Sommaire

MONTRÉAL- Le Canadien devait gagner lundi soir. Peu importe la façon, il devait battre les Jets pour racheter ses deux affreuses performances offertes à Calgary.

 

Il devait aussi l’emporter pour éviter que sa virée de six parties dans l’Ouest ne tourne à la catastrophe. Avec cinq points en poche après les cinq premières rencontres, il est assuré d’au moins sauver la face.

 

Il devait aussi gagner pour donner un peu d’oxygène à son nouvel entraîneur-chef. Pas question ici de remettre en question le congédiement de Claude Julien. La décision a été prise et peut-être qu’un changement d’air était rendu nécessaire.

Mais si Dominique Ducharme avait complété sa première tranche de 10 parties derrière le banc sous la barre des ,500 alors que son prédécesseur a été limogé malgré une fiche plus reluisante (9-5-2-2), il serait devenu un brin difficile d’insister sur la portée du nouveau message et l’efficacité des ajustements apportés. Ducharme affiche maintenant quatre victoires en 10 matchs et son équipe a récolté des points dans sept de ces 10 parties. Comme quoi une victoire peut changer bien des perceptions. Surtout dans le climat, disons volatile, du marché de Montréal et des autres marchés canadiens.

 

Cette victoire permet aussi au Canadien de compléter la première moitié de sa saison sur une note positive. Elle lui permet aussi de garder sa quatrième place au classement de la division Nord. Une place que les Flames de Calgary auraient agrippée d’une main si le Tricolore s’était incliné lundi puisque l’effet Darryl Sutter a mené les Flames à une victoire de 4-3 aux dépens des Oilers d’Edmonton. Leur troisième consécutive depuis l’arrivée du « vilain » Darryl qui a été embauché pour mettre de l’ordre dans le vestiaire des Flames et sur la patinoire. Avec sa victoire, le Canadien garde son avance de deux points et la partie qu’il a en mains sur Calgary.

 

Pour toutes ces raisons, le Canadien devait gagner. Il l’a fait. Et il mérite pleinement la victoire arrachée à un adversaire solide.

 

De fait, après la dégelée de 7-1 encaissée au Centre Bell lors du dernier affrontement entre les deux équipes, on pouvait s’attendre à ce que les Jets aient le goût de se venger.

 

Ils l’avaient. Ils ont très bien amorcé la partie. Mais pendant que Carey Price faisait ce qu’un gardien de son calibre doit faire – donner une vraie chance à son équipe de gagner – Jesperi Kotkaniemi a lancé le Canadien en avant.

 

Muté entre Drouin et Anderson à la place de Nick Suzuki qui s’est retrouvé entre Toffoli et Gallagher, KK a profité de la combativité affichée par Josh Anderson pour pousser une rondelle échappée par les Jets en sortie de zone vers Jonathan Drouin qui a offert un but facile à son jeune joueur de centre en lui offrant une passe parfaite à l’embouchure du but.

 

Les Jets poussés vers l’erreur

 

Les quatre buts du Canadien ont été précédés d’un revirement commis par les Jets. Cette remarque pourrait laisser croire que les Jets ont donné ces quatre buts au Tricolore. Ce qui serait totalement faux.

 

Car le Canadien a poussé les Jets à l’erreur sur les séquences.

 

« Est-ce qu’on doit mieux gérer la rondelle en zone défensive? C’est bien sûr! Que Paul Maurice a lancé en répondant lui-même à la question qu’il venait de lancer. Mais il – le Canadien – nous a compliqué la vie ce soir avec un échec avant soutenu et efficace. Les gars de l’autre côté avaient des bâtons toujours bien placés dans les corridors de passe. Ils étaient vites sur patins ; rapides dans leurs actions. C’était un match très serré. Plusieurs attaques ont avorté. Il faut donner le crédit qui revient à nos adversaires. »

 

Cette analyse de Paul Maurice est juste.

 

Chaque trio du Canadien a généré des occasions de marquer après avoir poussé les Jets à l’erreur. Et comme le hockey est un jeu d’erreurs, c’est l’équipe qui est la plus en mesure de capitaliser sur les erreurs de l’adversaire qui mousse le plus ses chances de victoire.

 

Permutations intéressantes

 

Dominique Ducharme a apporté de nouveaux changements à sa formation lundi. Des changements intéressants.

ContentId(3.1385133):LNH : Canadiens 4 - Jets 2 (Hockey)
bellmedia_rds.AxisVideo

 

Entre Jonathan Drouin et Josh Anderson, Jesperi Kotkaniemi a disputé un match solide. Et ça dépasse le but qu’il a marqué. Son quatrième seulement cette année. KK a démontré plus de vigueur en échec avant. Il fait d’ailleurs partie du groupe de joueurs qui ont poussé les Jets à se rendre coupables de revirements en zone défensive. Kotkaniemi a ouvert la porte au premier but des Jets en écopant une pénalité en zone défensive. Mais il faisait bon voir le joueur de centre venir prêter main forte à ses défenseurs en s’impliquant dans une bagarre pour la rondelle derrière le but.

 

Nick Suzuki a récolté un premier point après un court passage à vide de quatre matchs. Cette passe a été obtenue en attaque massive. Mais à cinq contre cinq, on a senti l’impact positif de la fougue un brin contagieuse affichée par Brendan Gallagher sur sa droite.

 

Il sera intéressant de voir combien de temps Ducharme accordera à ses deux jeunes centres pour développer un brin ou deux de complicité avec leurs nouveaux ailiers.

 

La permutation la plus importante, c’est à la ligne bleue que le nouveau coach l’a apportée.

 

Maintenant que Ben Chiarot s’est fait opérer à la main droite et qu’il pourrait rater le reste de la saison régulière, il fallait trouver la meilleure façon de combler son absence à la gauche de Shea Weber.

 

Ducharme s’est tourné vers Joel Edmundson. Avec raison. Edmundson était le plus solide candidat pour épauler Weber au sein du duo d’arrières appelés à affronter les meilleurs attaquants adverses. Weber et Edmundson étaient sur la patinoire pour les deux buts des Jets. Deux buts en attaque massive, marqués par Kyle Connor sur de très bons tirs que ni l’un ni l’autre des défenseurs ne pouvait contrer.

 

À cinq contre cinq, Weber et Edmundson ont été solides. Le capitaine a d’ailleurs beaucoup mieux paru lundi que lors de ses récentes parties.

 

Remplacer Joel Edmundson qui complétait si bien Jeff Petry depuis le début de la saison représente sans doute un risque. Mais il s’agit d’un risque calculé puisque Brett Kulak, qui vient en relève, a connu de très bons moments à la gauche de Petry la saison dernière. Il est donc normal que l’état-major compte sur une complicité retrouvée entre ses deux arrières pour permettre à Petry de maintenir le niveau d’excellence qu’il affiche depuis le début de la saison.

 

Petry a peut-être été écarté de la feuille de pointage lundi. Mais ce n’est pas comme s’il avait été effacé. Au contraire, le vétéran défenseur aurait pu ajouter deux buts aux 11 qu’il affiche jusqu’ici alors que deux tirs qu’il a décochés de la pointe ont frappé les poteaux alors que Connor Hellebuyck était totalement battu.

 

Jeff Petry a développé une qualité vraiment particulière avec le temps : celle de trouver une manière de placer la rondelle sur la cible avec des tirs des poignets qui, sans être puissants, trouvent une manière de se faufiler entre les joueurs entassés dans l’enclave.

 

Conséquences des changements apportés, Alexander Romanov a été maintenu au sein du troisième duo au sein duquel il a découvert un nouveau coéquipier lundi alors que Xavier Ouellet a chassé Victor Mete de la formation.

 

Il était temps.

 

Xavier Ouellet est un arrière qui peut offrir du hockey défensif efficace quand il est bien utilisé. Il l’a d’ailleurs démontré l’été dernier alors qu’il avait disputé tous les matchs de la ronde préliminaire contre Pittsburgh et la première ronde des séries contre les Flyers.

 

En préférant Xavier Ouellet à Victor Mete, l’état-major donne à Alexander Romanov un arrière plus solide en défense sur lequel la recrue peut s’appuyer. Je ne sais pas si on peut imputer à Ouellet les bons moments de Romanov face aux Jets lundi, mais le jeune arrière a distribué trois solides mises en échec en zone du Canadien.

 

Il ne lui reste qu’à trouver un peu plus de confiance en attaque. Mais Romanov est encore bien jeune...

 

Price au sommet de son art

 

Derrière des coéquipiers qui ont disputé un match solide, Carey Price a continué sur la lancée positive amorcée après le congédiement de son entraîneur des gardiens : Stéphane Waite.

 

Price a réalisé plusieurs arrêts solides sur les 34 réalisés face aux Jets lundi. Si l’un de ces arrêts a été très spectaculaire alors qu’il a étiré la jambe gauche pendant qu’il effectuait une glissade vers sa droite pour bloquer une rondelle déviée dans l’enclave, la presque totalité des autres semblait très facile. Presque routiniers. Ce qui est un signe que les choses vont très bien pour Carey Price qui est justement un gardien dont la qualité de la technique et de l’anticipation prime sur les réflexes.

 

Lors des cinq matchs disputés après le changement d’entraîneur des gardiens, Carey Price a signé trois victoires et récolté un point dans l’un des deux revers encaissés.

 

Mieux encore, il a stoppé 146 des 154 tirs qu’il a affrontés, ce qui lui donne une efficacité de 94,8 % pour cette période. Il a aussi maintenu une moyenne de 1,59 but accordé par match.

 

Le gardien numéro un du Canadien a connu un début de saison ordinaire. Il a même suscité de l’inquiétude alors qu’il accordait plus de mauvais buts qu’il réalisait de gros arrêts.

 

Mais s’il maintient le rythme des derniers matchs d’ici la fin de la saison, Price aura grandement racheté les largesses du début de campagne et il assurera la place de son équipe en séries.

 

Entre les lignes

 

  • Tyler Toffoli a enfilé ses 16e et 17e buts de la saison lundi. Son premier était son troisième but gagnant de l’année et son deuxième était le deuxième marqué dans une cage déserte. Des 17 buts à sa fiche, Toffoli en a marqué 13 à forces égales, deux en attaque massive et deux dans des filets déserts...

 

  • À la misaison, Tyler Toffoli partage le deuxième rang des francs-tireurs de la LNH avec Connor McDavid et Leon Draisaitl qui revendiquent eux aussi 17 buts. Ils les ont marqués en 31 parties : trois de plus que Toffoli. Auston Matthews (21 buts en 27 matchs) occupe la première place...

 

  • Brendan Gallagher a obtenu un tir de pénalité à mi-chemin en période médiane. C’était le premier accordé au Canadien cette saison, le 13e accordé dans la LNH. Gallagher a tenté de déjouer Connor Hellebuyck avec un tir, mais il a raté sa chance. C’était la troisième fois en carrière que Gallagher s’élançait en tir de pénalité. Il est toujours en quête d’un premier but.

 

  • Sur les 13 tirs de pénalité obtenus jusqu’ici cette saison dans la LNH, trois buts seulement ont été marqués. Ce qui donne un pourcentage de réussite de 23 %. Une efficacité légèrement supérieure à celle du Canadien en attaque massive (21,3 %) et à la moyenne dans la LNH (21 %)...

 

  • Avec ses deux buts marqués lundi, Kyle Connor a rejoint Nikolaj Ehlers au premier rang des buteurs des Jets avec 14 buts. Connor en a marqué 8 en attaque massive soit le même nombre qu’Auston Matthews des Leafs. Joe Pavelski (10) et Leon Draisaitl (9) occupent les deux premières places dans la LNH...

 

  • Les Jets profitent d’un congé mardi alors que le Canadien devrait s’entraîner. Les deux équipes se croisent à nouveau mercredi...