Selon le collègue Pierre LeBrun, Gerard Gallant aurait obtenu une entrevue pour le poste d’entraîneur-chef au New-Jersey. Avec l’excellente besogne qu’il a accomplie en Floride et à Las Vegas, il est presque impossible de ne pas considérer un candidat comme lui. Ça ne veut pas pour autant dire que Tom Fitzgerald ne considère plus Alain Nasreddine, nommé par intérim quand John Hynes a été congédié.

Avec les Panthers, Gallant a prouvé qu’il peut gagner avec des jeunes. Avec les Knights, il a amené un groupe de joueurs rejetés en finale de la Coupe Stanley. Nasreddine n’a pas cette feuille de route. Toutefois, il a déjà démontré qu’il était capable de faire des Devils un club compétitif. Lorsqu’il a remplacé John Hynes derrière le banc en décembre, l’entraîneur-chef par intérim a perdu ses cinq premières parties. Une fois adapté à son nouveau rôle, les Devils ont ensuite présenté un dossier assez impressionnant de 19-11-8.

« C’est peut-être une carapace que je me fais, mais pour le moment, je suis l’entraîneur-chef des Devils. Je me sens comme ça, surtout que notre saison n’est pas terminée, lance Nasreddine rejoint chez lui au New Jersey. Tom et moi, on s’est parlé souvent et on se parle encore souvent. J’ai prouvé que je suis capable d’être entraîneur-chef dans la LNH. Est-ce que j’en ai beaucoup à apprendre? Absolument. Est-ce que je connais tout? Absolument pas. J’ai fait beaucoup pour démontrer que je suis l’homme de la situation. J’espère qu’ils vont ôter le titre intérimaire et que je serai head coach des Devils. »

Reste qu’avec le mot intérimaire d’accroché à son titre, Nasreddine s’est questionné il n’y a pas si longtemps.

« Il y a quatre jours, j’étais devant la télé avec un verre de vin et je suis tombé sur un de nos matchs face aux Capitals. On avait remporté cette partie-là. D’un coup sec, ça m’a manqué d’être derrière un banc et je me suis mis à me poser des questions. Est-ce que je vais recoacher cette année? Est-ce que c’est moi l’entraîneur-chef de l’avenir? Est-ce que je vais recoacher un autre match comme entraîneur-chef des Devils? Je suis en contact régulièrement avec Tom Fitzgerald alors je reviens vite à la réalité, et la réalité, c’est que je suis l’entraîneur-chef des Devils.     

Nommé par intérim lorsqu’il a pris la relève de Ray Shero à la mi-janvier, le directeur général du New Jersey travaille lui aussi avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. À travers la LNH, il est le seul patron avec cette étiquette alors que trois autres entraîneur-chef se retrouvent dans la même situation précaire que Nasreddine, soit Geoff Ward avec les Flames, Rick Bowness avec les Stars et Dean Evason avec le Wild.

La COVID-19 prise au sérieux

Installée au New Jersey, à moins d’une vingtaine de minutes de Manhattan, la famille Nasreddine prend la crise au sérieux et tout le monde respecte les consignes à la maison. Alain avoue qu’il n’a pas mis les pieds dans un commerce depuis plus d’un mois alors que son épouse Josiane est sortie trois fois seulement pour aller acheter de la nourriture. « C’est très strict ici. Nous vivons dans la région la plus touchées des États-Unis et on ne prend pas de chances. Toute la population prend ça au sérieux. Quand on sort prendre des marches, les gens se tassent pour respecter les distances.

« Je n’ai pas besoin de regarder loin pour comprendre la gravité de ce que l’on vit. Je suis proche de mon voisin et son père a failli y passer. Ce n’était qu’une question d’heures pour lui. Quand tu te fais dire ça, tu vois que c’est vrai, que c’est réel. Et le père de mon voisin n’a que 64 ans, ce n’est pas très vieux. »

Le confinement apporte aussi un aspect positif chez les Nasreddine. Avec trois enfants sportifs de 13, 11 et 10 ans, les horaires sont toujours chargés et le paternel ne travaille pas du lundi au vendredi dans un bureau.

« À un certain moment, je me sentais coupable car ça me faisait du bien d’être à la maison. Avec mon job et les activités des enfants, c’est toujours go-go-go chez nous. Depuis le début du confinement, on passe du temps de qualité ensemble. Je me suis proclamé le directeur de l’école! Le matin on étudie, l’après-midi on s’entraîne et le soir on soupe tous ensemble et le français est obligatoire à table pour Alex, Loïc et Kaelle. C’est important pour Josiane et moi qu’ils parlent français. »

Malgré ces bons moments en famille, comme bien des gens dans sa situation, le directeur d’école intérimaire semble prêt à passer autre chose.

« Ça m’a donné un coup quand ils ont annoncé que le confinement était prolongé jusqu’au 15 mai dans notre région. Là, tu réalises que ça va être encore long et ça devient difficile pour tout le monde. Ma fille a hâte d’aller à l’école. C’est rare qu’on entend ça! »