Section spéciale des séries

 

J’adore couvrir les séries et pour plusieurs raisons. Premièrement, pour l’émotion, l’intensité et la qualité du jeu alors que chaque petit détail peut faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Il y a aussi parce qu’épier les joueurs de deux clubs chaque jour pendant deux semaines permet d’évaluer plusieurs choses. C’est un monde de différence comparativement à voir un match à la télé. En fait, je dirais que de voir les faits saillants des parties, c’est comme reluquer le compte Instagram d’une personne. Regarder des matchs dans son salon, c’est comme une amitié Facebook avec quelqu’un qu’on a plus ou moins perdue de vue. Se retrouver sur place pour surveiller un joueur, c’est apprendre à connaître l’autre pour vrai; je ne parle pas nécessairement de l’être humain, mais bien du joueur de hockey.

 

J’ai beau avoir pu constater l’immense talent de Mitch Marner à la télé et lors des duels face au Canadien, sa tenue depuis le début des séries m’impressionne énormément. L’échantillon de trois parties éliminatoires qui s’ajoute à ce que j’ai vu auparavant confirme que ce jeune de 21 ans est encore meilleur ce que je pensais.  

 

Fabricant de jeu exceptionnel, il n’a cessé de progresser à chacune de ses trois saisons dans la LNH. Cette année, seuls Nikita Kucherov, Connor McDavid et Blake Wheeler ont obtenu plus de mentions d’aide que lui. Mais Marner c’est plus que des buts et des passes. C’est un joueur complet qui se débrouille dans toutes les facettes du jeu. Pas pour rien que malgré toutes les ressources dont il dispose, Mike Babcock pense toujours à lui dans les situations critiques. D’ailleurs, chez les ailiers droits, son temps de jeu de 19:49 l’a placé au septième rang du circuit Bettman cette saison. Lundi, dans le gain des Leafs, il était sur la patinoire pour préserver la mince avance de son club en toute fin de rencontre. Et Marner n’a pas hésité à se jeter sur la glace pour bloquer deux lancers. Quand un joueur étoile agit comme ça, ça incite tout le groupe à se défoncer à l’ouvrage. Pas pour rien que le jeune attaquant des Leafs a reçu des votes de certains collègues pour le trophée Selke remis au meilleur attaquant défensif. Jake Muzzin, qui a joué près de 500 parties avec Anze Kopitar à Los Angeles, ne va pas jusqu’à tracer un parallèle entre les deux attaquants, mais il ne tarit quand même pas d’éloges pour son nouveau coéquipier.

 

« Marner, c’est un gars qui fait tout ce que ça prend pour faire gagner l’équipe. Il a une mentalité comme ça et on en a eu tout un exemple lundi soir quand il a sacrifié son corps pour empêcher la rondelle de se rendre au filet. C’est un joueur tellement intelligent et ça lui permet souvent de faire une lecture du jeu avant tout le monde », explique le défenseur de 30 ans.

 

Plus les Maple Leafs iront loin en séries et plus le talent démesuré de Marner va briller. Par conséquent, sa valeur va continuer d’augmenter. Kyle Dubas devra se creuser les méninges pour s’assurer de le garder à Toronto. Les joueurs autonomes Jake Gardiner et Ron Hainsey ne devraient pas revenir. Il y a aussi l’option de racheter la dernière saison au contrat de Patrick Marleau et Nazem Kadri pourrait servir de monnaie d’échange dans une éventuelle transaction au cours de l’été. Mais peu importe, il faudra que le DG trouve un moyen de libérer de l’espace pour lui consentir un contrat semblable à celui d’Auston Matthews (58 millions $ pour 5 ans). Mais l’offre qui sera sur la table sera peut-être moins intéressante que celle offerte à Matthews. En février dernier, lors de la conférence de presse pour annoncer la nouvelle entente de Matthews, Dubas a subtilement glissé qu’un joueur de centre de premier plan est primordial aux succès d’une formation, que c’est difficile d’en trouver un et qu’il faut s’assurer de le garder quand on en a un comme lui.

 

Ce dossier sera un des plus intéressants à suivre cet été. Le clan Marner recevra-t-il des offres hostiles? Originaire de Toronto, acceptera-t-il un peu moins pour demeurer avec l’équipe de son enfance? Toutefois, il serait surprenant qu’il signe à rabais... et son père Paul a souvent laissé entendre publiquement que son fils vaut autant sinon plus qu’Auston Matthews. Ça promet!