BOSTON - Les Blues de St Louis sont à une victoire de la toute première coupe Stanley de leur histoire.

 

Ils pourront soulever la coupe dès dimanche parce qu’ils ont disputé un très fort match, parce que leur gardien Jordan Binnington s’est imposé en stoppant 38 des 39 dirigés par les Bruins que les Blues ont finalement battus 2-1.

 

Mais c’est une fois encore une controverse reliée à une pénalité qui semblait évidente, pénalité que les arbitres ont décidé de laisser passer, qui retenait toute l’attention après le match.

 

« Un œil au beurre noir », s’est même permis de commenter l’entraîneur-chef des Bruins Bruce Cassidy après le match.

 

Et cette controverse accaparera sans doute une grande partie de l’attention d’ici la tenue de la sixième partie de la grande finale, dimanche, à St Louis.

 

Il faut dire que le jeu en question a eu un impact important sur le déroulement de la rencontre. Un impact crucial même, puisque quelques secondes après que les arbitres – Steve Kozari et Kelly Sutherland – eurent fermé les yeux sur un croc-en-jambe de Tyler Bozak aux dépens de Noel Acciari en fond de territoire des Bruins, David Perron a marqué son septième but des séries pour doubler l’avance des Blues avec ce qui allait devenir le but de la victoire.

 

« J’ai vu la rondelle qui était libre. J’ai foncé pour tenter de m’en emparer. Nous étions plusieurs à converger vers la rondelle et il y a eu un impact. Je n’ai pas eu le temps de voir qui c’était ou de réagir. J’ai étendu mon bâton et il s’est accroché dans ses pieds », plaidait Tyler Bozak après la rencontre.

 

Sa version des faits diffère un brin ou deux de la réalité alors qu’on voit très bien la jambe droite de Bozak atteindre la jambe gauche d’Acciari qui est tombé à la renverse et qui a mis du temps à se relever. Ce délai a ouvert la porte à Perron et aux Blues qui ont su en profiter.

 

« Bozak a mis de la pression sur la rondelle, O’Reilly a une fois encore effectué un bon jeu pour m’offrir de l’espace dans l’enclave. J’ai d’ailleurs tenté de lui remettre la rondelle à deux reprises de l’autre côté de l’enclave. Ma première passe a été stoppée et elle m’est revenue. Et lorsque j’ai tenté la deuxième, la rondelle a frappé l’intérieur d’une jambière de Rask pour dévier dans le fond du filet », expliquait David Perron après la rencontre.

 

Bruins en furie

 

La pénalité non décernée et le but des Blues qui a suivi ont soulevé l’ire des partisans des Bruins.

 

Le président de l’équipe Cam Neely a saisi une bouteille d’eau qu’il a violemment projetée contre un mur dans la loge occupée par les membres de l’état-major des Bruins sur la galerie de presse. Une scène qui a été immortalisée par les caméras des diffuseurs qui ont eu la bonne idée de se tourner vers le bouillant Neely qui, ironiquement, célébrait son 54e anniversaire de naissance jeudi.

 

Tout aussi bouillants, les partisans entassés dans les gradins du TD Garden se sont mis à tirer tout ce qui leur tombait sous la main en direction de la patinoire qui a rapidement pris des allures de dépotoir.

 

Mais le mal était fait.

 

« C’était un croc-en-jambe évident. Ça s’est déroulé sous les yeux des arbitres. Ça sautait aux yeux. Notre joueur s’est fait faucher. Il a été sonné et l’observateur dépêché par la LNH pour prévenir les contrecoups des commotions l’a sorti du match. Tout ça a eu un impact majeur sur le match puisque cela diminuait de beaucoup nos chances de victoire. La Ligue a encaissé son lot de critiques associées au travail des arbitres depuis le début des séries et ce soir c’est un autre œil au beurre noir qui s’ajoute », a martelé l’entraîneur-chef des Bruins.

 

Bruce Cassidy en a rajouté en s’insurgeant contre le fait que les arbitres ont semblé modifier leurs paramètres après que Craig Berube se soit plaint du fait que son club était beaucoup plus puni en grande finale qu’il ne l’avait été lors des trois premières rondes. Le coach des Blues a lancé cette remarque après que les Bruins eurent marqué quatre buts en attaque massive dans la victoire de 7-2 signée lors du troisième match.

 

Questionné sur les allégations de son coach, Patrice Bergeron est demeuré calme et posé.

 

« J’espère que ce n’est pas la raison. Ce serait dur à croire. On s’attendait tous à ce qu’une pénalité soit imposée sur le jeu. Le reste était hors de notre contrôle et c’est sûr qu’il fallait continuer à jouer. Mais c’est un but qui a fait mal », a commenté Bergeron en faisant référence au but de Perron.

 

Un brin coupables

 

Responsable des officiels, Steven Walkom a réagi par le biais d’un communiqué de la LNH après la rencontre. « Nos officiels prennent des centaines de décisions pendant une partie et nous ne commentons pas les décisions prises. Sur le jeu en question, l’arbitre a jugé qu’il ne s’agissait pas d’une pénalité. »

 

Normal que le boss des arbitres défendent ses employés. Surtout publiquement.

 

À mes yeux, les arbitres auraient dû sévir aux dépens de Bozak.

 

Mais au-delà cette pénalité, les Bruins doivent assumer une part de responsabilité dans leur défaite.

 

Oui ils ont très bien amorcé la rencontre. Oui ils ont canardé Jordan Binnington de 39 tirs, dont 17 au cours de la seule première période, alors qu’il était évident que le survoltage associé à la présence « surprise » de Zdeno Chara sur la patinoire en dépit la blessure à la mâchoire subie lors du quatrième match donnait des ailes aux Bruins et à leurs partisans.

 

Mais ils ont aussi traversé un long passage à vide en période médiane après que les Blues eurent couronné un brillant début d’engagement avec un but de Ryan O’Reilly.

 

Les Bruins ont aussi bousillé trois avantages numériques jeudi soir. Trois attaques massives au cours desquelles ils se sont contentés de trois maigres tirs au but. De fait, leurs partisans les ont chahutés, presque hués, en deuxième alors qu’ils patinaient dans le sable à cinq contre quatre.

 

Depuis la troisième partie de la finale, partie qu’ils ont gagnée 7-2 en marquant quatre buts en avantage numérique sur quatre tirs seulement, les Bruins ont été blanchis à leurs cinq dernières attaques massives. Ils n’ont obtenu que cinq tirs.

 

Ça n’aide pas leur cause...

 

Une fois en retard 2-0, les Bruins ont un peu plus ouvert la machine. Jake DeBrusk a d’ailleurs réduit l’écart trois minutes après le but de Perron. Les Bruins ont aussi poussé en fin de rencontre alors que Tuukka Rask avait été rappelé au banc à la faveur d’un sixième attaquant.

 

Mais là encore, ils ont été moins convaincants dans leurs efforts que l’ont été les Blues lors des deux derniers matchs.

 

Avec les résultats qu’on connaît.

 

Tous les joueurs des Bruins ont obtenu des tirs lors du match de jeudi. Loin de moi l’intention de diminuer la performance de Jordan Binnington, mais plusieurs des tirs des Bruins provenaient de loin, voire de très loin, et semblait être destinés à obtenir des retours bien plus qu’à mettre le jeune gardien à l’épreuve.

 

De fait, en matière d’occasions de grande qualité, je ne serais pas le moindrement surpris que Tuukka Rask en ait affrontées presque autant que son vis-à-vis des Blues.

 

En bref

 

  • Zdeno Chara a effectué 25 présences totalisant 16 : 42 de temps d’utilisation. Il a été pris à contrepied sur le premier but des Blues, mais a disputé un match plus qu’honnête avec deux tirs, quatre mises en échec, un vol de rondelle et trois tirs bloqués. Une bonne soirée de travail pour un défenseur en santé. S’il est vrai qu’il a la mâchoire fracturée, une telle performance tient de l’exploit...

 

  • David Krejci a été blanchi de la feuille de pointage pour un cinquième match de suite. Le vétéran joueur de centre n’a rien généré en attaque, mais il a aidé la cause de son équipe en effectuant un plongeon du désespoir en fin de deuxième période pour voler un but certain au défenseur Alex Pietrangelo qui s’apprêtait à tirer dans une cage désertée par Tuukka Rask. Krejci a aussi donné le troisième avantage numérique à son équipe alors qu’Alexander Steen a écopé une pénalité pour obstruction à ses dépens...

 

  • Après avoir récolté quatre points à ses deux derniers matchs, Patrice Bergeron a été blanchi jeudi. Il a toutefois cadré trois des quatre tirs qu’il a décochés en plus de gagner 15 des 25 mises en jeu qu’il a disputées (60 %). C’est quatre duels gagnés de plus que tous ses autres coéquipiers réunis...

 

  • Ryan O’Reilly a été supérieur à Bergeron avec une efficacité de 68 % (19 mises en jeu gagnées sur 28 disputées). Globalement, les Blues ont gagné 38 des 64 mises en jeu déposées au cours du match...

 

  • David Backes a été laissé de côté pour faire place à Steven Kampfer alors que les Bruins ont décidé de faire appel à sept défenseurs...

 

  • Les deux équipes mettront le cap sur St Louis vendredi en vue du sixième match qui sera disputé dimanche soir...

 

 

ContentId(3.1324312):Coupe Stanley : Blues 2 - Bruins 1
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