Ce 19 avril 2015 est un jour de fête pour les amateurs de hockey du Québec. Le match opposant le Club de hockey canadien aux Sénateurs d’Ottawa sera célébré de Gatineau à Matane en passant par Montréal. Les Québécois mangeront et boiront pour célébrer la victoire de leur club ou pour oublier la défaite.

Le 19 avril demeure toutefois un jour de deuil pour la grande famille de RDS. Il y a dix ans, le sympathique Paul Buisson est décédé à l’âge de 41 ans. L’ancien caméraman n’a laissé personne indifférent lors de son passage à l’émission Hors-Jeu, dont il fut l’animateur à partir de 1999. Une émission originale à laquelle ont participé plusieurs vedettes, dont l’ancien défenseur du Canadien Igor Ulanov.

« Paul m’a proposé de faire des capsules avec lui lors d’une conversation et j’ai apprécié l’idée. Ce devait être intéressant, car les gens ont beaucoup aimé. La première fois que nous avons fait ce type de reportage, il me demandait d’expliquer comment les défenseurs doivent plaquer les joueurs d’avant dans la bande. Si je me souviens bien, il portait lui aussi tout l’équipement de hockey. C’était vraiment très drôle. On a eu beaucoup de plaisir. »

Igor UlanovUlanov s’est bien amusé lors de ces tournages avec Paul Buisson, mais il s’est aussi beaucoup attaché à lui. Le talent de l’animateur de Hors-Jeu l’a beaucoup impressionné.

« Il était très créatif. Il faut réellement avoir une tête débordante d’idées pour en venir à se jeter sur la glace au travers des joueurs comme il l’a fait. Il faut aussi être courageux pour défier des hockeyeurs professionnels même si c’est pour un tournage humoristique. »

Après avoir été échangé par le Club de hockey canadien, le Russe est resté en contact avec Paul, et son décès, en avril 2005, fut une dure nouvelle pour lui.

« Nous nous parlions au téléphone de temps à autre. C’était toujours très drôle. Lorsqu’il est décédé, ça m’a beaucoup attristé. J’étais en deuil. C’est toujours difficile de perdre quelqu’un d’aussi sympathique. Je suis convaincu qu’il avait encore beaucoup d’idées de reportage. C’est vraiment dommage qu’il n’ait pas eu la chance de les réaliser. »

Les liens tissés avec Paul ne sont pas les seuls bons souvenirs qu’Igor Ulanov a gardé de Montréal. La fierté du hockey que l’on trouve dans la métropole québécoise a marqué le Russe à jamais.

« Lorsque j’ai été échangé à Montréal, je savais que j’allais jouer dans une vraie ville de hockey. Là-bas, les gens s’endorment en pensant au hockey et ils se lèvent le matin en pensant au hockey. Le public y est très exigeant. L’équipe doit absolument participer aux séries éliminatoires et les joueurs se doivent de gagner tous les matchs! À Montréal, tu ne peux pas te traîner les pieds. Les partisans connaissent très bien ce sport et ils vont te le faire savoir si tu ne te présentes pas lors d’une joute. »

Le seul, l'unique, Paul Buisson

Contrairement à d’autres Russes, Ulanov ne s’est pas senti ostracisé par les partisans. Il a aussi en haute estime l’organisation du Tricolore.

« Ce club a beaucoup de respect pour les joueurs russes. Les dirigeants du Canadien de Montréal savent ce que les joueurs de mon pays peuvent amener à un club comme le leur. Ils apprécient notre style de jeu et c’est tout à leur avantage. C’est entre autres pour cela qu’il y a eu plusieurs Russes dans l’histoire récente de l’équipe. »

La transaction qui l’a envoyé au Oilers en mars 2000 n’a pas été facile à avaler. Heureux à Montréal, Ulanov a quitté la ville avec le cœur gros.

« J’ai joué là-bas durant trois ans. C’était devenu ma famille. Il y a plusieurs gars avec lesquels je jouais depuis mon arrivée avec le Canadien. J’avais même acheté une maison là-bas. Devoir quitter la ville et recommencer à zéro dans une autre équipe, ce n’est pas facile. Je n’ai toutefois pas gardé de rancœur envers le club. J’ai vécu de moments extraordinaires à Montréal et je ne regrette absolument rien de cette époque. »

Ulanov a pris sa retraite avec le Dinamo de Minsk de la Ligue continentale de hockey (KHL) à l’été 2000. Après avoir accroché ses patins, le géant de 6 pieds et 3 pouces est resté dans le monde du hockey. Il est aujourd’hui entraîneur dans le nouveau circuit eurasien.

Paul Buisson s'éteint à 41 ans

« Lorsque j’ai pris ma retraite, je me suis fait offrir un poste dans l’école de hockey de l’Avtomobilist d’Ekaterinbourg. Ça s’est très bien passé. J’ai dirigé la cohorte née en 1997 et nous avons été champions de Russie. L’équipe professionnelle m’a donc proposé d’être entraîneur adjoint dans la KHL. J’ai même occupé le poste d’entraîneur-chef par intérim pendant un court laps de temps. J’adore ça. »

L’Avtomobilist a longtemps été un club en difficulté dans la KHL. Il a à plusieurs reprises frôlé la faillite. Tandis que les problèmes économiques du circuit eurasien font les manchettes, le club d’Ekaterinbourg n’a jamais été aussi solide.

« Notre situation économique est stable. Nous avons maintenant de bons commanditaires. Le président du club et le gouverneur de l’Oblast de Sverdlovsk font du très bon travail. C’est pourquoi nous sommes maintenant aptes à participer aux séries éliminatoires. »

Malgré les succès de l’équipe, le club a dû se trouver un nouveau directeur général et un nouvel entraîneur-chef pour la prochaine saison. Le Salavat Youlaiev d’Oufa a été séduit par les progrès du club d’Ekaterinbourg et il a décidé d’utiliser son pouvoir d’achat pour lui ravir son équipe de direction.

On ne connaît toujours pas le sort d’Igor Ulanov dans cette histoire, mais l’Agence TASS l’envoie au mythique Spartak de Moscou à titre d’adjoint de German Titov. L’ancien du CH n’a donc pas de difficulté à se trouver du travail. Il a même plus de facilité à se trouver un boulot qu’à retrouver ses effets personnels…

« Je n’ai toujours pas reçu mon ancien chandail du Canadien, celui avec le numéro 55. J’aimerais bien le ravoir. Peut-être que le club l’a encore. Si quelqu’un sait où il est, j’aimerais bien qu’il me le rende. Je serais très heureux de l’ajouter à ma collection. »