Sam Bennett : « l'animal » qui fera sauter la banque
FORT LAUDERDALE - Héros de la première victoire des Panthers, vendredi dernier, à Edmonton, un gain arraché en prolongation avec un but marqué au terme d'une longue échappée, Brad Marchand avait le mandat de couronner son successeur lundi soir.
Le score final de 6-1 et le tumulte associé aux nombreux assauts des joueurs des Oilers qui « préparaient » le prochain match, un match pivot qui sera disputé jeudi soir, ouvraient la porte à plusieurs candidatures.
En bon leader qu'il est, Marchand a salué les performances de plusieurs de ses coéquipiers en marchant au centre du vestiaire.
Mais quand est venu le temps de remettre la rondelle du match au héros de la rencontre, Marchand s'est dirigé tout droit vers Sam Bennett qu'il a qualifié d'animal!
Bennett a accepté le compliment et la rondelle avec un large sourire. En ajoutant cette rondelle aux 11 autres associées aux victoires signées aux dépens du Lightning, les Maple Leafs, des Hurricanes et des Oilers, Bennett a simplement lancé : « Il nous en manque deux! »
Une heure plus tard, débarqué devant les journalistes, douché, bien peigné, vêtu d'un complet spectaculairement carrelé alors que son coéquipier Sam Reinhart était toujours en sous-vêtements, Marchand a qualifié Bennett d'animal une deuxième fois.
« Il est capable de s'imposer dans toutes les facettes du jeu quand il saute sur la patinoire. Le but qu'il a marqué ce soir est l'exemple parfait », a assuré Marchand.
L'ancien des Bruins faisait référence au but qui a donné les devants 4-1 aux Panthers. Un but qui a pratiquement mis le match hors de portée des Oilers. Remarquez qu'il l'était peut-être déjà.
Mais avant de marquer au terme d'une longue échappée offerte par Eetu Luostarinen, Bennett a frappé rondement et coup sur coup Vasily Podkolzin et John Klingberg pour court-circuiter l'entrée de zone des Oilers.
Marchand a bien raison quand il affirme que Sam Bennett domine la patinoire lorsqu'il y pose les patins.
Ses 14 buts marqués depuis le début des séries – il est le meilleur franc-tireur des séries, domine aussi avec 12 buts enfilés sur les patinoires ennemies et quatre marqués en avantage numérique – et les 20 points qui le placent au quatrième rang des marqueurs confirment son talent offensif indéniable.
Ses 97 mises en échec distribuées en 20 rencontres – il est deuxième derrière Zach Hyman : 111 en 15 parties – confirment son implication physique. Tout comme ses duels devant les filets avec les défenseurs et gardiens adverses pour compliquer leur travail.
Et Bennett fait tout ça dans l'ombre des autres vedettes des Panthers. Des coéquipiers qu'il devance de plusieurs longueurs dans la course au trophée Conn Smythe remis au joueur par excellence des séries.
Vers un salaire moyen de 10 millions $?
Sam Bennett et ses coéquipiers sont à deux victoires d'une deuxième coupe Stanley consécutive.
Une coupe Stanley et un trophée Conn Smythe en prime assureront Sam Bennett de faire sauter la banque le premier juillet s'il décide de profiter du marché des joueurs autonomes. Remarquez qu'il la fera sauter même si la coupe et/ou le Conn Smythe devaient lui filer entre les mains.
Il est acquis autour de la LNH que Bennett sera courtisé par plusieurs formations s'il décide de quitter le sud de la Floride. Il est aussi acquis qu'il touchera un salaire moyen qui dépassera les 8 millions $ par saison... pour plusieurs saisons.
Plusieurs observateurs croient même que la fluctuation à la hausse du plafond l'an prochain et les années qui suivront – de 88 $ qu'il est cette année, le plafond grimpera à 95,5 l'an prochain, à 104 millions dans deux ans et à 113,5 millions $ en 2027-2028 – pourraient permettre à Bennett de signer un contrat à très long terme d'une valeur oscillant autour des 10 millions $ par année.
Ça semble insensé pour un joueur qui aura 29 dans 10 jours et qui termine un contrat de quatre ans d'une valeur de 17,7 millions $. Un contrat qui l'assure d'un salaire moyen de 4,425 millions $ par saison.
Un joueur qui, en dépit du fait qu'il a été un choix de première ronde des Flames de Calgary du repêchage de 2014, n'a jamais atteint le plateau des 30 buts (son sommet est 28) et a fracassé le plateau des 50 points pour la première fois cette saison avec 51.
Mais un animal comme Bennett, tous les directeurs généraux et entraîneurs-chefs de la LNH tiennent à en avoir au moins un au sein de leur formation.
Comme ces animaux ne courent pas les rues et que Bennett et le futur ancien joueur des Maple Leafs Mitch Marner seront les cibles principales sur les étals du marché des joueurs autonomes, il est vraiment permis de croire que Bennett puisse toucher jusqu'à 10 millions $ par saison... en moyenne!
Marchand et Ekblad dans son sillon
Sam Bennett pourrait aussi décider de tourner le dos aux pactoles que plusieurs équipes lui feront miroiter.
Il pourrait se « contenter » de demeurer une aubaine en permettant aux Panthers de le garder à un salaire oscillant entre 7 et 8 millions $. Ce qui représenterait tout de même une belle augmentation, on en conviendra tous.
Du moins, je l'espère.
Cela dit, peu importe le sort de Bennett, il servira la cause de deux de ses coéquipiers : Brad Marchand et Aaron Ekblad qui seront eux aussi en mesure de profiter du marché des joueurs autonomes le premier juillet prochain.
Le cas de Marchand est très intéressant : à 37 ans, il est bien plus près de la retraite que de son apogée. Sauf que Marchand ne fait pas son âge. Loin de là. Il occupe le troisième rang des marqueurs des Panthers; le neuvième au total. Il fait la joie des Panthers et le malheur de leurs adversaires. Il évolue au sein du trio le plus efficace des Panthers. Le plus efficace, et de loin, des deux clubs depuis le début de la finale.
L'ancien des Bruins termine un contrat de huit ans d'une valeur de 49 millions $. Un contrat très avantageux pour les Bruins avec une valeur moyenne de 6,125 millions $ sous le plafond.
Marchand ne signera pas un contrat à long terme. C'est clair. Mais son prochain contrat pourrait lui rapporter plus annuellement que celui qu'il termine. Que ce soit en Floride, si Bennett devait décider de traverser un pont d'or, ou ailleurs.
Car si Bennett est un animal, un animal des séries que toutes les organisations recherchent, Marchand est le genre de « rat » que les coachs et les directeurs généraux ne veulent pas chasser de leur vestiaire. Loin de là!
Aaron Ekblad dans tout ça?
Il a joué un match du tonnerre lundi soir. Il a éteint des Oilers qui l'étaient déjà pas mal avec la solide mise en échec qui a fait culbuter Connor McDavid.
Il a confirmé, avec un jeu défensif louangé par son entraîneur-chef Paul Maurice, qu'il est bien plus qu'un défenseur axé d'abord et avant tout sur l'aspect offensif du jeu.
Ekblad voudrait demeurer en Floride. Normal. Il y a élu domicile lorsque les Panthers l'ont repêché au tout premier rang de la cuvée 2014.
L'ennui pour lui, c'est que Bill Zito a fait l'acquisition de Seth Jones plus tôt cette saison. Initialement, cette acquisition visait à combler la perte d'Ekblad qui a été suspendu pour consommation d'une substance illégale moussant ses performances physiques. Mais Jones a prouvé depuis qu'il pourrait remplacer Ekblad si le directeur général des Panthers décidait de ne pas lui offrir un contrat aussi onéreux (8 ans 60 millions, 7,5 millions $ de moyenne annuelle) que celui qu'il termine cette année.
Comme Bennett et plus encore que Brad Marchand, Aaron Ekblad profitera pleinement de la troisième présence consécutive des Panthers en finale de la coupe Stanley et peut-être d'un deuxième championnat de suite pour faire sauter la banque dans quelques semaines.
Il ne reste qu'à savoir quels clubs décideront de couvrir d'or cet animal, ce rat et ce géant défenseur qu'on pourrait qualifier de Mammouth s'il devait se retrouver à Salt Lake City...