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RÉSULTATS

Fleury : la LNH perd la face

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MONTRÉAL - Gary Bettman et sa LNH perdent la face en refusant à Marc-André Fleury le droit fondamental de porter un masque thématique pour rendre hommage aux Premières Nations.

Une décision que Fleury a qualifiée de « stupide » après que le gardien québécois eut offert de le porter seulement lors de la période d'échauffement plutôt que pour la durée du match. Il a finalement décidé d'enfiler son masque thématique avant le match contre l'Avalanche du Colorado.

La Ligue nationale rate surtout l'occasion de prouver qu'elle est vraiment sincère quand elle prône l'inclusion sur la patinoire.

Le pire dans tout ça? C'est que la Ligue aurait facilement pu éviter cette nouvelle polémique dont elle sortira une fois encore LA grande perdante. Joint par RDS.CA en après-midi samedi, un dirigeant de la LNH a d'ailleurs convenu que cette décision devrait provoquer une mitraille de critiques.

Des critiques qu'elle aurait pu esquiver parce qu'elle a eu plus de deux mois pour réviser cette décision qui l'a fait très mal paraître.

Car c'est en septembre dernier, que la direction du Wild et le gardien québécois ont contacté la LNH pour signifier l'intention de porter un masque thématique dans le cadre de la soirée hommage aux Premières Nations américaines le 24 novembre lors de la visite de l'Avalanche du Colorado au Xcel Energy Center.

Cette permission a été refusée par la LNH parce qu'elle contrevenait au nouveau code d'éthique adopté l'été dernier dans la foulée des ratés associés au refus de plusieurs joueurs et de quelques équipes de porter des chandails de la fierté lors de périodes d'échauffement. 

On se souviendra que certains joueurs prétextaient des convictions religieuses pour justifier cette décision. Des convictions qui camouflaient bien mal des signes d'homophobie... mais bon!

Plusieurs Russes, comme Denis Gurianov qui défendait alors les couleurs du Canadien, plaidaient quant à eux des craintes de représailles à l'endroit de leurs proches toujours en Russie pour éviter le port de ce chandail. On se rappellera que Gurianov avait d'ailleurs raté la période d'échauffement du match Canadien-Capitals le 6 avril dernier.

Dans la foulée de Travis Dermott

Qualifié de rétrograde aux quatre coins de la planète hockey, le nouveau code de la LNH interdit, depuis le mois de juin dernier, aux joueurs de porter quelque signe que ce soit rendant hommage à une cause ou une autre, aussi bonne soit-elle, sur leurs uniformes, leurs bâtons, leurs casques ou leurs gants. Que ce soit lors de l'échauffement ou en cours de match.

Plusieurs joueurs qui prônaient une contestation de cette politique ont fait marche arrière lorsqu'ils ont été avisés que la Ligue pourrait imposer des amendes salées aux récalcitrants.

Travis Dermott a fait fi de cette menace. Le défenseur des Coyotes de l'Arizona a donc couvert la lame de son bâton de ruban aux couleurs de la fierté le 21 octobre dernier au Mullet Arena. Un geste qui « allait de soi » a alors prétexté celui qui avait pris cette habitude alors qu'il portait les couleurs des Maple Leafs de Toronto. Une habitude associée au fait que des membres de sa famille étaient directement impliqués dans la cause LGBTQ+.

Dermott a fait bien plus que tenir tête à la LNH. Il a poussé Gary Bettman et ses patrons qui sont les 32 gouverneurs du circuit à réviser sa politique. Face au tsunami d'appuis obtenus par Dermott, la Ligue a autorisé le port de ruban aux couleurs de la fierté.

Est-ce que le cas Fleury devrait réveiller la Ligue lui aussi?

On ne peut que le souhaiter.

La LNH tient à garder le contrôle sur les appuis offerts aux causes sociales. C'est normal. La Ligue ne pourrait cautionner une association même indirecte à la guerre lancée par la Russie contre l'Ukraine. Pas plus qu'un appui à un groupe terroriste, ou à un autre d'extrémistes. 

Mais on est loin, très loin, de l'appui de « Flower » aux Premières Nations et par la bande à son épouse Véronique LaRose qui a des origines autochtones.

Un appui que la Ligue aurait dû non seulement soutenir, mais honorer, au lieu d'interdire au gardien québécois de porter le masque spécialement conçu pour l'occasion... par un artiste autochtone.

« Peut-être qu'on ajustera notre politique comme on l'a fait dans la foulée de ce qui est arrivé avec Travis Dermott », qu'un membre de la LNH m'a indiqué après avoir réalisé qu'il était difficile –  impossible en fait – de défendre la décision prise dans le cas de Fleury. 

Que Gary Bettman tienne à prendre les décisions finales en matière de soutiens offerts aux causes sociales par les joueurs de « sa » ligue qui évoluent sur les 32 patinoires des équipes de « ses » propriétaires, je veux bien.

Mais elle doit ensuite faire preuve de gros bon sens. Ce qu'elle est loin d'avoir fait dans le dossier Fleury.

Au moins, le Wild et son gardien pourront profiter de la polémique pour maximiser la valeur du masque mis à l'encan afin de remettre de l'argent aux Premières Nations du Minnesota à défaut d'avoir pu seulement leur rendre un hommage à l'échauffement au coeur d'une controverse.

On se console comme on peut!