Les Jets, qui affrontent les Blues au 1er tour, font miroiter un printemps inoubliable
BLUES DE ST. LOUIS c. JETS DE WINNIPEG
Jets (1er rang Centrale) - Fiche de 56-22-4, 116 points - 277 buts marqués, 191 buts accordés
Blues (2e équipe repêchée) - Fiche de 44-30-8, 96 points - 254 buts marqués, 233 buts accordés
Le contexte
Les Jets n'auront jamais autant fait rêver leurs loyaux partisans qu'au cours des sept derniers mois. Une saison régulière lancée sur les chapeaux de roue avec 14 victoires en 15 matchs – une marque de la LNH – s'est conclue par le premier Trophée des Présidents de l'histoire de la concession manitobaine, au terme d'une lutte serrée avec les Capitals de Washington.
C'est ainsi qu'on les retrouve dans le rôle de grands favoris pour l'entame des séries éliminatoires. Ce statut est amplement mérité, compte tenu de la remarquable constance avec laquelle les Manitobains ont négocié ce calendrier 2024-2025. Pour signer 56 victoires et afficher un différentiel de buts de +86 dans la version actuelle du circuit Bettman, il faut réellement miser sur un groupe spécial dans toutes les phases du jeu.
Les hommes de Scott Arniel auront devant eux une équipe qui a dû patienter jusqu'à son 82e et dernier match pour officialiser une place en séries chèrement acquise, et largement attribuable au changement d'entraîneur-chef survenu au quart de la saison, alors que les Blues avaient perdu 13 de leurs 22 premières rencontres.
Bien entendu, tout n'a pas été rose en permanence depuis l'arrivée en poste du Montréalais Jim Montgomery, le 25 novembre. Mais le rendement de la formation de Missouri a fait tourner les têtes ici et là, notamment de la mi-mars au début d'avril, lorsqu'elle a aligné 12 victoires consécutives, la plus longue série de succès qu'ait signé une équipe de la LNH cette année.
Ça aura pris un dossier étincelant de 19-4-3 au retour de la pause de la Confrontation des 4 nations, mais les Blues y sont, et peaufinent maintenant leur préparation avec la traditionnelle mentalité de l'équipe négligée.
Les plus observateurs feront remarquer que ce sont les Jets qui avaient fait chuter les Blues de leur nuage, il y a une dizaine de jours à peine. C'était là le troisième gain signé par Winnipeg aux dépens de St. Louis en quatre duels du calendrier régulier.
À l'attaque
À tout Seigneur tout honneur : Kyle Connor et Mark Scheifele auront été les bougies d'allumage offensives des Jets pour une grande majorité de matchs. Les compagnons de trio en retirent des sommets personnels de 96 et 86 points, respectivement. Le troisième membre de leur très productive unité manque malheureusement à l'appel, alors que l'ailier droit Gabriel Vilardi a subi une entorse à un genou le 23 mars dernier. À ce point-ci, on ignore s'il sera en mesure de renouer avec l'action durant cette série. Il ne faudrait pas l'exclure complètement, mais cela semble peu probable.
Lorsque tout le monde est en santé, le capitaine Adam Lowry pivote l'un des trios défensifs par excellence de la ligue, flanqué de Mason Appleton et Nino Niederreiter. Forcément, il y a un jeu de chaise musicale dont Arniel se serait bien passé depuis que Vilardi est tombé au combat et que Nikolaj Ehlers a aussi subi une blessure qui nécessitera une réévaluation hebdomadaire. C'est donc Niederreiter qui pour l'instant évolue à la gauche de Vladislav Namestnikov et de Cole Perfetti, tandis que Brandon Tanev – Kevin Cheveldayoff doit se féliciter d'être allé le ratrapier à Seattle – remplace le Suisse au sein de la troisième unité. Pour sa part, Alex Iaffalo maintient sa place récemment acquise auprès de Connor et Scheifele. Il possède juste assez de vision du jeu et de vision offensive pour tirer son épingle du jeu, en attendant Vilardi.
Chez les Blues, malgré un refus de passer à une reconstruction en bonne et due forme, une place considérable est allouée à la jeunesse au sein du top-9. Une fois Dylan Holloway réintégré à l'alignement, Montgomery aura sous sa tutelle quatre attaquants de 23 ans ou moins éparpillés sur les trois premiers trios, de Jake Neighbours en passant par Zachary Bolduc et Jimmy Snuggerud. Cela va de soi, il y a là un manque flagrant d'expérience en séries.
Brayden Schenn, Robert Thomas et Oskar Sundkvist étaient du groupe des Blues ayant surpris la planète hockey et raflé les grands honneurs en 2019, tandis que Jordan Kyrou était présent, sans avoir joué en éliminatoires.
Verdict : un avantage aux Jets, en raison de l'expérience en séries de plusieurs vétérans. Cet avantage pourrait s'accentuer si Vilardi et Ehlers retrouvent le groupe.
À la défense et devant le filet
Ce n'est pas parce qu'ils ne vous font pas bondir de votre siège que les membres de la brigade défensive des Jets ne méritent pas leurs fleurs. Tous les membres de ce top-6 connaissent admirablement bien leur rôle, à commencer par le premier duo composé de Josh Morrissey et Dylan DeMelo. Le premier est un as de la relance et contribue à générer de l'attaque sans être spectaculaire, tandis que le second est un véritable roc dans sa zone, qui n'hésite jamais à se sacrifier pour bloquer des lancers.
Neal Pionk ne reçoit pas énormément d'éloges lui non plus, mais il est pourtant une valeur sûre du top-4 des Jets. Pour leur part, Luke Schenn, Dylan Samberg, Colin Miller et Logan Stanley complètent les deux derniers duos d'une ligne bleue à dimension résolument physique.
Ça tombe plutôt bien que les Jets ait bâti leur groupe de défenseurs en fonction d'exceller lorsqu'il s'agit de faire le ménage devant leur filet, puisqu'il est protégé par un mur, le plus récent récipiendaire du trophée Vézina (et probablement le prochain aussi), Connor Hellebuyck. Enlevez aux adversaires la possibilité de converger vers le filet et d'obtenir des deuxièmes chances de marquer, et « Helly » vous remerciera en arrêtant à peu près toutes les premières.
Le portier vedette serait le premier à l'avouer : les honneurs individuels, c'est bien beau, mais il faudra faire mieux que par le passé en contexte de matchs cruciaux.
L'ironie du sort veut qu'à l'autre bout de la patinoire, il y ait Jordan Binnington. Celui-là même qui, sans être le moindrement régulier d'une sortie à l'autre, s'est aussi bâti la réputation d'un gardien qui se nourrit des grands enjeux plutôt que de les fuir. On en avait eu un rappel on ne peut plus évident par sa prestance en finale de la Confrontation des 4 nations, il y a deux mois, contre ce même Hellebuyck devant la cage américaine.
Devant Binnington, l'unité défensive des Blues ne compte sur aucun défenseur ayant le même flegme que Morrissey. Mais force est d'admettre que depuis l'acquisition de Cam Fowler à la mi-décembre, la ligne bleue est drôlement mieux équilibrée.
L'ancien des Ducks d'Anaheim forme avec Colton Parayko, Philip Broberg et Justin Faulk un top-4 qui est loin d'être gênant. Puis à 17 ou 18 minutes par match, les vétérans Nick Leddy et Ryan Suter peuvent encore rendre de fiers services au sein du troisième duo, particulièrement en contexte de hockey des séries.
Verdict : un avantage aux Jets lié grandement à l'aura de Hellebuyck
Les unités spéciales
L'avantage numérique a fonctionné à plein régime dès le début de la saison, et n'a jamais vraiment dérougi, terminant au tout premier rang à 29,4 % d'efficacité. Mais ça, c'était en tenant compte de la complicité de Vilardi et Ehlers au sein de la quintette complétée par Connor, Scheifele et Morrissey. À Perfetti et Iaffalo de faire leur part pour que la première unité déployée par Winnipeg garde la main heureuse, d'autant plus qu'elle sera confrontée à une unité d'infériorité numérique bien pâle, qui s'est contentée du 27e rang cette saison.
De son côté, l'attaque massive des Blues a été plutôt moyenne, avec une efficacité de 22,1 % qui les a positionnés 17es. Elle devra trouver des façons de générer des occasions face à la 14e meilleure équipe de la ligue en situations à court d'un homme.
Verdict : un avantage net aux Jets
Les intangibles
Tel que discuté plus tôt, il est difficile d'accorder l'ascendant aux Blues à l'attaque, en défense et devant le filet. Il faut donc s'en remettre à l'élément d'enthousiasme typique à toute équipe qui a été poussée dans ses derniers retranchements afin d'assurer sa qualification. La pression d'obtenir des résultats est complètement absente chez les Blues, tandis que les Jets ont fait miroiter de grandes choses à leurs supporters aux aléas d'une saison historique.
L'ambiance du Canada Life Centre est survoltée en matchs de séries, et ça ne date pas d'hier. Mais le Enterprise Center ne donne pas sa place lui non plus lorsque les choses vont bien pour les Blues.
Est-ce au chapitre du coaching qu'on peut attribuer un léger avantage aux Blues? Montgomery a amené les Stars de Dallas en finale de la coupe Stanley à l'été 2020, après tout.
Prédiction du RDS.ca : victoire des Jets en 6 matchs