AVANT-MATCH NO 3 BRUINS C. BLUES

ST. LOUIS - David Backes a disputé 727 matchs dans l’uniforme des Blues. Quatre cent soixante-sept de ces parties l’ont été au Scottrade Center rebaptisé Enterprise Center en 2018, un an après que le vétéran joueur de centre eut profité de son autonomie complète pour accepter le contrat de 30 millions $ répartis sur cinq ans que lui faisaient miroiter les Bruins.

Pas besoin de vous dire que le principal intéressé s’attend donc à vivre des émotions particulières samedi et lundi dans le cadre des troisièmes et quatrièmes matchs de la finale de la coupe Stanley. Une finale qu’il n’a jamais atteinte avec les Blues et qu’il peut aujourd’hui difficilement vivre au diapason de son ancien club, ses anciens coéquipiers et leurs partisans puisqu’il fait partie du clan ennemi.

« J’ai disputé deux matchs déjà à St. Louis depuis que je suis avec les Bruins. Les premiers papillons sont donc déjà passés et c’est une bonne chose, car je suis un gars très émotif et j’avais été vraiment touché par le fait de revoir autant de gens que j’avais croisé à l’amphithéâtre au fil des ans. J’avais été très touché par mon retour qui avait fait renaître des tas de beaux souvenirs. Mais d’y retourner en finale de la coupe Stanley rendra cette visite plus spéciale encore», a convenu le gros joueur de centre croisé dans le vestiaire des Bruins à Boston plus tôt cette semaine.

Règne de dix saisons, dont cinq comme capitaine

Choix de deuxième ronde (62e sélection) du repêchage des 2003, Backes n’a pas marqué l’histoire des Blues comme l’ont fait les Brett Hull, Bernie Federko ou Al MacInnis dont les statuts accueillent d’ailleurs les partisans à l’entrée principale de l’amphithéâtre.

Il serait même surprenant que son chandail numéro 42 soit hissé un jour près des huit autres – Al MacInnis (2), Bob Gassoff (3), Bob et Barclay Plager (5 et 8), Brian Sutter (11), Brett Hull (16), Bernie Federko (24) en plus d’honorer la mémoire de Doug Wickenheiser bien que son numéro 14 n’ait pas été retiré – qui sont suspendus au plafond du Enterprise Center.

Mais en dix saisons à St. Louis, dont les cinq dernières à titre de capitaine – il a succédé à Eric Brewer pour devenir le 20e capitaine de l’histoire des Blues – Backes a développé des liens étroits avec cette organisation, les partisans et la ville.

Des liens indéfectibles.

«J’ai commencé ma carrière dans l’uniforme des Blues, mais j’ai aussi commencé ma vie d’adulte à St. Louis. Je me suis établi là-bas à 22 ans. Kelly – son épouse – et moi avons eu notre première fille (Stella) ici. Entre 22 et 32 ans, il se passe beaucoup de choses importantes dans ta carrière et dans ta vie personnelle. C’est une période de croissance exceptionnelle et j’ai adoré tout ce que j’ai vécu et appris là-bas que ce soit avec les Blues ou simplement à St. Louis», assurait Backes dont le deuxième enfant, un garçon nommé Dawson, est né à Boston.

Au cours de ces dix saisons, l’Américain natif du Minnesota a aussi développé des liens très étroits avec d’anciens coéquipiers. Des coéquipiers qui sont aujourd’hui des grands rivaux, mais qui demeurent des grands amis.

Alex Pietrangelo a d’ailleurs raconté une histoire fort intéressante au collègue Ken Campbell du «Hockey News». Agissant à titre d’homme d’honneur à son mariage tout juste après la fin de la saison 2015-2016, David Backes était très discret lors de la grande répétition la veille du grand jour. Il se rendait souvent à l’écart retardant le cours de la «pratique». Ce que Pietrangelo ne savait pas – bien qu’il s’en doutait un peu – c’est que Backes était alors en intenses négociations avec son agent et les Bruins pour établir les paramètres du contrat qu’il allait signer dans les heures suivantes. Et c’est le jour même du mariage que Backes a appris la nouvelle à son meilleur ami. Une annonce qu’il a appuyée de différents conseils afin de le préparer à être son digne successeur. Un rôle que Pietrangelo assume d’ailleurs à la perfection depuis qu’il a été nommé 21e capitaine de l’histoire des Blues.

Amis de jour, ennemis le soir

En 727 matchs avec les Blues, David Backes a marqué 206 buts et totalisé 460 points. Ces statistiques ne dévoilent pas l’ampleur du rôle qu’il a rempli au cours de ses six saisons avec le club.

Le fait qu’il ait marqué sensiblement le même nombre de buts et récolté pratiquement le même nombre de points à la maison et sur la route démontre sa nature en tant que joueur. Tout comme le différentiel combiné de plus 65 qu’il a maintenu en dix saisons.

Les presque mille minutes de pénalités écopées au fil de ces années confirment aussi que l’ancien capitaine a toujours été des guerres de tranchées pour faire avancer son club et pour protéger ses coéquipiers.

Une philosophie qu’il a d’ailleurs confirmée le 10 janvier 2017, lors de son tout premier match contre son ancien club à St. Louis.

Backes n’avait pas marqué lors de ce retour dans la victoire de 5-3 des Bruins. Il n’avait pas non plus récolté de passe sur les cinq buts marqués par son nouveau club.

Mais en dépit des contrecoups d’une commotion cérébrale subie quelques semaines plus tôt et qui l’avait gardé hors de la formation, Backes avait jeté les gants devant Joel Edmundson à la suite d’une dure mise en échec assénée à David Krejci par le défenseur des Blues. Malgré les liens tissés au fil des ans, les deux gros bonshommes avaient livré un rude combat et non une simple mise en scène histoire d’afficher une forme de caractère ou de respecter le «code» qui dicte les réactions des joueurs de la LNH dans ce genre de situation.

«C’est sûr que j’ai encore de grands amis dans l’autre vestiaire. Mais sur la patinoire, je ne vois pas d’amis. Je ne vois pas de noms derrière les chandails. Je vois un logo et des couleurs qui sont différents de celui que je porte. Différents de celui que je défends. Et comme je suis le genre de joueur qui est prêt à prendre tous les moyens nécessaires pour défendre les couleurs de mon équipe et aider mon équipe à gagner, il était hors de question de modifier ma philosophe parce que je revenais là où tout a commencé pour moi. Et je peux t’assurer que cette même philosophie m’animera lors des matchs que nous disputeront à St. Louis», a-t-il conclu.

David Backes effectue en fin de semaine sa deuxième escale des derniers mois à St. Louis. Après avoir raté le rendez-vous de l’an dernier en raison d’une blessure, il a fait escale au Enterprise Center le 23 février dernier. Les Bruins ont alors perdu 2-1 en raison du but décisif marqué en tirs de barrage par le Québécois Samuel Blais dans le cadre de son premier match de l’année avec les Blues.

À ses deux premières visites, Backes a donc été blanchi et son club n’a gagné qu’une fois. Il sera intéressant de voir quelle contribution le vétéran qui a célébré ses 35 ans le premier mai dernier sera en mesure d’offrir pour permettre aux Bruins d’au moins reprendre l’avantage de la patinoire, avantage qu’ils ont perdu mercredi, au TD Garden, dans la victoire de 3-2 des Blues en prolongation.

ContentId(3.1323696):Coupe Stanley : les Blues ont-ils ébranlés les Bruins? (LNH)
bellmedia_rds.AxisVideo