MONTRÉAL – Quand il est question de l’imposante récolte d’espoirs que le Canadien a mis en réserve au repêchage de 2018, les rapports positifs abondent.

 

Le Finlandais Jesse Ylonen et le Russe Alexander Romanov sont à ce jour considérés comme deux des talents les plus prometteurs de l’organisation.
 

Cam Hillis est le nouveau capitaine du Storm de Guelph, Jordan Harris connaît un début de saison du tonnerre à l’Université Northeastern et Allan McShane et Cole Fonstad sont sur le radar d’Équipe Canada junior. Même le choix de septième ronde de cette cuvée, Brett Stapley, a attiré l’attention pendant une saison recrue au-dessus des attentes à l’Université de Denver. 

 

Après avoir fait son chemin de façon plus discrète dans l’année qui a suivi sa sélection, Samuel Houde pourrait être en train d’insérer son nom dans la conversation.

 

Houde, le seul Québécois parmi les onze joueurs repêchés par le Canadien il y a un an, est en feu. L’attaquant des Saguenéens de Chicoutimi a récolté au moins un point dans chacun de ses 13 derniers matchs, la plus longue séquence du genre cette saison dans la LHJMQ, et après 15 matchs il est le meilleur marqueur des Sags avec 23 points. À ce rythme, il pourrait dépasser sa production totale de l’année dernière avant que la première neige ne recouvre le parc des Laurentides.

 

Houde admet s’être débarrassé d’un poids qui le ralentissait l’année dernière. De son propre aveu, la pression d’être associé à l’organisation du Canadien a eu le meilleur sur ses bonnes intentions et l’a longtemps empêché de contribuer à la hauteur de son potentiel.  

 

« Je pense que j’accordais un peu trop d’importance aux statistiques en début de saison [l’an dernier], confiait-t-il en entrevue cette semaine. Je venais de me faire repêcher, j’me disais ‘Ok, faut que je connaisse une bonne saison’. Pas pour plaire, mais pour démontrer qu’ils avaient bien fait de me repêcher. Je pense que c’était lourd sans que je m’en rende compte. J’essayais de ne pas me mettre de pression, mais je pense que ça m’en mettait quand même. Je ne sais pas trop comment l’expliquer. Je me suis rendu compte par après que ça m’avait mis de la pression et je n’aurais pas dû m’en mettre. »

 

Le natif de Blainville dit être arrivé à son troisième camp d’entraînement avec une attitude renouvelée et la volonté d’être reconnu comme un leader au sein d’un groupe qui était vu comme un sérieux aspirant aux grands honneurs. C’est son nouvel état d’esprit, croit-il, qui lui a procuré les clés de la constance qu’il affiche présentement.

 

« Certains ne s’en sortent pas »

 

« Les chiffres ne sont pas trompeurs du tout, témoigne son entraîneur Yanick Jean. C’est de loin l’un des joueurs les plus constants dans la ligue depuis le début de la saison. C’est un des gars qui a augmenté son niveau de jeu incroyablement depuis le début de l’année passée. Il est allé chercher une constance après 15 matchs qui rend tout le monde content ici, et lui le premier, je pense. Il joue avec du pace. Il est tellement rapide. »

 

Jean, qui a dirigé son 900e match de saison régulière dans la LHJMQ dimanche dernier, a vu passer plusieurs étoiles filantes au cours de sa carrière. Des joueurs étouffés par les attentes de leur entourage, d’autres qui ne sont jamais descendus du piédestal sur lequel on les avait prématurément placés. Des joueurs qui se laissent attirer dans l’engrenage et qui perdent de vue l’essentiel.

 

« C’est clair, il y en a qui ne s’en sortent pas, se désole l’entraîneur d’expérience. Ce sont des petits problèmes à la base. Oups, je passe mon temps à regarder les médias sociaux. Oups, je passe mon temps à regarder les statistiques, le jeu des comparaisons, quel joueur est repêché où... Ton focus est partout, sauf sur la tâche à accomplir. C’est ça, se mettre de la pression. Je ne te dis pas que ça a été nécessairement ça avec Samuel, mais sûrement qu’il y a une partie de ça. »

 

« Comme coach, tu peux seulement faire une infime partie du travail. Tu peux donner des conseils, tu peux essayer d’aider, tu peux essayer de prévenir. Au bout du compte, le joueur, faut qu’il le réalise. Souvent, on minimise ça. Les jeunes se font une espèce de paravent, une barrière, disent ‘Non, non, je suis correct’, mais dans le fond ce n’est pas tout le temps facile. C’est quelque chose de gros, être un Québécois repêché par le Canadien. Sûrement que oui, avec le recul, ça a eu un impact sur Sam. Mais je le sens complètement ailleurs cette année. »

 

Harvey-Pinard, un complice

 

Houde vit son succès en compagnie d’un autre espoir du Canadien. Depuis une dizaine de matchs, on l’envoie dans la mêlée en compagnie de Rafaël Harvey-Pinard, un vétéran de 20 ans que les Sags ont acquis des Huskies de Rouyn-Noranda durant la saison morte et en qui le CH a investi un choix de septième ronde en juin.

 

Un lien de confiance existait déjà entre les deux compagnons quand ils se sont retrouvés sur le même trio. Houde se souvient que dans les semaines qui avaient précédé le repêchage de 2018, il s’était lié d’amitié avec RHP lors d’un camp d’évaluation privé tenu par les Blackhawks à Chicago. Les deux se sont retrouvés cet été à Brossard, au camp de développement du Canadien, puis au tournoi des recrues en septembre.

 

« Il jouait un peu plus que moi, il avait un gros rôle, mais on s’encourageait mutuellement et notre relation continue de se développer. Le meilleur reste à venir », prévoit Houde, qui s’attend à garder son productif ailier malgré le retour au jeu imminent de Théo Rochette et celui, plus incertain, d’Hendrix Lapierre.

 

« On a comme pris l’équipe en charge. C’est un bon exemple de ce qu’on est capable d’amener », dit celui qui a jusqu'au 1er juin pour convaincre le Canadien de lui accorder un premier contrat.

 

« Il jouait dans notre top-6 l’année passée, il jouait dans notre top-6 il y a deux ans et il va y rester cette année, assure Yanick Jean. On s’attendait à ce que Sam soit un bon joueur dans notre équipe. Maintenant, je suis obligé de te dire que Sam est un excellent joueur pour nous. »