non, on travaille surtout par téléphone et, quand je vais les visiter, on va souper pour jaser de comment les choses se passent. Tu ne peux pas tomber dans le travail quotidien avec eux », a précisé Riendeau qui a procédé à trois voyages en Nouvelle-Angleterre pour encadrer Hayden Hawkey et Cayden Primeau.

 

Que ce soit au téléphone ou en personne, les recommandations sur le côté psychologique sont essentielles. À titre d’exemple, Hawkey est parvenu à mieux réagir à la suite d’un but. Auparavant, il perdait une partie de sa concentration. 

 

« C’est en discutant souvent. Quand tu restes positif, ils comprennent que ce n’est pas la fin du monde d’allouer un but, ça arrive à tous les gardiens du monde. Il faut plutôt se demander quoi faire pour corriger ça et comment se relever quand on vient de donner un but. Il faut grandir par rapport aux obstacles », a exprimé Riendeau.

 

L’implication dépend également de la ligue dans laquelle évolue cet espoir.

 

« C’est certain que c’est un peu différent pour la NCAA comparativement au junior majeur. C’est un peu plus fermé et un peu plus difficile. Tu ne peux pas vraiment aller sur la glace », a soulevé Riendeau.

 

Nul doute, certaines organisations de la LNH doivent prôner une autre philosophie, mais l’ancien gardien du Canadien, des Blues, des Red Wings et des Bruins se fie sur l’évolution encourageante de Hawkey et Primeau pour valider sa méthode.  

 

« Tant mieux quand ça va bien et c’est le cas pour les deux. C’est le fun et c’est peut-être parce qu’on a compris qu’ils ont un entraîneur des gardiens et qu’on doit tous se supporter là-dedans. Il ne faut pas se penser plus intelligent que le voisin », a cerné Riendeau, un intervenant intéressant.