VANCOUVER – Comme la très grande majorité de mes collègues, je me suis rabattu sur Nikita Kucherov à titre de premier de classe dans la course au trophée Hart cette année.

Avions-nous vraiment le choix? Je ne crois pas.

Je suis très heureux de voir que je n’ai toutefois pas été seul à récompenser Sidney Crosby pour l’impact sensationnel qu’il a eu en 2018-2019 avec ses Penguins.

Trop souvent dans les courses aux honneurs individuels, je trouve que, volontairement ou non, les journalistes vont trop souvent directement vers les grandes vedettes. Ce faisant, ils et elles écartent des candidats qui ont de moins grandes réputations peut-être, mais qui sont loin d’avoir connu de moins bonnes saisons. Parfois, ils en ont d’ailleurs connu des meilleures.

Sidney Crosby a déjà reçu de votes élevés en raison de son nom. Je demeure convaincu que Kristopher Letang méritait davantage le Conn-Smythe en 2015-2016, mais la réputation de son histoire a privé le défenseur québécois de quelques précieux votes.

Loin de moi l’intention de prétendre que Crosby représentait un mauvais choix, mais je crois vraiment que Letang en représentait un meilleur.

Anyway!

Cette année, même s’il l’a fait d’une manière moins spectaculaire qu’il nous a habitués à le faire, Crosby a été plus important dans la cause des Penguins que lors de saisons au cours desquelles il a marqué plus de buts, amassé plus de points. Cela dit, ses 35 buts et 100 points représentent quand même des totaux impressionnants.

Pourquoi écarter McDavid?

Derrière Kucherov et Crosby, j’ai fait bande à part avec la majorité de mes collègues.

Parce que la majorité a souvent raison, je me vois donc dans l’obligation de défendre mes trois dernières sélections qui étaient dans l’ordre : Ryan O’Reilly, Patrice Bergeron et Nathan MacKinnon.

Les collègues sont allés avec Connor McDavid, Johnny Gaudreau et Brad Marchand.

Le premier est le meilleur joueur de hockey au monde. Du moins à mes yeux. Mais comme il n’a pas été en mesure de mener son équipe en séries, j’ai respecté ma règle personnelle qui m’oblige à favoriser des joueurs dont les clubs sont en séries.

Je sais, cette règle est contestable. Elle est d’ailleurs contestée.

Et je dois admettre qu’en raison du fait que McDavid a participé à 50,7 % des buts des Oilers (116 points sur les 229 de son équipe) et qu’il a récolté 17 points dans les 17 derniers matchs, je suis passé à un cheveu de balayer ma règle du revers de la main.

Mais je me suis retenu.

Si les Oilers avaient accédé aux séries, McDavid aurait peut-être battu Kucherov. Au pire il aurait terminé deuxième.

Mais parce que d’autres joueurs se sont défoncés et sont parvenus à propulser leur club en séries, je ne pouvais les écarter. Du moins, c’est mon point de vue.

Et n’oubliez pas que le Hart est remis au joueur le plus utile de la saison régulière et non au joueur par excellence de la saison. La nuance est peut-être mince, mais elle est importante.

McDavid n’est pas le seul à avoir écopé. Car si les Blackhawks s’étaient faufilés en séries, Patrick Kane aurait lui aussi fait la vie dure à Kucherov.

O’Reilly et Bergeron méritaient mieux

Derrière Kucherov, Crosby et McDavid, la majorité a choisi Gaudreau et Marchand.

Là je ne suis pas d’accord. Pas d’accord du tout.

O’Reilly a été la pierre d’assise des Blues de Saint Louis toute la saison. C’est grâce à lui si cette équipe n’était pas plus creux dans la cave de la LNH lorsque Jordan Binnington est venu donner aux Blues les arrêts dont ils avaient tant besoin pour gagner.

Je n’en reviens pas de voir que O’Reilly ait glissé jusqu’au 13e rang – derrière Binnington qui a terminé 10e – et qu’on ait jugé que Marchand était plus utile aux Bruins que Bergeron qui lui sert de catalyseur.

Vrai que O’Reilly et Bergeront étaient assurés de places bien en vue dans la course au trophée Frank-Selke, mais quand même : ils méritaient aussi des places au sein du top-5 de la LNH à titre de joueur le plus utile aux succès de leur club.

Du moins à mes yeux.

Parce que MacKinnon a réussi à faire ce que McDavid et Kane ne sont pas arrivés à accomplir, c’est-à-dire à propulser l’Avalanche en séries, je lui ai donné mon vote de cinquième place.

Pourquoi pas Mikko Rantanen devant MacKinnon?

Parce qu’au-delà les énormes qualités et le talent plus immense encore de Rantanen, c’est MacKinnon qui est le moteur de l’Avalanche. Du moins, c’était lui qui l’était encore l’an dernier.

Trophée Hart : résultats officiels

1. Nikita Kucherov
2. Sidney Crosby
3. Connor McDavid
4. Johnny Gaudreau
5. Brad Marchand

Trophée Hart : mes sélections

1. Nikita Kucherov
2. Sidney Crosby
3. Ryan O’Reilly
4. Patrice Bergeron
5. Nathan MacKinnon