Le 14 mars, Christian Wood des Pistons de Detroit a été l’un des premiers athlètes professionnels en Amérique à avoir été diagnostiqué officiellement atteint de la COVID-19. Une dizaine de jours après que le joueur de la NBA eut été déclaré porteur du virus, Jeff Salajko, l’entraîneur des gardiens de but des Red Wings, a été très malade.

 

Lui aussi avait été infecté.

 

L’homme de 44 ans a passé au travers. Il n’a aucune idée où et comment il a pu contracter le microbe. Par contre il sait une chose, il n’oubliera pas sa mauvaise expérience si l’on se fie à ce qu’il a raconté au gardien québécois Jonathan Bernier.

 

« Il a été infecté à la COVID-19 et le virus l’a frappé environ une semaine après l’annulation des parties. Quand on s’est parlé, il m’a dit que c’était la pire affaire qu’il avait vécue. Il faisait beaucoup de fièvre, il toussait au point d’en vomir, raconte le portier des Wings qui avoue ne pas avoir été réellement inquiété en apprenant la nouvelle. Sur le coup, tu y penses énormément mais ça faisait à peu près trois semaines que l’on n’avait pas été en contact lorsque j’ai su pour lui. On dit qu’après quatorze jours, si tu n’as pas eu de symptômes, normalement ça veut dire que tu n’es pas infecté. »

 

De retour à Detroit avec sa famille, Bernier avait choisi de rentrer au Québec mais ils ont décidé de revenir sur leur idée et de rebrousser chemin au bout de quelques jours seulement. Pour une période de confinement dont la durée se veut impossible à prévoir, leur domicile du Michigan est mieux adapté à la vie avec deux jeunes enfants : Tyler 5 ans et Brady qui a eu 1 an hier.

 

« Ce que je trouve difficile avec le virus de la COVID-19, c’est qu’il y a plusieurs symptômes différents. Pour certains, ça va être une simple fièvre qui va passer en vingt-quatre heures mais ils seront encore porteurs du virus. »

 

« Je garde contact avec les gars surtout en raison des appels que l’on a avec l’Association des joueurs pour voir dans quelle direction ça s’en va. C’est difficile parce que personne ne sait combien de temps ça va durer. On essaie de penser à différents scénarios mais ça devient long à prévoir. D’ailleurs, depuis bientôt deux semaines, mon épouse Martine et moi, on essaie de ne plus regarder les bulletins de nouvelles! On dirait qu’en s’informant à chaque soir, ça devenait encore plus déprimant », ne cache pas le gardien de 31 ans.

 

Si les bulletins d’information ont été écartés de l’horaire, le reste de la routine est assez difficile à modifier. Comme la plupart des parents, les Bernier font l’école à la maison du lundi au vendredi avec Tyler. Quand il fait beau, toute la famille va jouer dehors pour une heure ou deux. Et à travers ces quelques activités, le paternel doit trouver un moyen de garder la forme.

 

« J’ai commandé une machine qui propulse des balles de tennis et je l’ai installée dans mon sous-sol. Je vais pouvoir garder mes réflexes et mes mouvement avec ma mitaine et mon bloqueur. J’ai aussi commandé des poids et quelques trucs. J’ai également un vélo et j’essaie d’en faire chaque jour, sans négliger les étirements qui sont très importants pour un gardien. »  

 

Et Alexis Lafrenière dans tout ça

 

Quand la LNH est tombée sur pause, la saison de misère des Red Wings achevait. Dans les circonstances, Jonathan Bernier présentait des statistiques très respectables avec une fiche de 15-23-2 comparativement à 2-27-2 pour les trois autres gardiens qui se sont partagé le travail à Detroit. Malgré de bons chiffres, il peut devenir dangereux de sombrer dans le découragement quand un club gagne si peu souvent.

 

Il y a Lafrenière, puis il y a les autres

« C’était extrêmement difficile mais je l’avais vécu un peu à Toronto quand les Maple Leafs se sont retrouvés dans le même genre de reconstruction. Ça m’a aidé d’avoir eu cette expérience, surtout dans un gros marché comme Toronto. Quand tu perds souvent, ça devient très lourd pour un gardien et c’est ce j’avais vécu avec les Leafs, avoue Bernier. Au début de l’année, je m’étais dit que si je ne gagnais pas beaucoup de matchs, l’important serait de bien jouer et accomplir les objectifs que je fixe à chaque partie. »

 

Si jamais la LNH parvient à terminer son calendrier cet été, la motivation sera assurément difficile à trouver dans le vestiaire des Red Wings. Pour le début de la prochaine saison, la situation risque toutefois de changer. Surtout si Detroit gagne la loterie et Alexis Lafrenière.

 

« C’est le rêve de Steve Yzerman de mettre la main sur le premier choix. J’ai la chance de m’entraîner avec Laffy depuis quatre ou cinq ans, c’est un joueur exceptionnel et je crois qu’il aurait un impact immédiat, explique Bernier. En ajoutant un gars comme lui, tu changes la dynamique de ton équipe et ça peut même devenir plus facile de séduire des joueurs autonomes. Plutôt que d’avoir une projection de revenir en séries dans cinq ou six ans, ça peut aller plus vite et devenir deux ou trois ans. »