NASHVILLE - Marc-André Fleury a soulevé sa troisième coupe Stanley dimanche soir. Pas surprenant alors que le gardien québécois affichait le sourire qui le caractérise depuis toujours lors des célébrations d’après-match.

Mais comme il venait sans doute de disputer son dernier match dans l’uniforme des Penguins, il était tout aussi normal que Fleury soit également chaviré par des émotions négatives.

Des émotions qui ont atteint leur paroxysme lorsque Sidney Crosby, coupe Stanley entre les mains, s’est approché de Fleury qui a aussitôt demandé à sa fille Estelle d’embrasser la coupe.

ContentId(3.1235186):LNH : des émotions contradictoires pour certains joueurs des Penguins à la suite de la conquête de la coupe Stanley
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« Je suis content qu’on ait gagné, mais c’est sûr que quand je pense plus loin c’est plus difficile », a convenu le gardien visiblement étreint par l’émotion.

Tenant sa fille entre ses bras, sous les yeux de son épouse Véronique, elle aussi très émotive, Fleury devait une fois encore faire contre mauvaise fortune bon cœur. «C’est plus le fun de jouer et de gagner la coupe quand tu es en sueurs. Mais bon, ça me rappelle les deux premières.»

Grand ami et coéquipier de la première heure du gardien québécois avec les Penguins, Kristopher Letang a eu de très bons mots pour Fleury. « C’est un gars formidable, le meilleur coéquipier que tu peux avoir. S’il doit partir, c’est peut-être la meilleure façon de le faire », a indiqué Letang qui a revêtu son uniforme pour aller serrer la main des adversaires avant de patiner avec la coupe à bout de bras.

En passant, victime d’une blessure à la nuque qui a nécessité une opération et qui a mis un terme à sa saison, Letang a confirmé qu’il lui aurait été impossible, mais surtout périlleux de revenir au jeu avant la saison prochaine.

Expansion, transaction, autonomie

Revenons à Fleury.

Outre le baiser symbolique de sa fille sur la coupe Stanley, le gardien québécois y est allé d’un autre symbole alors que c’est lui qui a remis la coupe à Matt Murray sur la patinoire.

Un geste significatif?

« Disons qu’on a fait du bon travail ensemble », a simplement conclu Fleury.

S’il a joué un rôle de premier plan lors de sa première conquête aux dépens des Red Wings de Detroit, Marc-André Fleury a été relégué au rôle d’adjoint de Matt Murray l’an dernier. Il l’aurait été encore cette année, n’eut été la blessure subie par son jeune coéquipier lors de l’échauffement du premier match de la première ronde face aux Blue Jackets de Columbus. Cette blessure a ramené Fleury à l’avant-scène. Une scène dont il a été chassé en finale de l’Est contre les Sénateurs d’Ottawa.

Pendant que les joueurs des Penguins multipliaient les entrevues sur la patinoire du Bridgestone Arena, des fans des Penguins ont plusieurs fois scandé des « Fleury! Feury! Fleury! » bien sentis qui ont certainement fait plaisir au gardien sorelois.

« Nos partisans savent comme tous les membres de notre organisation que nous ne serions pas en train de célébrer notre deuxième conquête de suite de la coupe Stanley sans les performances sensationnelles de «Flower» au début des séries. Ce qu’il a fait pour nous est formidable », a insisté le directeur général Jim Rutherford.

Parce qu’il ne peut protéger qu’un gardien en vue du repêchage d’expansion qui aura lieu à la fin du mois de juin et qu’il est clair que les Penguins tiennent à protéger Matt Murray et non Marc-André Fleury, Rutherford devra se départir du gardien québécois.

Fleury pourrait balayer du revers de la main sa clause de non-mouvement et être soit repêché par les Golden Knights de Las Vegas ou échangé à une autre formation de la LNH.

Si le gardien québécois refuse cette solution, il pourrait simplement voir les Penguins racheter son contrat ce qui ferait de lui un joueur autonome en date du premier juillet. Ses performances en séries l’aideront alors à facilement se trouver un contrat dès l’ouverture du marché des joueurs autonomes.

D’ailleurs, si les Penguins ont eu chaud en finale de l’Est alors qu’ils ont dû attendre la deuxième période de prolongation du septième match pour venir à bout des Sénateurs d’Ottawa, l’entraîneur associé Jacques Martin a aussi souligné le haut niveau de stress vécu en deuxième ronde contre Washington. Un stress que Fleury a su surmonter avec ses performances impressionnantes.

« La série contre Ottawa a été très difficile, mais celle contre les Capitals l’a été tout autant. Et c’est dans cette série que Fleury a été le plus dominant à mes yeux. Sans lui on ne passait pas. Et lorsque Matt Murray est revenu devant le filet, il nous a lui aussi donné de très forts matchs. »

Un record pour Murray

Matt Murray a conclu la finale de la coupe Stanley avec deux jeux blancs. S’il a connu une soirée bien pénarde jeudi dernier à Pittsburgh pour son premier coup de pinceau, il a été beaucoup plus sollicité dimanche. Il a réalisé plusieurs arrêts solides, dont l’un au terme d’une échappée obtenue par Colton Sissons, en plus de bénéficier de l’appui de ses poteaux à quelques occasions. Dont l’une une fois encore aux dépens de Sissons.

ContentId(3.1235158):LNH : une 2e conquête consécutive encore plus satisfaisante pour les Penguins
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Ce même Sissons a été privé d’un but en première période. Le centre des Predators a sauté sur une rondelle libre devant le but. Une rondelle échappée par Murray qui croyait avoir fait l’arrêt.

L’ennui pour Sissons, les Preds et leurs partisans, c’est que l’arbitre Kevin Pollock croyait lui aussi que le gardien des Preds avait effectué l’arrêt. Il a donc sifflé un arrêt de jeu alors que la rondelle était libre dans la zone réservée où Sissons l’a redirigée dans le but. Après un caucus des quatre officiels sur la patinoire, la décision initiale de refuser le but a été maintenue.

Défenseur des Penguins, Olli Maatta assurait avoir entendu le coup de sifflet et assurait aussi avoir laissé aller Sissons en raison de l’intervention des arbitres.

Privé de ce qui aurait pu être un but, les Predators ont ensuite obtenu quatre avantages numériques, dont une supériorité de deux hommes d’une durée de 32 secondes en troisième période alors que les Penguins n’ont pas obtenu d’attaque massive.

L’efficacité des Penguins en défensive et les arrêts de Matt Murray ont fait la différence.

Fort de sa victoire par jeu, Matt Murray est devenu le premier gardien depuis Terry Sawchuk en 1952 (victoire des Red Wings aux dépens du Canadien) à compléter une finale de la coupe Stanley avec deux jeux blancs consécutifs.

Mieux encore, le gardien du présent et de l’avenir des Penguins devient le premier gardien de l’histoire de la LNH à soulever la coupe Stanley à deux reprises à titre de recrue. Un record qui sera difficile à égaler, et bien sûr impossible à battre.