MONTRÉAL - Malgré la multiplication de cas confirmés ou soupçonnés de COVID autour de la LNH, les confinements en cascade de joueurs que les éclosions et mesures préventives ont entraînés et le report de 35 matchs jusqu’ici, les arbitres et juges de lignes ont évité le pire jusqu’ici.

 

Quelques situations ont forcé la Ligue à garder des officiels – les noms et le nombre exact n’ont pas été dévoilés – loin de la patinoire par mesure préventive.  Mais la grande majorité des arbitres ou juges de lignes exclus ont repris leur sifflet. De fait, la Ligue doit composer avec plus de blessures « normales » que de cas associés à la COVID au sein de ses effectifs.

 

Bien qu’elle s’en tire bien pour le moment, la Ligue est toutefois loin de crier victoire. Elle est plus loin encore de même songer à adoucir les protocoles sécuritaires très rigides auxquels ses officiels doivent se soumettre au même titre que les joueurs des 31 formations.

 

« Pour l’instant tout va bien », assurait le juge de lignes québécois Jonny Murray joint par RDS le 1er février dernier, à Tampa Bay, où il s’apprêtait à travailler dans le cadre d’un match opposant le Lightning aux Predators de Nashville.

 

Comme tous ses collègues, le juge de lignes qui a élu domicile en Floride et qui ne peut toujours pas franchir la frontière en raison des règles sanitaires canadiennes doit modifier ses habitudes cette année.

 

Bien que lui et ses collègues travaillent en équipe et qu’ils affichent une grande complicité sur la patinoire comme à l’extérieur des amphithéâtres, Jonny Murray vit en solitaire depuis le début de la saison.

 

« Nous sommes confinés à l’hôtel. Nous n’avons pas le droit de manger dans des restos extérieurs. On peut se faire livrer de la bouffe des restaurants qui font de la livraison ou faire appel au service à la chambre. C’est aussi dans nos chambres que nous devons faire notre entraînement physique quotidien », lance en riant le juge de ligne en soulignant qu’il n’est pas évident de faire un sprint entre la porte d’entrée et la fenêtre d’une chambre d’hôtel. Aussi grande – ou petite – soit-elle.

 

Arbitres et juges de lignes pourraient toujours avoir un accès contrôlé au gymnase des hôtels où ils descendent. Mais c’est loin d’être évident. Car comme les joueurs des 31 clubs et les membres du personnel qui les accompagnent sur la route, les officiels doivent subir quotidiennement des tests de dépistage. Afin de faciliter cette procédure, arbitres et juges de lignes sont donc logés dans les mêmes hôtels où les équipes élisent domicile dans les villes où elles font escale.

 

« On n’a pas le droit d’avoir des contacts avec les joueurs alors il est impossible de prendre la chance de les croiser au gymnase », souligne Murray.

 

Voyage en solitaire

 

Les officiels n’ont pas même le droit d’avoir des contacts entre eux. Ils arrivent seuls dans les amphithéâtres qu’ils visitent et en ressortent tout aussi seuls une fois les matchs terminés, douchés et changés.

 

« C’est le plus gros changement pour nous. Normalement, on voyage en gang. On partage des voitures, des taxis, on marche ensemble, on va manger ensemble. Cette année nous sommes toujours seuls. Pas question de partager un taxi ou une voiture de location. À moins qu’il soit impossible de faire autrement, la Ligue s’assure même que nous ne soyons jamais deux officiels à bord d’un même avion. Une fois à destination, on doit désinfecter nos valises avant de sortir de l’aéroport. Nos réunions pour préparer les matchs et celles que nous faisons pour analyser les parties sont faites à l’hôtel, par zoom, pour limiter au minimum tous les contacts à l’extérieur de la patinoire », explique l’officiel.

 

Dix-huit des trente-et-une équipes ont aussi dû déplacer les arbitres afin de leur offrir un vestiaire assez vaste pour qu’ils puissent respecter la distanciation sécuritaire lorsqu’ils se changent et entre les périodes.

 

Le Canadien est l’une de ces formations. Le «salon» offert habituellement aux arbitres et juges de lignes – situé à quelques pas de la porte empruntée par les resurfaceuses pour entrer et sortir de la patinoire – est trop petit. On les a donc installés dans un vestiaire voisin beaucoup plus grand. Le vestiaire normalement occupé par les jeunes joueurs qui prennent la patinoire du Centre Bell d’assaut lors des premiers entractes.

 

Division canadienne

 

Comme les sept clubs évoluant dans la division nord, les arbitres et juges de lignes qui dirigent les matchs du Canadien, des Sénateurs, des Maple Leafs, des Jets, des Flames, des Oilers et des Canucks sont confinés au nord de la frontière canadienne.

 

C’est pour cette raison que les noms des Québécois Marc Joannette, Eric Furlatt et Michel Cormier reviennent souvent lors des matchs du Tricolore.

 

Comme leurs 16 collègues, les trois Québécois ont décidé de vivre au Canada au lieu d’élire domicile aux USA. La Ligue offre ce choix aux arbitres qui sont répartis dans quatre grandes régions couvrant l’ensemble du circuit de manière à faciliter les déplacements en saison normale. Cette année, pour des raisons évidentes, seuls les arbitres et juges de lignes vivant au Canada peuvent travailler au nord de la frontière.

 

Outre Joanette et Furlatt, les autres arbitres susceptibles de diriger un match du Canadien sont Kevin Pollock, Kendrick Nicholson, Brad Meier, Graham Skilliter et Chris Schlenker. À ces sept réguliers de la LNH s’ajoutent Mitch Dunning, Michael Markovic et Corey Syvret qui sont des arbitres de la Ligue américaine.

 

Vrai que ces arbitres reviennent souvent et que certaines décisions, ou non-décisions, ont soulevé l’ire des fans du Canadien depuis le début de la saison. Mais ces derniers peuvent se consoler à l’idée que les mesures préventives leur permettent d’éviter les visites au Centre Bell comme dans les autres amphithéâtres canadiens de leur préféré Chris Lee.

 

À la ligne bleue, on retrouve en plus de Michel Cormier, les vétérans David Brisebois, Steve Barton, Derek Nansen, Steven Miller, Mark Shewchyk, Scott Cherrey, Kiel Murchison et Bevan Mills. Les six premiers comptent plus de 1000 matchs d’expérience dans la LNH.

 

Bien qu’elle tente de prévenir les coups, la LNH ne peut dépêcher cinq officiels à chaque rencontre afin d’en avoir un de réserve en cas de retrait préventif de dernière minute.

 

En décembre dernier, alors que la Ligue avait présenté son plan de retour au jeu pour la saison 2021, le responsable des arbitres Stephen Walkom avait indiqué que des mesures étaient prévues pour pallier aux urgences. À courte échéance, les officiels peuvent compléter un match à trois comme c’est déjà le cas lorsqu’un membre du quatuor est blessé en cours de partie. Ils pourraient même terminer un match à deux.

 

Mais dans l’éventualité où plusieurs arbitres devraient être placés en quarantaine ou simplement être placés sur la liste des «blessés», la Ligue pourrait se tourner vers d’autres officiels de la Ligue américaine travaillant au Canada, voire, dans une situation d’urgence, d’arbitres ou juges de lignes de la Ligue canadienne de hockey.