OTTAWA – Alain Vigneault et Guy Boucher ont trop de plaisir avec la « joute verbale » pour la laisser de côté après le premier match et personne ne viendra s’en plaindre.

Avant le déclenchement de cette série, les deux entraîneurs avaient joué du violon pour vanter les mérites du club adverse. La deuxième partie de ce spectacle a été offerte par Boucher au terme de la victoire des siens quand il a prétendu que ces joueurs avaient été motivés par la peur de se faire balayer par les Rangers.

Informé de cette déclaration, vendredi, Vigneault a réagi tout naturellement.

« C’est une très bonne ligne ! », a-t-il lancé en souriant. « Je vais m’en souvenir pour une prochaine fois. Je ne l’avais jamais vraiment entendue. »

Habile communicateur et potentiellement futur analyste à la télévision, Alex Burrows a prouvé qu’il était prêt pour cette deuxième carrière. Il a endossé les propos de son entraîneur à propos de cette peur sans jamais flancher.

« Oh oui, ils sont bons depuis plusieurs années, ils sont dans leur période pour gagner la coupe Stanley. On avait une certaine crainte, on a vu ce qu’ils ont accompli contre Montréal. C’est un facteur expliquant qu’on a bien répondu », a déclaré Burrows en gardant son sérieux.

« Je suis certain que le message d’Alain durant toute la saison a été de dire qu’on s’en va pour la coupe. Une ronde, ce ne serait pas acceptable, ce serait un constat d’échec », a ajouté Burrows en échappant même un lapsus plutôt amusant selon lequel son club pourrait se faire balayer en cinq matchs.

Tant qu’à y être, pourquoi ne pas ajouter une petite dose supplémentaire.

« Connaissant Alain, je sais qu’il a pesé sur les bons boutons et que son équipe sera bien préparée », a indiqué Burrows au sujet de son ancien entraîneur.

Cependant, les deux capitaines, Erik Karlsson et Ryan McDonagh n’ont pas voulu embarquer dans le jeu. McDonagh a tout simplement évité la question tandis que Karlsson a préféré relever que son équipe avait joué son meilleur match depuis le début des séries.

Cette performance pourrait donc donner des ailes aux Sens qui sont vus comme les négligés.

« Est-ce qu’on n’a pas confiance ? Non, on a gagné deux des trois matchs contre eux cette saison. Mais on sait que ce ne sera pas facile avec leur expérience en séries, leur vitesse et leur gardien.

« En ce moment, la seule chance qu’on a c’est d’avoir de la constance. On a eu ça pendant 60 minutes et on a juste gagné 2-1 ce qui veut dire que ça va en prendre beaucoup pour battre cette équipe », a évoqué Boucher. 

On peut donc prévoir d’autres déclarations intéressantes d’ici la fin de cette série qui ne risque pas de se jouer à sens unique. Vigneault compte bien relancer le tout sous peu.

« J’ai toujours compris qu’au niveau du divertissement, il y a ce qui se passe sur la patinoire et ce qui entoure les matchs. Je n’ai jamais rien pris de personnel quand un journaliste ou un partisan remet en doute certaines de mes décisions. Je comprends cette réalité du sport. Quant aux joueurs, habituellement, ça ne les affecte pas énormément ce qui se passe à l’extérieur. On les aide d’ailleurs à se concentrer sur leurs tâches », a confié Vigneault qui sait différencier le côté plus sérieux et celui plus axé sur le spectacle.

Voilà ce qui en était pour le côté amusant de cette joute verbale. Mais cette approche implique aussi la dimension de motivation.

Vigneault a puisé dans cette ressource pour fouetter ses joueurs quand il a été questionné sur le rendement ordinaire de Derek Stepan (1 but et 1 aide). Tout comme l’avait fait Claude Julien en première ronde, il a demandé à certains joueurs d’offrir une contribution plus soutenue.

« Sans le viser particulièrement, je pense que quelques joueurs de notre équipe doivent être meilleurs. Si nos intentions sont de gagner cet affrontement, et elles le sont, il faudra mieux jouer que dans ce premier match. Je dis cela sans rien enlever aux Sénateurs qui ont joué un fort match », a répondu l’entraîneur qui aurait pu nommer Chris Kreider, J.T. Miller et Kevin Hayes notamment.

« En tant que groupe, on veut s’améliorer et on assume nos responsabilités. On sait qu’ils ont eu le dessus pour les chances de marquer et le jeu sur les unités spéciales. On doit mieux faire dans ces facettes », a insisté le pilote des Rangers.

Une chance que Karlsson a renoncé au poste de gardien

Au lendemain d’un but unique, Karlsson a publié une photo de son enfance sur Instagram alors qu’il porte fièrement un équipement de gardien. Sa publication a fait fureur et il a expliqué pourquoi cette position l’attirait jadis.

« (J’ai renoncé à être gardien) Probablement deux jours après la prise de cette photo. Je trouvais que c’était cool de porter tout cet équipement. Je suis heureux de ne pas avoir choisi cette voie, mais je suis aussi content d’avoir pu l’essayer. C’est un poste difficile, il faut être fort mentalement », a-t-il expliqué.

L’histoire veut que son père décochait de puissants lancers vers lui pour l’inciter à changer d’avis. Karlsson a confirmé le tout en disant qu’il voulait qu’il devienne un défenseur tout comme il l’avait été.

Plus de vingt ans plus tard, ce sont surtout les Sénateurs qui bénéficient de ce changement surtout que Karlsson est devenu plus que fiable défensivement. À juste titre, Boucher ne manque jamais de compliments pour l’encenser.

« S’il n’avait pas manqué les derniers matchs, il aurait fini premier pour les lancers bloqués (deuxième avec 201). Avec la rondelle, c’est un phénomène. En ce moment, je ne vois pas quelqu’un qui peut avoir fait plus que lui dans son rôle. C’est le défenseur complet, une étoile. Mais il est bien plus que ça maintenant, il est une étoile complète qui a inspiré son groupe à gagner. Je ne vois pas ce que tu peux faire de plus », a louangé Boucher.

Karlsson a terminé la saison régulière avec un différentiel de +10. Il avait connu ses deux pires saisons à ce chapitre en 2010-2011 (-30) et 2013-2014 (-15).