BOISBRIAND – Jérémy Roy plaide coupable. Comme plusieurs, il n’aurait peut-être pas parié sur les chances de l’Armada Blainville-Boisbriand de renverser les Foreurs de Val-d’Or au premier tour des séries l’an dernier.

Il n’est pas le seul.

Mais ça ne veut pas dire que l’exploit réalisé par l’infatigable troupe de Joël Bouchard l’a surpris pour autant.

« J’ai joué pendant trois ans contre cette équipe et peu importe son alignement, elle est tout le temps extrêmement dur à affronter. Le système de jeu est respecté par tous les gars et ils travaillent tous sans relâche. Ç’a toujours été une équipe pouvant causer des surprises », rappelle le défenseur étoile de 19 ans.

Reste que d’éliminer en six matchs un club qui avait amassé 47 points de plus au classement, celle-là, bien peu de gens l’avaient vu venir.

« Contre Val-d’Or, personne ne les voyait gagner... sauf eux. C’est la mentalité prônée dans ce vestiaire », ne peut que constater Roy, nouveau membre de l’équipage.

Acquis du Phoenix de Sherbrooke au cours de la saison morte en retour de trois choix de repêchage, dont deux de premier tour, Roy n’est que l’un des rares ajouts faits à cette formation qui comptent avant tout bâtir sur les fondations coulées l’an dernier au fil d’une campagne pour le moins éprouvante.

Amorçant un cycle de reconstruction, l’Armada a d’abord été touché durement par les blessures. Tellement que le club des Basses-Laurentides a souvent dû se débrouiller sans sept de ses joueurs réguliers en première moitié de calendrier.

Rien pour aider la chimie d’équipe.

« On était dans le bateau, mais personne ne ramait dans la bonne direction », observe aujourd’hui le vétéran défenseur de 20 ans Guillaume Beaudoin.

Si bien qu’à la période de transactions des Fêtes, le directeur général et entraîneur-chef Joël Bouchard a ressenti le besoin de sacrifier quelques bons soldats qu'il appréciait, notamment Nathanael Halbert, Samuel Tremblay et Alexandre Delisle-Houde.

« (Les blessures), ç’a donné du caractère aux gars, mais il y avait autre chose qu’il fallait qu’on change. Je ne tripais pas pantoute sur la dynamique de l’équipe pour différentes raisons, dont les blessures et la mauvaise vibe. C’est pour ça qu’après Noël, on y est allé avec aucun gars de 20 ans (NDLR : Philippe Sanche étant blessé). On est y est allé juste avec les jeunes. On leur a donné bien du millage et de la broue dans le toupet. »

Souvent décoiffée, la jeune relève de l’Armada a toutefois fini par s’approprier le style increvable si caractéristique de l’organisation depuis son transfert de Verdun à Boisbriand en 2011.

« À trois semaines des séries, je savais qu’on allait être correct, note Bouchard. J’avais une certaine confiance, j’en avais vu d’autres. Je savais qu’on allait être fatigant. »

Après avoir fait bien plus qu’importuner les Foreurs, l’Armada a su rivaliser au deuxième tour avec les Huskies de Rouyn-Noranda, arrachant même le premier match de la série avant de finalement s’avouer vaincu en cinq rencontres face aux éventuels champions du circuit Courteau.

« On a étiré l’élastique à son maximum », résume Bouchard.

L’attaque, c’est la défense

Cinq mois plus tard, l’élastique est presque le même. Il a seulement gagné en élasticité. À la précieuse expérience acquise la saison dernière dans l’adversité s’ajoute désormais celle de Roy et de l’attaquant Alexandre Alain.

Acquis des Olympiques de Gatineau en retour de deux choix de repêchage, Alain viendra prêter main-forte à une jeune attaque qui devrait être encore menée par les Joël Teasdale, Alexander Katerinakis et cie.

« Je m’attends à une production de sa part parce qu’il en est capable et qu’il l’a. Pour le moment, je le laisse jouer, je le laisse aller. Qu’il joue », note Bouchard, qui promet d’ajuster le tir si cela s’avère nécessaire.

Joël BouchardLe mandat de redresser cette attaque qui n’a marqué que 171 buts la saison dernière (17e dans la LHJMQ) ne reviendra toutefois pas qu’à Alain. Pas plus qu’aux deux nouveaux venus européens, Alex Simic et Christian Wejse d’ailleurs.

C’est sur ses défenseurs que Bouchard se rabattra d’abord pour bonifier sa récolte offensive.

« On a des défenseurs d’expérience et beaucoup de profondeur. Ce sont eux qui contrôlent le jeu. C’est là que ça se passe. Je vais mettre la barre haute pour eux parce qu’ils en sont capables », annonce l’entraîneur-chef par excellence du circuit Courteau en 2014-2015.

« On est tous à maturité et on est prêt. On sait comment jouer sous pression dans toutes les facettes du jeu », confirme Beaudoin, qui en sera à sa cinquième saison avec l’Armada.

Des huit arrières qui ont mérité un poste au sein de la brigade défensive de l’Armada, seul Jérémy Roy, un choix de deuxième tour des Sharks de San Jose en 2015 (31e au total), n’a pas défendu les couleurs de l’équipe l’an dernier.

« Jérémy, ce n’est pour moi qu’un autre morceau s’ajoutant à une défense déjà bien nantie, estime Bouchard. On avait une bonne défense et elle va être encore meilleure. Il aura le même mandat que les autres joueurs, c’est-à-dire de bien jouer défensivement quand il n’a pas la rondelle et bien offensivement quand il l’aura. C’est sûr que certains défenseurs ont plus d’habiletés que d’autres. Je vais le laisser jouer pour voir comment il va se démêler là-dedans. Je ne suis pas stressé du tout. Qu’il court, qu’il court dans le champ. »

Montembeault ou Leclerc?

Aussi étanche soit-elle, la défense de l’Armada pourrait perdre l’un de ses plus précieux atouts advenant que le gardien Samuel Montembeault, grand artisan de la victoire face aux Foreurs le printemps dernier, gradue chez les professionnels.

Choix de troisième ronde en 2015, le portier de 19 est sous contrat avec les Panthers de la Floride et quittera sous peu pour prendre part au camp d’entraînement de l’équipe.

Reviendra, reviendra pas, Bouchard n’est pas du genre à s’en ronger les ongles.

« Je contrôle ce que je peux contrôler et il contrôle ce qu’il peut contrôler : les pads et le reste du stock », raisonne Bouchard, qui n’hésitera pas à remettre le filet à Francis Leclerc dans l’éventualité où il devrait faire une croix sur son gardien étoile.

Et ne compter pas sur le grand patron de l’Armada pour revoir à la baisse les objectifs à la baisse en pareilles circonstances. Ça aussi, ce n’est pas son genre.

« Je sais où on peut être en partant la saison, mais je veux qu’on soit ailleurs après Noël. [...] On va faire exactement ce qu’on a toujours fait : jouer pour gagner. Qu’on ait été 14e ou 15e l’an dernier, on jouait pour gagner. Ce sera toujours comme ça. »