L'organisation du Lightning de Tampa Bay espère pouvoir bâtir une équipe solide qu'on aura du mal à affronter au cours des prochaines années.

Évidemment, plusieurs organisations, dont celle du Canadien, ont le même objectif en tête, mais le Lightning a jusqu'ici réussi à présenter une équipe agréable à regarder, axée sur l'attaque, et dont la défense tourne principalement autour du gardien Ben Bishop, du défenseur étoile Victor Hedman et de ses acolytes Jason Garrison et Anton Stralman, notamment. Et ce qui ne gâte rien, cette formation, qui a parfois du mal à marquer des buts en séries, représente l'attaque par excellence de la saison dans la Ligue nationale.

Habituellement, une organisation qui connaît beaucoup de succès attire l'attention sur les hommes de hockey qui en sont les principaux responsables. Dans le cas du Lightning, on pense évidemment au directeur général Steve Yzerman, à son bras droit Julien BriseBois, à l'entraîneur Jon Cooper et au recruteur en chef, Al Murray, qui a notamment recommandé à la direction le joueur autonome Tyler Johnson, grande surprise des présentes séries.

Le Lightning était dans la dèche quand l'homme d'affaires de Boston et partenaire minoritaire dans les Red Sox, Jeff Vinik, s'est porté acquéreur de l'équipe en février 2010. Un peu plus de trois mois plus tard, il a confié la relance de l'organisation à Steve Yzerman. Et deux mois après sa nomination, Yzerman a déniché un adjoint déjà qualifié pour le poste en BriseBois.

Chemin faisant, BriseBois ne cache pas que sa principale ambition est de devenir directeur général à son tour dans la Ligue nationale, lui qui a appris les premières facettes de son métier au sein du Canadien avant de parfaire son savoir aux côtés d'Yzerman. Parmi toutes les responsabilités qu'on lui a confiées, il a été le directeur général des filiales du Canadien et du Lightning.

Actuellement, sa meilleure carte d'affaires est la progression de l'organisation. Peut-être que son plus haut fait d'armes est celui d'avoir suggéré l'embauche de Cooper dès son arrivée en poste. Un ancien courtier à Wall Street et un avocat, ex-procureur de la défense, Cooper se faisait la main d'une façon anonyme derrière le banc d'équipes plutôt méconnues dans le hockey professionnel mineur. Il a amorcé sa carrière d'entraîneur sur le tard, à 30 ans. Une fois retenu par l'organisation, il a été promu derrière le banc de la filiale des Admirals de Norfolk. Deux ans plus tard, son équipe a remporté le championnat dans la Ligue américaine, ce qui lui a ouvert la porte pour succéder à Guy Boucher.

«Quand je parle de mon ambition de devenir directeur général, je n'oublie pas que je travaille au sein d'une très bonne organisation dont l'ascension a été rapide, m'a-t-il raconté dans le cadre d'une conversation à mi-chemin durant la dernière saison. Quand je suis arrivé à Tampa, c'était tout croche. Le bateau prenait l'eau de partout. Le cancer était généralisé. Pendant trois ans, le Lightning n'as pas participé aux séries. Graduellement, nous avons bâti un programme qui nous a permis de développer nos jeunes.» Si BriseBois ferait rapidement ses valises pour aller gravir ailleurs un autre échelon dans son intéressante carrière d'administrateur, il profite pleinement du moment présent.

«C'est très agréable pour moi d'être ici, a-t-il admis. J'ai connu les mauvaises années et on commence à récolter les fruits de notre travail. Je veux continuer de voir jusqu'où nos jeunes peuvent se rendre. Et il y en a d'autres qui s'en viennent. Nous voulons êtres compétitifs pour longtemps. Actuellement, ce sont nos joueurs de deuxième année qui traînent l'équipe.»

On aimait Zachary Fucale

Inutile de préciser que la situation du Lightning est toute aussi solide dans les buts avec Bishop et un jeune espoir de 20 ans, Andrei Vasilevskiy, qui est appelé à devenir le numéro un de l'organisation dans un avenir pas si lointain. C'est d'ailleurs pourquoi on avait pu laisser partir pour une chanson Dustin Tokarski dont le brio avait permis à la filiale de remporter la coupe Calder, dans la Ligue américaine.

«Bishop a 28 ans et Vasilevskiy 20 ans. On s'est positionné pour être en voiture pendant longtemps», a fait remarquer le bras droit d'Yzerman.

BriseBois a du flair. Il est capable de reconnaître un bon joueur quand il en voit un. J'en ai profité pour lui demander ce qu'il pense de Zachary Fucale qui, à l'instar de Vasilevskiy à Tampa, pourrait être le numéro 2 de l'avenir au sein du Canadien?

«Je l'aimais durant l'année de son repêchage, mais nous avions repêché Vasilevskiy l'année précédente et nous venions tout juste de faire l'acquisition de Bishop des Sénateurs d'Ottawa, a-t-il expliqué. Nous pouvions donc nous permettre de passer notre tour sur Fucale. Je n'entends que de bonnes choses à son sujet. C'est un bel espoir. J'ignore s'il sera un numéro un ou un numéro deux dans la Ligue nationale. Il pourrait être un adjoint pendant deux ou trois ans. La même chose est arrivée à Ryan Miller et à Tuukka Rask. Quand le Canadien a repêché Carey Price, Jose Theodore venait de gagner le trophée Hart. Parfois, les choses changent vite dans le hockey. Les gardiens ont le don de déjouer les plans.» Il y a deux ans, le Canadien a repêché Michael McCarron (25e), Jacob De La Rose (34e) et Fucale (36e). Le Lightning a réclamé Jonathan Drouin (3e) et Adam Erne (33e) un ailier gauche qui vient de terminer sa quatrième saison avec les Remparts de Québec. C'est dire que si la situation du Lightning n'avait pas déjà été réglée dans les buts, Yzerman et son personnel de recruteurs auraient pu passer Fucale sous le nez du Canadien avec leur 33e choix.

Pour l'instant, Canadien et Lightning, qui possèdent deux des meilleurs gardiens de la ligue, ne sont pas très inquiets de la situation de leurs deuxièmes gardiens pour les années futures, Fucale et Vasilevskiy.

Si BriseBois n'était pas un homme bien élevé avec de la classe, il ajouterait sans doute que son équipe n'échangerait jamais ses jeunes et talentueux attaquants pour ceux du Canadien, mais ça, c'est une autre histoire.

Le seul fait que ces deux équipes, campées dans la même division, se reverront souvent l'an prochain, devrait inciter Marc Bergevin à solutionner au plus tôt les problèmes de son attaque.

Cooper est un entraîneur différent

John Cooper est un entraîneur intelligent et fort différent de ce qu'on voit partout ailleurs, notamment dans le cadre de ses points de presse qui sont parmi les plus intéressants. Il ne se fâche pratiquement jamais et quand il est frustré d'une situation, il démontre un sang-froid étonnant en ne montant pas le ton d'un décibel.

La confrérie des médias espère que l'usure du temps n'en viendra pas à faire de lui un homme irritable et moins collaborateur.

«C'est notre responsabilité de s'assurer qu'il ne change rien à sa personnalité avec le temps», a fait remarquer BriseBois.