Les joueurs de la LNH sont privés de hockey depuis près de deux mois maintenant. Pour certains, il peut être difficile de se trouver des occupations, outre le fait de se garder en forme. Pour Antoine Roussel, ce n'est pas le travail qu'il manque!

« Je me lève à 5 h 45 et je m'entraîne. Vers 7 h j'ai fini, je déjeune et je me rends ensuite à la cabane pour préparer du sirop. On remplit les cannes, on vérifie nos lignes pour savoir si la tubulure est sous tension. »

Tout ce jargon nous emmène assez loin du hockey. Si le mot « tubulure » fait partie du vocabulaire d'Antoine, c'est parce qu'il a fait de l'acériculture une passion depuis plusieurs années déjà.

« Il y a une dizaine d'années, mon beau père a acheté l'érablière, alors que je jouais encore avec les Saguenéens, raconte celui qui porte aujourd'hui l'uniforme des Canucks de Vancouver. Dans ces années-là, on ne passait pas souvent la première ronde et je me cherchais des jobs! On n’avait pas la tubulure à l'époque, on devait récupérer les seaux sur les arbres et les ramener à la cabane. J'aimais beaucoup travailler dans le bois. »

Antoine est aujourd'hui copropriétaire de l'érablière, avec son beau-père Sylvain Néron. Il y a quelques semaines, Antoine, sa femme et leurs deux jeunes enfants ont traversé le Canada de Vancouver au Saguenay, pour rejoindre la belle famille et participer activement à la saison des sucres.

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Antoine a les deux mains dedans! Il s'implique à fond dans ce projet qui le passionne et qui le gardera actif une fois sa carrière de joueur de hockey terminée.

« J'ai suivi un cours à distance à l'université Laval l'automne dernier, je savais que ça m'intéressait et c'est vraiment passionnant. Et l'horaire est ce qui me tient en vie. Sinon je tourne en rond et ma conjointe n'aime pas vraiment ça quand je tourne en rond! », raconte Antoine en rigolant, assis dans le décor enchanteur de son érablière.

Il a toutefois développé un grand sentiment de respect pour les entrepreneurs qui doivent trouver un équilibre entre leurs vies professionnelles et personnelles.

« Je comprends vraiment ce que c'est d'être un entrepreneur. Je lève mon chapeau à ceux qui sont capables d'allier la famille, la femme et le travail. Souvent, un des trois facteurs peut être diminué. Je suis beaucoup plus impliqué avec les enfants comme joueur de hockey, alors que je rentre habituellement à la maison en début d'après-midi. »

Même si son nouveau métier d'acériculteur l'occupe énormément, il ne cache pas que le hockey lui manque beaucoup. À 30 ans, il a encore de belles années de hockey devant lui et il avoue qu'il sera encore plus passionné par son sport lorsque l'action reprendra. Mais même dans le domaine de l'érable, le hockey n'est jamais trop loin.

« Dans la région, il m'arrive de me faire reconnaître. Les gens veulent souvent savoir si j'ai des informations sur la LNH, je leur dis que je prends mes infos de Patrick Friolet! dit-il le sourire aux lèvres. En faisant des livraisons, je vois parfois des jeunes qui jouent au hockey et il arrive que je m'arrête pour leur donner des conseils. Quand j'étais jeune, j'aurais bien aimé qu'un joueur de la LNH fasse la même chose pour moi! »

Quand il ne livre pas lui-même ses produits, ses produits viennent parfois à lui. Cette saison, il a eu la chance d'en faire profiter ses coéquipiers lors d'une visite des Canucks dans l'est du pays.

« Après le match à Montréal, nous sommes allés à Ottawa et la belle famille est arrivée chargée jusqu'au cou avec du sirop d'érable et du beurre d'érable. C'est parti comme des pains chauds! »

Il promet d'en faire profiter ses amis de la région de Montréal à sa prochaine visite.

« Quand je vais descendre à Montréal, la boîte de pickup va être ben pleine ! »

Cette phrase lancée avec le sourire, avec un accent qui allie à merveille la France, le Québec et le Saguenay nous permet de constater à quel point Antoine baigne plus que jamais dans la culture québécoise et le sirop !