MONTRÉAL - La beauté de Seattle et des images qui nous ont permis de découvrir une partie du visage de la 32e franchise de la LNH ont volé la vedette lors du repêchage d’expansion qui a officiellement ouvert la porte au Kraken.

 

Car côté hockey, c’était plutôt mince. Pas mal plus mince en fait...

 

Au-delà le vétéran et grand leader Mark Giordano, au-delà un groupe de défenseurs capables de tenir leur bout dans la LNH, au-delà Yanni Gourde – le Québécois ratera le camp et le début de sa première saison avec le Kraken en raison d’une opération à une épaule qui le gardera hors combat pour une période estimée à quatre mois – Jordan Eberle et Jared McCann, le Kraken part à la chasse à l’ours avec, comme seules munitions, des couteaux à beurre et bien de la bonne volonté.

 

Je veux bien croire que Joonas Donskoi, Calle Jarnkrok et Mason Appleton ont de l’expérience dans la LNH, que Morgan Geekie et quelques autres jeunes sélectionnés par Ron Francis pourraient encore se développer. Peut-être même s’imposer. Et qui sait : peut-être devenir des vedettes.

 

Mais quand même : le Kraken tel qu’il a été présenté mercredi n’est pas « amanché » pour soulever les passions des amateurs de hockey de Seattle. Encore moins pour imiter les exploits multipliés par les Golden Knights qui se sont rendus en finale de la coupe Stanley dès leur première saison il y a quatre ans.

 

L’équipe dévoilée mercredi peut difficilement rêver à une place en séries éliminatoires même si les gardiens Vitek Venacek, Chris Driedger et Joey Daccord avaient le droit de se retrouver les trois en même temps devant le filet.

 

Le meilleur est à venir…

 

Mais attention! Cette vérité pourrait changer au fil des prochaines heures – les premières transactions seront dévoilées à 13 h jeudi – des prochains jours, des prochaines semaines.

 

Analyse des joueurs sélectionnés par le Kraken

Si Ron Francis s’est bien gardé de tomber dans les pièges que représentaient des joueurs aux réputations aussi attrayantes que celles de Carey Price, Vladimir Tarasenko, s’il s’est bien gardé de « garrocher » ses millions en l’air pour s’offrir des joueurs ne valent plus ou ne vaudront plus dans un avenir plus ou moins rapproché les salaires faramineux qu’ils encaissent – ajoutez ici les noms des P.K. Subban, Matt Duchene, Ryan Johansen, et autres Jakub Voracek – c’est parce que le DG du Kraken entend profiter des quelque 29 millions $ toujours disponibles sous le plafond pour ajouter des joueurs qui offriront un meilleur rapport qualité/prix à court, moyen et long terme pour son équipe.

 

Des 30 joueurs sélectionnés mercredi soir, combien seront en uniforme lors du premier match de l’histoire du Kraken qui rendra visite, le 12 octobre prochain, aux Golden Knights à Las Vegas?

 

Dix? Onze? Douze? Les paris sont ouverts.

 

Avec les millions $ dont il dispose et le feu vert de ses propriétaires de les dépenser, Ron Francis pourra maintenant orchestrer des transactions et s’attaquer au marché des joueurs autonomes.

 

Les Gabriel Landeskog, Phillip Danault – j’utilise ces noms à titre d’exemples – et autres joueurs autonomes avec ou sans restrictions avec qui le Kraken pouvait exclusivement négocier depuis dimanche matin seront peut-être plus « ouverts » aux offres de Seattle s’ils réalisent que les riches contrats qu’ils souhaitent voir tomber du ciel mercredi prochain sont moins nombreux et moins généreux qu’ils anticipaient.

 

Mais aussi, mais surtout, il est clair que quelques équipes se retrouveront, à l’aube de la prochaine saison, étranglées par une masse salariale qui dépassera de beaucoup le plafond.

 

Ces équipes chercheront alors des clubs capables de les sauver en raison de leur capacité à éponger des contrats. Ces équipes seront même prêtes à payer une surtaxe – choix, espoirs, voire jeunes joueurs nouvellement établis dans la LNH – simplement pour avoir l’occasion de respecter le plafond.

 

Parce que Ron Francis a bien géré son repêchage d’expansion, parce qu’il est resté sourd aux chants des sirènes, le Kraken sera sans l’ombre d’un doute une de ces équipes prêtes à « voler » au secours de ses rivales et à leur «voler» des actifs en guise d’intérêt.

 

C’est pour cette raison que je refuse de «planter» illico le Kraken en son d.-g. pour le travail accompli mercredi. Au contraire. Je suis d’avis qu’il a pris une sage décision en refusant d’y aller « All In » sur des joueurs qui n’en valaient pas vraiment la peine. Ou pas du tout.

 

Ron Francis a donné ses premiers coups de patin mercredi. Les autres qui suivront seront les plus intéressants. Et comme Francis a toujours été le genre de joueurs à s’imposer souvent et surtout lorsque ça comptait vraiment, je suis convaincu qu’il saura transformer l’équipe fragile qu’il a présentée hier en véritable club de hockey.

 

Ça ne veut pas dire que le Kraken pourra imiter les Golden Knights et se rendre en finale de la coupe Stanley. De toute façon, cet exploit tenait du miracle. Il a marqué l’histoire de la LNH. Et il serait surprenant que le Kraken réécrive cette histoire.

 

Duo économique devant les buts

 

Avec Chris Driedger et Vitek Vanecek qui se battront pour le job de numéro l’automne prochain – un vétéran gardien pourrait s’ajouter en cas de besoin – le Kraken n’est pas mal nanti devant le filet.

 

Non ! Driedger et Vanecek ne sont pas Carey Price. Et ils ne le deviendront sans doute jamais considérant que le premier a déjà 27 ans et que le deuxième en a 25 et qu’ils cherchent toujours à s’établir dans la LNH. Mais aux salaires qu’il commande – Driedger vient de signer un contrat de trois ans à 3,5 millions $ en moyenne annuelle sous le plafond, et Vanecek touche 716 667 $* -- le duo ampute la masse salariale du Kraken de presque 6,3 millions $ de moins que le gardien vedette du Canadien occupe sur la masse du Tricolore.

 

Joey Daccord, le troisième gardien que Seattle est allé chercher à Ottawa, touche le salaire minimum de 750 000 $.

 

Ligne bleue intéressante

 

C’est à la ligne bleue que la première mouture du Kraken ressemble le plus à un vrai club de la LNH.

 

Menée par Mark Giordano qui pourrait troquer le titre de capitaine qu’il assumait avec les Flames de Calgary pour celui de capitaine de sa nouvelle équipe, la brigade défensive du Kraken est même intéressante.

 

Adam Larsson, qui a quitté les Oilers et Edmonton pour signer un contrat de quatre ans et 16 millions $ pour déménager à Seattle, Vince Dunn (St.Louis), Jamie Oleksiak (Dallas), Jeremy Lauzon (Boston) – le Québécois est passé à l’histoire à titre de premier joueur sélectionné par le Kraken – Carson Soucy (Minnesota), Haydn Fleury et son petit frère Cale qui quitte l’organisation du Canadien composent un groupe de huit arrières en mesure de s’imposer dans la LNH sur une base régulière.

 

Premier centre recherché

 

À l’attaque c’est plus mince. Surtout au centre alors que pour le moment c’est Yanni Gourde qui semble le «favori» pour hériter du rôle de centre numéro un. Avec Jared McCann deux coups de patin derrière. J’adore Gourde. J’adore son intensité, son efficacité, son talent qu’il sait maximiser. Mais un premier centre? Je ne crois pas.

 

Ron Francis devra trouver ce « vrai » centre numéro un au marché des joueurs autonomes ou par le biais d’une transaction.

 

En plus de Yanni Gourde et Jared McCann, Jordan Eberle pourra marquer sa part de buts.

 

Mais qui donc les épauleront? Donskoi? Jarnkrok? Geekie? Tanev? Brandon l’attaquant et non Chris le défenseur…

 

Le Kraken compte sur plein de joueurs de soutien à l’attaque. Mais encore faudrait-il qu’ils aient deux gros premiers trios à soutenir. Pour le moment, ils n’en ont qu’un. Et encore…

 

Mais Ron Francis incite la confiance. Il a encore plus de deux mois pour terminer le travail qu’il a amorcé mercredi. Et il a surtout encore 29 millions $ à dépenser pour mener à terme ces travaux.

 

Attendons alors un brin ou deux avant de juger.

 

  • Toutes les informations reliées aux salaires des joueurs sont tirées du site CapFriendly.com