LAVAL – Olivier Archambault venait de déposer ses valises après un voyage de 14 heures en autobus, lundi, quand il a appris qu’il n’aurait même pas le temps de faire une brassée de blanc. Du Texas, il devait prendre un avion qui allait lui faire traverser le continent afin d’aller joindre les rangs du club-école du Lightning de Tampa Bay, qui venait de lui consentir un essai professionnel.

Malgré la fatigue, Archambault avait le sourire facile mercredi matin près du vestiaire du Crunch de Syracuse. Non seulement le natif de Le Gardeur se préparait à disputer un rare match devant les membres de sa famille, mais son nouvel entraîneur lui avait conseillé d’attacher ses patins serrés. Les récents rappels de Matthew Peca et Michaël Bournival dans la LNH ont créé des brèches importantes dans l’effectif du Crunch et Benoît Groulx n’avait pas l’intention de donner des « bottes à cap » à une ballerine.

Groulx a connu Archambault comme un joueur offensif lors de ses cinq années dans la LHJMQ et c’est dans ce rôle qu’il comptait l’utiliser contre le Rocket de Laval. 

« On sait tous que la Ligue américaine, c’est une ligue d’opportunités, a exposé le pilote d’expérience. Les joueurs qui disent  qu’ils ne sont jamais rappelés, que personne ne pense à eux, qui veulent jouer sur l’avantage numérique, le désavantage numérique, qui veulent plus de temps de glace... [Pour Olivier], c’est à soir! Ce n’est pas demain. N’arrive pas demain matin en me disant que tu as manqué ton coup! C’est à soir que ça se passe. »

« C’est le fun, quand tu te fais rappeler, de te voir offrir une vraie chance de jouer sur le jeu de puissance et sur les deux premières lignes, réalise l’attaquant de 24 ans. C’est ce que tu veux, tu ne veux pas arriver et jouer sur un quatrième trio. Je veux dire, je le ferais! Mais ce n’est pas mon genre de hockey. »

C’est la deuxième fois cette saison qu’Archambault, qui a pris le pari de signer un contrat à volet unique dans la Ligue de la Côte Est (ECHL) durant l’été, reçoit une invitation d’un club de la Ligue américaine. Le Barracuda de San Jose, l’équipe réserve des Sharks, avait fait appel à ses services en octobre. Son séjour, qui avait débuté par une séquence de quatre points en cinq matchs, s’est étiré jusqu’en décembre. Mais quand les réguliers ont été en mesure de reprendre leur place, Archambault était le plus près de la sortie.

« Je serais menteur si je te disais que je n’ai pas ‘babouné’ pendant les deux ou trois premières pratiques. Je n’étais pas content, admet-il. Je sais que j’ai bien fait là-bas et que j’aurais peut-être dû rester. Mais en même temps je comprends la réalité. Ça fait partie du hockey. »  

« Je connais mon talent »

Les chiffres disent qu’Archambault a su canaliser efficacement sa frustration. À son retour dans la ECHL, il a récolté au moins un point dans sept matchs de suite. Depuis le début de la saison, l’ancien choix de quatrième ronde du Canadien brûle la Ligue avec une production de 31 points en 19 matchs.

« Cette année, je suis arrivé avec une mentalité différente, affirme celui qui a porté les couleurs de trois équipes dans le circuit Courteau. Dans le passé, j’étais tout le temps en train de regarder ailleurs. Je me demandais pourquoi je n’étais pas à tel endroit ou pourquoi untel y était à ma place. Plusieurs d’amis m’ont conseillé de me mettre moins de pression sur les épaules et aujourd’hui, je réalise que je suis privilégié. C’est vrai que ce n’est pas toujours rose, mais il y a beaucoup de monde qui aimerait être à ma place. Il y a deux heures par jour où je dois travailler, je ne suis pas dans un bureau de 8 à 8. Alors je m’amuse et j’en profite. »

« Je connais mon talent, ajoute Archambault, qui a disputé 52 matchs dans la Ligue américaine et 142 autres dans la East Coast depuis qu’il est passé chez les pros. Ce n’est pas prétentieux, c’est juste que je sais ce que je suis capable de faire et cette année, je le prouve. »

Benoït Groulx l’a réitéré mercredi. Si Archambault a présentement une place dans son vestiaire, « c’est parce qu’il nous faut des joueurs qui ont assez d’habiletés, assez de vitesse ». Lorsque les joueurs qui comblaient à l’origine ce besoin seront de retour, qui sait ce qui arrivera de sa solution de rechange?

« Je sais que je n’ai pas beaucoup de marge de manœuvre, mais ça ne me dérange pas, reconnaît Archambault en souriant. J’aime mieux être ici que dans la East Coast. Je sais ce que je suis capable de faire, je sais que je suis capable de réussir ici. »

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