BROSSARD, Qc – Actuellement, Phélix Martineau devrait assister à des cours à l’Université Concordia. Il s’était engagé à poursuivre son parcours de hockeyeur avec les Stingers. Une surprise l’attendait toutefois au détour alors que le Rocket de Laval lui a consenti un contrat.

La sensation doit être difficile à battre lorsqu’on s’est préparé mentalement à renoncer à une carrière professionnelle.

« À la fin de la dernière saison, je ne pensais pas que les équipes professionnelles seraient intéressées à m’accorder un contrat. Mon but était d’aller à l’école et je continue de suivre des cours parce que c’est important pour moi, mais je vais aller le plus loin que le hockey peut me mener », a confié Martineau qui s’était inscrit au programme pour devenir thérapeute athlétique.

On déduit que le niveau de satisfaction doit être décuplé quand on doit changer nos plans de cette manière.  

« Oui, c’est vraiment agréable. Toute ma famille était contente. J’ai joué tout mon junior à 15 heures de la maison et je me retrouve maintenant à 15 minutes pour mes débuts professionnels. Je vais pouvoir voir mes parents, ma famille, mes amis », a-t-il comparé avec plaisir.

L’excitation a d’ailleurs grimpé d’un cran à l’intérieur de Joël Bouchard quand on a prononcé son nom.

« Phélix, je l’ai toujours beaucoup aimé et c’était la même chose pour l’organisation du Canadien. C’est un jeune passionné, un travaillant, un bon joueur de hockey. Il a été au Cap-Breton, ce n’est pas une place facile où jouer dans le junior, mais ça forge le caractère des gars qui vont jouer là-bas. On a vu les bons joueurs (dont Marc-André Fleury, William Carrier et Pierre-Luc Dubois) qui sont sortis de là. Phélix était l’un des leaders de l’équipe et son entraîneur Marc-André Dumont parle de lui de manière élogieuse. C’est un gars simple et c’est le fun de l’avoir ici », a commenté Bouchard.

Ça tombe bien Joël, on avait justement eu l’idée d’appeler Dumont pour en apprendre davantage sur son dernier protégé à accéder aux rangs professionnels.  

« C’est un joueur d’énergie qui a beaucoup de vitesse. Il est capable d’embarquer dans sa présence et de travailler d’arrache-pied pour créer des jeux. Il est aussi responsable défensivement et il peut jouer autant au centre, sa position plus naturelle, qu’à l’aile droite », a décrit Dumont au RDS.ca.

« C’est un jeune très intense et très près de ses coéquipiers. Il a été notre capitaine l’an passé et il s’est bien occupé de notre groupe qui était jeune », a ajouté Dumont sur celui qui n’est pas du style à s’endormir pendant une ou deux présences.

Durant son passage avec les Screaming Eagles, Martineau a réussi des saisons de 25, 43, 47 et 66 points, des statistiques plutôt intéressantes pour son profil de joueur. Dans la Ligue américaine, il risque de se démarquer avant tout par son intensité et son jeu défensif.

Cela dit, Martineau a pu prolonger sa dernière saison en faisant le saut dans la ECHL avec les Komets de Fort Wayne en Indiana. À ses premiers pas dans un circuit « d’hommes », il s’est illustré avec 11 points en 13 parties dont 8 points en séries éliminatoires.

« Je suis arrivé sans trop savoir à quoi m’attendre et on m’a placé dans des situations avantageuses avec de bons joueurs. Les choses ont cliqué rapidement et j’ai pu contribuer. J’ai bien aimé mon expérience et ça m’a permis de signer ce contrat avec le Rocket », a-t-il mentionné.

Par conséquent, Martineau ne devrait pas frapper un mur en découvrant l’opposition dans la Ligue américaine. Dumont considère qu’il parviendra à s’ajuster à sa nouvelle réalité avant qu’on se pose trop de questions par rapport à son rendement.

« Le saut entre le junior et la Ligue américaine est immense et encore sous-estimé. C’est la marche la plus haute dans tous les niveaux si on compare de grimper du midget AAA à la LHJMQ ou bien de la LAH à la LNH. Ce qui l’aide, c’est qu’il est un travaillant, qu’il est intelligent et qu’il possède beaucoup de vitesse. Ça me laisse croire qu’il aura des outils pour se débrouiller rapidement et qu’il s’adaptera ensuite », a évalué Dumont.

Comme Bouchard le faisait remarquer, s’expatrier au Cap-Breton développe le caractère et Martineau croit qu’il en récoltera les bénéfices durant les prochaines semaines.

« Quand je suis arrivé à 17 ans, sans parler anglais et dans une nouvelle pension loin de mes parents, c’est quelque chose qui a été assez difficile sur le moral et le caractère, mais ça prépare pour de nouvelles épreuves », a admis l’athlète de cinq pieds neuf pouces et 182 livres.

« Tout est surprenant pour moi présentement. Je suis parti d’un gars qui n’a pas été repêché LHJMQ, qui est arrivé à 17 ans en finissant par se tailler une place dans l’équipe. Tout est du bonus, j’essaie d’en profiter le plus que je peux », a-t-il ajouté.

Quand il aura besoin de conseils, il ne sera pas gêné de sonder son nouvel entraîneur adjoint, Alex Burrows, qui était déjà l’une de ses inspirations.  

« J’ai beaucoup regardé son cheminement, il a justement passé par la ECHL pour faire sa place jusque dans la LNH. Je me suis entraîné avec lui lors des deux dernières années à Boisbriand. J’ai pu le voir à l’œuvre et apprendre de lui. J’ai la chance qu’il soit assistant maintenant avec le Rocket. C’est la même chose pour Antoine Roussel qui a un style semblable au mien », a confié le patineur de 21 ans.

Maintenant que ses études à temps plein à Concordia sont sur la glace, Martineau se permet de croire à l’étape ultime.

« Rendu ici, c’est dream big, je ne m’impose pas de limites. Je sais que ce sera difficile d’atteindre la LNH, mais ça commence par bien jouer mon rôle à Laval et on verra après », a déterminé le droitier.