Impossible de dire si les Blackhawks de Chicago soulèveront la coupe Stanley pour une deuxième année de suite, pour une troisième fois en quatre saisons, ou pour la quatrième reprise en sept ans.

Il est toutefois très facile d’assurer que Stan Bowman vient de mousser les chances de son équipe d’y arriver.

Déjà qu’ils figuraient parmi les favoris pour se rendre jusqu’au bout en juin prochain, voilà que les Hawks sont meilleurs encore au lendemain de l’acquisition d’Andrew Ladd.

À 30 ans, Ladd comptait parmi les joueurs les plus en demande à l’approche de la date limite des transactions. Plus encore que ses 17 buts et 34 points récoltés en 59 matchs, c’est l’implication de l’ancien capitaine des Jets et le fait qu’il sera libre comme l’air une fois la saison terminée qui le rendaient attrayant.

Sur les traces de Vermette

À titre de joueur de location, Ladd pourrait donner aux Hawks exactement ce que le Québécois Antoine Vermette a donné à Chicago le printemps dernier.

Motivé par cette transaction qui lui donnait l’occasion de sortir de l’anonymat de l’Arizona et de croire avec raison à ses chances de mettre son nom sur la coupe Stanley, Vermette a contribué à la conquête de sa nouvelle équipe le printemps dernier. Limité à trois passes seulement lors des 19 matchs de saison régulière disputés après son acquisition, Vermette a enfilé quatre buts en séries éliminatoires, dont trois filets gagnants. Tout ça à 32 ans. Deux ans de plus que Ladd.

Malgré tout ce qu’il a dit de bien et de bon des Jets et sur Winnipeg – et je suis convaincu qu’il était sincère – Andrew Ladd sera ragaillardi par l’attrait d’une troisième coupe Stanley, après celles de 2006 en Caroline et de 2010 à Chicago.

Surtout que l’attaquant ne débarque pas avec son ancienne équipe pour remplir un rôle de soutien. Pour agir à titre de police d’assurance. Selon les plans concoctés par les Hawks, c’est à la gauche de Jonathan Toews que l’ancien capitaine des Jets reviendra à Chicago. Et une fois Marian Hossa remis de la blessure qui le confine à l’inactivité depuis le 13 février dernier, Toew pilotera un trio bien plus redoutable avec Ladd et Hossa qu’avec Andrew Shaw et Richard Panik comme c’est le cas présentement. Déjà très bien nantis avec le trio Panarin-Anisimov-Kane, les Hawks compteront sur un « one-two punch » qui n’aura rien à envier à ceux des Capitals de Washington et des autres prétendants à la coupe Stanley.

Chicago impose son rythme

En rapatriant Ladd à Chicago, Bowman démontre encore son grand talent à titre de directeur général. Il n’a pas réalisé un vol. Ça non. Même que son homologue des Jets Kevin Cheveldayoff a fait du bon travail dans l’équation obtenant Marko Dano et un choix de première ronde, en plus de la possibilité de mettre la main sur le 3e choix des Hawks en 2018 si la coupe Stanley retourne à Chicago en juin prochain. Les Jets garderont 36 % du salaire de Ladd, qui deviendra joueur autonome à la fin de la saison. Une ponction qui ne change rien à la réalité des Jets. Mais une ponction qui pourrait permettre aux Hawks de peut-être ajouter un défenseur d’ici la date limite des transactions.

En plus de mettre la main sur l’un des attaquants les plus convoités à titre de joueur de location – l’autre étant Eric Staal – Bowman met maintenant de la pression sur les équipes qui réfléchissent encore à ce qu’elles doivent faire pour rivaliser avec Chicago une fois en séries.

Et ça c’est un autre bon coup de Bowman. Car en réalisant la première transaction d’importance dans le dernier droit menant au couperet à 15 h lundi, Bowman donne le ton, et surtout, il dicte les prix qui devront être payés au cours des prochains jours.

Si les Ducks, les Kings ou les Stars de Dallas dans l’Ouest, au même titre que les prétendants qui espèrent représenter l’Est en finale de la coupe Stanley, décident de bouger – certains clubs n’ont pas vraiment le choix – non seulement Andrew Ladd ne sera plus disponible, mais il est possible que ces équipes devront payer davantage parce que l’offre sera moins importante que la demande. Comme il l’avait fait l’an dernier avec l’acquisition de Vermette survenu une semaine avant la date limite, Bowman impose encore son rythme au lieu de suivre celui de ses adversaires.

A-t-il payé trop cher?

La réponse est non.

Oui, Bowman a donné aux Jets un jeune joueur de premier plan en Marko Dano. Mais les Hawks étant devenus une pépinière de talent, Bowman considère que ses hommes de hockey pourront l’aider à remplacer Dano.

Quant au premier choix, il devrait être un choix très tardif en première ronde. Peut-être le tout dernier si Chicago devient le premier club depuis les Red Wings de Detroit (1997, 1998) à gagner deux coupes Stanley consécutives.

Et encore là, si tes dépisteurs te permettent de mettre sous contrat un jeune comme Artemi Panarin sous le nez des 29 autres équipes de la LNH, tu peux te permettre de larguer un premier choix au repêchage afin d’aller « all-in » dans ta quête de gagner la coupe Stanley.

L’an dernier, les Hawks ont cédé Klas Dahlbeck et un premier choix aux Coyotes pour obtenir Antoine Vermette. Le défenseur suédois joue sur une base régulière à la ligne bleue en Arizona cette année et Nick Merkley multiplie toujours les points (17 buts, 48 points en 43 matchs) cette année à Kelowna dans la Ligue de l’Ouest. Mais même si Vermette est retourné en Arizona, que Dahlbeck rend de fiers services et que Merkley évolue un jour avec les Coyotes – Don Maloney a bien fait son travail lui aussi – les Blackhawks ont gagné la coupe Stanley l’an dernier. Et gagner la coupe, ça demeure l’objectif premier dans la LNH.

Avec l’acquisition d’Andrew Ladd qui s’ajoute à toutes les autres effectuées depuis sa grande victoire en juin dernier, Stan Bowman donne des moyens supplémentaires à son équipe de la gagner une fois encore.

Ce n’est pas encore fait. J’en conviens. Même qu’il est vrai que les Hawks pourraient être surpris en première ronde. Après tout, ils ont perdu 3-1 contre Nashville dans les heures qui ont suivi l’acquisition de Ladd alors que les Jets, éliminés depuis longtemps, ont doublé les Stars de Dallas 6-3 après avoir perdu leur capitaine.

Mais en attendant de voir ce qui se passera sur la glace, Stan Bowman a agi pour minimiser les risques de surprises désagréables. Une autre preuve qu’il est encore possible, quand on s’en donne la peine, de vraiment améliorer son équipe au lieu de simplement vouloir le faire...