BOCA RATON - Bob Gainey est déjà couvert d’honneurs.

 

Intronisé au Temple de la renommée du hockey depuis 1992, Gainey a soulevé la coupe Stanley à cinq reprises avec le Tricolore (76, 77, 78, 79 et 86), il a été élu joueur par excellence des séries en 1979, il a reçu quatre années consécutives (de 76 à 79) le trophée Frank Selke que la LNH a dû créer afin d’honorer les qualités défensives déployées par l’ancien capitaine du Canadien pendant ses années de gloire. En prime, son chandail numéro 23 est accroché au plafond du Centre Bell en compagnie de tous les autres immortels du Tricolore.

 

Lundi soir, la LNH et ses 31 directeurs généraux réunis à Boca Raton, ont auréolé Bob Gainey d’un honneur supplémentaire en lui faisait une place au sein des plus grands directeurs généraux de l’histoire. Bien loin du faste du Temple de la renommée, des cérémonies de retraits de chandail ou du tintamarre d’un défilé de la coupe Stanley, Gainey a été honoré discrètement dans une salle de réception du Club de golf Boca Rio.

 

« J’ai plusieurs fois assisté à ces soirées alors que je prenais part aux réunions des directeurs généraux. J’étais habitué à honorer les autres. Le fait d’être honoré à mon tour représente une belle façon de faire le pont entre le passé et le moment présent», a indiqué Gainey qui a passé quelques minutes avec un groupe de journalistes de Montréal avant d’aller rejoindre ses anciens homologues.

 

La coupe à Dallas

 

Le passé de Bob Gainey est plus glorieux comme joueur que comme directeur général. Le grand coach russe Viktor Tikhonov a déjà qualifié Gainey de meilleur joueur de hockey au monde. Pas mal pour un gars qui travaillait fort avec et surtout sans la rondelle.

 

Mais s’il n’a pas été en mesure de mener le Canadien aux grands honneurs pendant son règne de DG à Montréal (de 2003 à 2012), Gainey a joué un rôle de premier plan dans la conquête de la coupe Stanley des Stars de Dallas en 1999. Un rôle qui à lui seul lui valait l’honneur réservé par ses pairs lundi soir.

 

Bob Gainey était à la tête des North Stars du Minnesota lorsqu’ils ont migré vers le Sud des États-Unis pour s’installer à Dallas. Une fois au Texas, Gainey a réalisé quelques-unes de ses plus grandes transactions alors qu’il a attiré à Dallas des joueurs comme Brett Hull, Sergei Zubov et Ed Belfour. Il n’a pas hésité à sacrifier un jeune joueur junior très prometteur du nom de Jarome Iginla afin d’obtenir Joe Nieuwendyk des Flames de Calgary. L’élément qui lui manquait pour mener les Stars jusqu’au bout.

 

« Ce qui est le plus satisfaisant dans le travail de directeur général et d’avoir la possibilité de bâtir une équipe. D’avoir le pouvoir de sélectionner les joueurs que tu considères les meilleurs pour remplir les besoins de cette équipe. De trouver des gars qui te donneront des résultats qu’ils n’ont pas été en mesure d’offrir ailleurs parce que tu leur offres de meilleures chances de réussir », a indiqué Gainey.

 

Avec son flegme habituel, mais dans un français encore très bon, Bob Gainey n’a pas trop voulu s’avancer sur ses meilleurs ou ses pires coups.

 

« Des transactions, on en fait tous des bonnes et des moins bonnes. Je dirais que je suis particulièrement fier d’avoir obtenu Sergei Zubov. Pour ce qui est d’avoir perdu Iginla en retour de Nieuwendyk, nous ne savions pas à l’époque quel joueur allait devenir Jarome. Nous avions des besoins immédiats à combler et nous avons permis à Calgary d’obtenir un joueur qui allait marquer leur avenir. C’est une transaction qui a permis aux deux clubs d’obtenir ce qu’ils recherchaient. »

 

Pas de conseils pour Bergevin

 

À l’écart du hockey depuis quelques années déjà, Bob Gainey avait hâte de renouer avec quelques anciens collègues et toujours amis.

 

« Je n’ai plus de contacts avec les dirigeants d’aujourd’hui. Je vais croiser avec plaisir Julien BriseBois avec qui j’ai travaillé à Montréal – l’actuel DG du Lightning était l’adjoint de Gainey avec le Canadien – Doug Armstrong avec qui j’ai travaillé à Dallas et St.Louis, Doug Wilson qui est un bon ami et tous les autres. Ce sera une belle occasion de se remémorer de bons souvenirs et d’apprendre un peu quelle est la réalité des gérants d’aujourd’hui. Une réalité bien différente de celle que j’ai connue. »

 

Bien qu’il ne prenne plus une part active dans les opérations quotidiennes de la LNH, Bob Gainey demeure un amateur de hockey. Il suit les matchs et bien sûr ceux du Canadien de Montréal.

 

Bob Gainey« C’est rendu très difficile de gagner dans la Ligue nationale. Un club comme le Canadien qui était parmi un groupe d’équipes susceptibles de se battre pour une place en séries ne pouvait accumuler autant de blessures comme c’est arrivé en novembre sans en subir les conséquences », a plaidé Gainey qui ne voit pas comment il pourrait servir de mentor à un jeune directeur général comme Marc Bergevin.

 

« Marc n’est pas si jeune. Il a travaillé au sein de l’organisation des Hawks à Chicago. Ça fait cinq, six ans qu’il est à Montréal et il a conclu de très bons échanges. Je ne vois pas ce que je pourrais lui donner comme conseils », a assuré Gainey qui semble bien heureux à titre de retraité.

 

« Comme vous, j’ai travaillé bien trop souvent le soir. Ça ne me manque pas. J’aime bien profiter de mon temps aujourd’hui. Je suis encore un consultant occasionnel à Peterborough – avec les Pete’s son équipe junior dans la Ligue de l’Ontario – mais je n’ai plus de liens dans la LNH. »

 

Débarqué à Montréal en 2003 pour remplacer André Savard à titre de DG du Canadien, Bob Gainey a congédié Claude Julien avant de confier l’équipe à Guy Carbonneau puis à Jacques Martin.

 

Il a quitté ses fonctions en 2010 pour des raisons personnelles. On se souviendra que l’une de ses filles, Laura, alors âgée de 25 ans, est décédée tragiquement, au large de Cap Cod, en décembre 2006, lorsqu’elle a été projetée par-dessus bord d’un grand voilier par une forte vague.

 

Demeuré à l’emploi du Tricolore à titre de conseiller de Pierre Gauthier, son adjoint qui avait alors pris la relève, Gainey a finalement été limogé en 2012 lorsque le nouveau propriétaire Geoff Molson a fait table rase sur l’état-major avant d’embaucher Marc Bergevin qui est en poste depuis.