Le hockeyeur professionnel et ancien de la LHJMQ Eliezer Sherbatov évoluait cette saison dans la Super ligue d’Ukraine, mais c'est jeudi dernier, face à l'invasion russe, que tout un périple s'est amorcé pour pouvoir quitter le pays et fuir la guerre.

Son équipe, le Marioupol HC, a disputé son dernier match la semaine dernière à Kramatorsk, une ligne d’attaque des Russes dans l'est du pays, quand le jeudi matin, des bombardements ont commencé non loin.

 « Je me suis réveillé quand les bombardement ont commencé. Notre hôtel a commencé à bouger. Ça m’a pris 35 heures avant de prendre le train de Droujkivka. J’ai pris le seul train qui passait de Droujkivka jusqu’à Lviv, où l’ambassade israélienne m’attendait », a raconté Sherbatov à l’émission Le 5 à 7, mercredi.

Sherbatov a d’abord attendu des nouvelles du gouvernement canadien pour savoir comment évacuer les lieux, mais l’aide est plutôt venue de l’ambassade d’Israël, dont il détient la nationalité, et il a pu être guidé par une organisation procédant au rapatriement des Israéliens en zone de conflit.

Il devait alors se rendre à l’ambassade d’Israël qui se trouve à Varsovie, en Pologne. Mais pour ce faire, une longue route d’environ 1200 km en train l’attendait, avec des arrêts dans certaines villes assiégées et malgré des rumeurs attestant que des trains étaient attaqués. Le voyage s’est somme toute bien déroulé jusqu’à Lviv, à 70 kilomètres de la frontière de la Pologne. Il a dû faire les derniers kilomètres vers l’ambassade dans un autobus contrôlé par l’armée en compagnie d’autres ressortissants israéliens.

« Je croyais que j’allais mourir. Dans ma tête, je n'allais pas réussir à voir mes enfants et ma femme. C’était ça ma mentalité. J’étais comme un zombie. »

Sherbatov a finalement pu prendre l’avion vers Montréal et est rentré lundi à Laval, où il a retrouvé sa femme et ses enfants, notamment un poupon de seulement 3 mois.

« Quand t’as pas dormi pendant des jours et que tu penses ne jamais te réveiller, le fait de rencontrer pour la première fois ton gars et revoir ta fille avec toute la famille, c’est beaucoup d’émotions. »

« Durant le voyage, j’ai juste gardé contact avec mon père pour ne pas inquiéter personne. Mais ils savaient quand même. J’étais dans un train où j'avais 50 % de chance de mourir. Pendant ces 24 heures dans le train, je n’avais aucune connexion, alors c’était un moment inquiétant pour ma famille, sans savoir si dans 24 heures je serais en vie. »

Depuis son retour, Sherbatov ne connaît pas le sort de ses coéquipiers. Il est à l’abri, mais la peur l’habite encore.

« J’ai énormément de chance, toutes les étoiles se sont alignées pour que je puisse m’enfuir. C’était 5 jours incroyables. Mais en ce moment, mes coéquipiers ne me répondent pas. J’ai extrêmement peur pour leur vie. Je me dis que j’ai beaucoup de chance d’avoir survécu et j’essaie d’avoir de la joie, mais je suis incapable d’avoir de la joie parce qu’aujourd’hui je n’ai pas de nouvelle. »

Difficile de retomber sur terre, dit-il, avec raison.

L’histoire de Sherbatov a de quoi donner des frissons dans le dos, et ce qui compte plus que tout désormais, c’est de passer du temps avec sa famille.

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