Les Américains gagnent une bataille mémorable contre le Canada
MONTRÉAL – C'était bien plus qu'un match de hockey ! L'immense rivalité étant amplifiée par les tensions politiques, un premier de trois combats s'est enclenché dès le départ. Mais les Américains ont remporté la bataille la plus importante, au compte de 3 à 1, face au Canada.
Voici nos observations de ce duel qui conservera un cachet historique alors que le Canada espère pouvoir se reprendre en finale de la Confrontation des 4 nations.
Larkin a asséné le coup fatal
Après une première période d'anthologie – on y reviendra – les deux ennemis ont joué avec plus de prudence durant la période médiane. Chaque erreur pouvait devenir si coûteuse.
C'est exactement ce qui est arrivé alors que Dylan Larkin a inscrit le but victorieux et surtout le coup le plus douloureux à encaisser pour le Canada.
Les Américains ont bénéficié d'un surnombre à la suite d'un revirement causé par Sidney Crosby et d'un mauvais changement de Thomas Harley qui a dû remplacer Cale Makar (virus).
Le gardien Jordan Binnington n'a pas été en mesure de corriger les erreurs sur cette séquence et Jake Guentzel a complété le pointage dans un filet désert.
« Les deux équipes ont eu leurs chances, c'est un jeu d'erreurs et j'ai commis un revirement qui a mené à leur but », a admis Crosby.
Une tension à couper au couteau
On pensait que les huées envers l'hymne national américain étaient la preuve de la tension entre les deux pays.
Mais on n'avait encore rien vu. D'entrée de jeu, Matthew Tkachuk a voulu envoyer un message en livrant un furieux combat à Brandon Hagel. Mais le Canadien a surpris Tkachuk en triomphant.
Brady Tkachuk, le petit frère, n'allait pas rester insensible à la situation. Il a répliqué immédiatement en dominant Sam Bennett.
Sous le choc de ce début canon, la foule du Centre Bell croyait que le spectacle hockey allait débuter. Mais J.T. Miller a plutôt jeté les gants face à Colton Parayko. Ce dernier a procuré l'avantage, 2 à 1, au Canada sur la carte des juges.
Il faut savoir que c'est extrêmement rare d'assister à des combats sur la scène internationale. En 1996, lors de la Coupe du monde, un certain Keith Tkachuk – oui, le papa des deux autres – avait perdu un duel contre Claude Lemieux.
Alors toutes les hypothèses sont bonnes pour expliquer ce lancement chaotique. Est-ce que Matthew Tkachuk voulait rendre hommage à son père qui a assisté à la partie ? Est-ce que la réaction américaine visait à venger les huées des spectateurs lors de leur hymne national ? Ou bien, est-ce le président américain Donald Trump – on plaisante - qui a voulu infliger des conséquences au Canada même sur la glace ?
Durant les entrevues, on a appris que ce départ avait été planifié par les frères Tkachuk et J.T. Miller.
« C'est à leur image. J'avais assurément l'impression que quelque chose du genre allait arriver », a confié Sam Bennett.
« Je m'attendais que ce soit très physique en raison des émotions élevées, mais je n'aurais pas prédit ça », a réagi Crosby.
Avec certitude, on peut toutefois dire que ce fut un match inoubliable et probablement l'affrontement le plus intense entre ces deux pays depuis la Série du siècle en 1972.
D'ailleurs, quatre participants de ce tournoi étaient présents : Yvan Cournoyer, Serge Savard, Ken Dryden et Paul Henderson.
Ajoutons aussi que ça faisait neuf ans que les meilleurs joueurs de ces deux camps rivaux n'avaient pas pu en découdre.
« J'ai joué dans des finales de la Coupe Stanley, mais l'atmosphère était à un tout autre niveau », a noté Guentzel sans qu'on puisse le contredire.
Le talent de McDavid, MacKinnon et Crosby n'a pas suffi
Après le défoulement physique, il fallait voir quel joueur allait donner le ton avec son bâton.
Sidney Crosby, en tant que meneur exceptionnel, avait joué ce rôle dans le premier match. Connor McDavid savait très bien qu'il devait suivre son exemple et il l'a fait avec brio en utilisant sa vitesse hallucinante pour se rendre jusqu'à Connor Hellebuyck et le battre d'un sublime tir du revers.
Malheureusement pour le Canada, ce fut le seul moment de magie de la soirée pour McDavid, Crosby et Nathan MacKinnon.
L'entraîneur Jon Cooper a tenté de créer une étincelle en unissant Crosby à McDavid, au lieu de MacKinnon, mais ça n'a pas été concluant.
Même l'ovation réservée à Carey Price n'a pas fourni les munitions nécessaires au Canada pour niveler le pointage en fin de match.
Tout un travail défensif des Américains
Il va de soi que les États-Unis ont excellé défensivement pour limiter le talent canadien à un seul but.
On aurait aimé compter le nombre de passes canadiennes interceptées par les Américains comme s'ils avaient un système de détection de passes comme au niveau militaire.
« Ce sont deux clubs avec des joueurs très brillants et doués. Dans la LNH, tu vois des matchs avec 45 tirs contre 35 et des chances de marquer partout. Mais quand il y tant de joueurs de haut niveau, voilà pourquoi ça descend dans la vingtaine et que l'espace est restreint. Les joueurs n'ont emprunté aucun raccourci et la marge d'erreur devient minuscule, c'est très impressionnant », a constaté Cooper.
« Je suis très impressionné par l'engagement défensif de nos joueurs. On en parle avec eux depuis les premières nominations. Même avec autant de talent, c'est difficile de gagner sans ça », a cerné Mike Sullivan qui dirige les États-Unis.
Binnington a perdu son duel contre Hellebuyck
La force du Canada ne se trouvait pas devant le filet et c'était connu de tous. Si Binnington est parvenu à s'illustrer à plusieurs occasions contre les Américains, il n'a pas bien paru sur les deux buts alloués.
Binnington s'en voulait surtout pour le premier but, mais son entraîneur a jugé qu'il était sévère envers lui-même en raison du reste de sa partie et du grand talent de Guentzel.
Quant à Hellebuyck, il n'a rien eu à se reprocher à l'autre bout du conflit.
Évidemment, pour accéder à la finale, le Canada aura une confrontation très importante, lundi soir à Boston, contre la Finlande. La foule américaine ne fera pas de cadeau aux joueurs canadiens.
« C'est décevant, bien sûr, mais on doit juste gagner notre prochain match pour les affronter de nouveau. C'est la plus belle rivalité dans le hockey. On veut les retrouver en finale », a conclu Bennett.