MONTRÉAL – Maintenant qu’il a la confirmation qu’il ne jouera plus dans la Ligue américaine cette saison, Alexandre Carrier caresse l’objectif avoué de ne plus jamais y effectuer un seul coup de patin.

Après quatre années passées dans le programme de développement des Predators de Nashville, le défenseur de 23 ans se sent mûr pour une transition définitive vers la Ligue nationale.

« Je suis prêt à faire le saut à temps plein, approuve-t-il en entrevue téléphonique. Il y a toujours des choses que tu ne contrôles pas par rapport à ça. Ma job, ça sera d’arriver au camp, peu importe quand ça aura lieu, en pleine forme. Mais c’est sûr que dans ma tête, je me vois rester en haut. Je crois sincèrement que je suis rendu là. »

Rien n’est jamais garanti, mais quelques indices permettent de croire que l’organisation des Predators partage cette évaluation. Il y a un mois, Carrier a signé un nouveau pacte de trois ans, à deux volets, avec l’équipe qui l’a repêché en quatrième ronde en 2015. Le jeune Montréalais n’est pas non plus sans savoir qu’au-delà du solide top-4 des Preds, des vétérans sont arrivés à la fin de leur contrat – Dan Hamhuis, Yannick Weber et Korbinian Holzer, pour ne pas les nommer - et pourraient ne pas être retenus à l’ouverture du marché des joueurs autonomes.

Et puis il y a le fait que Carrier sort d’une solide saison avec le club-école. Il a été le quart-arrière de la meilleure équipe de la Ligue américaine avec une récolte de 37 points en 55 parties. Il a aussi obtenu un premier rappel dans la grande ligue depuis sa saison recrue, une audition brève, mais qui l’a rassuré.

« Ça faisait quand même trois ans que je n’avais pas eu cette chance, donc j’étais étonnamment stressé à mon premier match. Mais les deux autres, ça a super bien été. J’étais vraiment plus à l’aise. Je n’ai pas joué des tonnes de minutes, mais j’avais l’impression de provoquer des choses quand j’étais sur la glace, surtout dans mon deuxième match à Winnipeg,  C’était ça mon but. »

Les quatre dernières années ont été une épreuve de patience pour l’ancien des Olympiques de Gatineau. Après avoir goûté à la LNH à l’âge de 20 ans, il a dû jouer 220 matchs dans la Ligue américaine avant d’avoir une autre chance de s’y faire valoir.

« C’est sûr que j’avais hâte que ça revienne. Ça n’avait pas été long que j’avais eu mon premier rappel, alors j’étais peut-être resté avec l’impression que c’était plus facile que ce que le monde disait. Mais à ma deuxième année, ça avait moins bien été et je ne m’attendais pas à être rappelé à ce moment-là. Je ne le méritais pas.

Carrier, qui a vécu de l’intérieur le long parcours des Predators vers la finale de la coupe Stanley au printemps 2017, estime avec le recul qu’il ne s’était pas préparé de façon adéquate pour sa deuxième saison chez les professionnels. En conséquence, un manque de constance inhabituel s’est immiscé dans son jeu, une tare dont il a eu besoin de plus d’un an pour se débarrasser.

« Cette année-là, je l’ai finie avec un différentiel de -14. Ça ne m’était jamais arrivé avant. Il y a eu plein de petites choses comme ça, mais je pense que ça fait partie d’un processus d’apprentissage normal. »

Depuis deux ans, Carrier a transformé ses carences en atouts. Lorsque la saison de la Ligue américaine a pris fin, il y a deux mois, il pointait au neuvième rang du classement des pointeurs parmi les défenseurs du circuit. Des huit joueurs qui le précédaient dans ce palmarès, un seul affichait un différentiel supérieur à sa fiche de +15. En janvier, le Québécois avait été récompensé en recevant sa deuxième invitation en carrière au match des étoiles de la LAH.

« Je crois que la constance est rendue l’une de mes forces. Je ne suis pas le gars le plus spectaculaire, mais les entraîneurs  savent ce que j’amène dans un match et savent ce qu’ils auront avec moi à chaque soir. »

En confinement dans la métropole, Carrier garde la forme en suivant le programme qui lui a été envoyé par le responsable du conditionnement physique des Admirals de Milwaukee, l’équipe qu’il a représentée pendant les quatre dernières années. Le matin, il se rend sur le Mont Royal pour y effectuer des sprints avant que la montagne ne soit envahie par les coureurs.

Les joueurs de la Ligue américaine se sont fait dire de se tenir prêt à participer à une éventuelle relance estivale de la LNH. Si tel devait être le cas, Carrier est confiant qu’il serait l’un des élus appelés en renfort dans ces conditions singulières.

« À chaque année, quand Nashville entre en séries, je fais partie des black aces. Je ne vois pas pourquoi ça serait différent, mais on va voir. Personne ne sait vraiment ce qui se passe, précise-t-il. En vrai, ce qu’ils nous ont dit cette semaine, on savait déjà que ça allait arriver. À part ça, il reste pas mal plus de questions que de réponses. »