COLLABORATION SPÉCIALE

Certaines des meilleures formations de la LNH ont mis le paquet avant la date limite des échanges afin d’améliorer leurs chances d’être couronnées champions de la Coupe Stanley.

Pendant ce temps, d’autres clubs nous ont étonnés jusqu’à un certain degré par leur retenue, alors que l’on s’attendait à ce qu’ils soient des acheteurs plus agressifs.

À la lumière des récents mouvements de personnel, je vous propose mon top-5 des équipes du circuit Bettman, alors que s’amorce le dernier droit menant aux éliminatoires.

1. L’Avalanche du Colorado

Bien qu’il ait terminé au deuxième rang dans la course aux services de Claude Giroux, j’aime penser que Joe Sakic a réalisé les ajouts nécessaires afin de cimenter la place de l’Avalanche comme large favori dans l’Ouest. Ses joueurs vedettes, il les avait déjà à portée de main. Il a donc tâché de bien sélectionner les joueurs de soutien qu’il voulait greffer à son groupe, et c’est finalement Artturi Lehkonen, Josh Manson et Nico Sturm qui ont été les élus. Ce sont des joueurs hargneux qui vont amener une dimension différente à un prétendant au titre.

L’ajout de Lehkonen pourrait être d’une importance capitale pour l’efficacité du troisième trio du Colorado. Ce n’est pas sans rappeler l’ajout de Blake Coleman par le Lightning de Tampa Bay au printemps 2020, par exemple.

À mon sens, cette équipe présente peu ou pas de faiblesses. Par ailleurs, j’ai la conviction que le centre étoile Nathan MacKinnon, déjà un patineur terrorisant en saison régulière, est sur le point d’éclore comme un meneur incontesté pour son équipe en contexte de séries. Il y a eu des déceptions relativement tôt dans le calendrier d’après-saison par les années précédentes, mais je m’attends à ce que le refrain soit différent cette fois, surtout si le capitaine Gabriel Landeskog revient au jeu dans un délai raisonnable et au sommet des de ses habiletés.

2. Panthers de la Floride

Les Panthers n’entendent pas à rire cette année et Bill Zito nous en a fait la preuve assez éloquente en acceptant de payer le prix demandé pour faire l’acquisition de Giroux et de Ben Chiarot. Il y avait un besoin évident d’amener un défenseur ayant le genre d’identité que présente l’ancien no 8 du Canadien, et le DG l’a bien reconnu.

Dans le cas de Giroux, il y aura une adaptation intrigante à surveiller ces prochaines semaines. Il sera hyper bien entouré, et il sera en mesure de s’apercevoir que tout ne repose pas sur ses épaules de la même façon que c’était le cas à Phialdelphie. Il s’amène à Sunrise dans le but de prêter main-forte à un groupe misant déjà sur deux grandes vedettes offensives, en l’occurrence Jonathan Huberdeau et Aleksander Barkov. Je crois que ça lui rendra service, et que son expérience donnera un bon coup de pouce à l’équipe.

À mes yeux, la défaite subie aux mains du Lightning en séries l’année dernière leur aura servi de leçon. Ce groupe aura appris de cette expérience et gagné en maturité. C’est un effectif très équilibré, et Andrew Brunette a pris le relais d’une main de maître après la démission de Joel Quenneville. Sa troupe a réellement l’air en mission depuis le Jour 1 de la saison.

Bien entendu, tous ces succès retentissants connus entre les mois d’octobre et d’avril ne voudront rien dire si les Panthers ne sont pas en mesure de passer l’obstacle que représentent leurs voisins, les doubles champions en titre. Malheureusement, une de ces deux super-puissances ne sera plus du rendez-vous éliminatoire une fois terminée la deuxième ronde.

3. Lightning de Tampa Bay

Comme c’est devenu la thématique chez le Lightning, des ajouts de profondeur ont été faits avant la date butoir, et c’est à nouveau en mettant à profit sa créativité que Julien BriseBois y est parvenu, alors qu’on le croyait menotté par le plafond salarial.

Taylor Raddysh et Boris Katchouk ont ainsi été remplacés par Brandon Hagel (Chicago) et Nick Paul (Ottawa) dans la formation de Jon Cooper. Ce sont deux menaces offensives plus importantes que ceux à qui ils succèdent, le tout sans sacrifier quelque chose de majeur. Et le plus important dans l’histoire pour BriseBois est qu’il sait exactement à quoi s’attendre vis-à-vis leur contrat : Hagel empochera 1,5 M$ par saison jusqu’en 2023-2024, et Paul sera joueur autonome sans compensation à la conclusion de la saison. Tampa est une équipe qui développe tellement bien ses jeunes talents qu’on peut parler d’un risque calculé.

Tout comme l’Avalanche, je vois un club qui ne présente pas trop de faiblesses. Il n’est peut-être pas aussi présent dans les discussions relatives au trophée Vézina cette saison, mais Andrei Vasilevskiy demeure un gardien d’élite qui donne des cauchemars aux meilleurs éléments adverses en séries. Advenant un rendez-vous entre les rivaux floridiens, le Lightning aura la paix d’esprit de savoir que le grand no 88 répondra présent. Qu’en sera-t-il de Sergei Bobrovsky de l’autre côté? C’est une plus grande énigme.

4. Hurricanes de la Caroline

Une équipe complète et bien dirigée, les Hurricanes ont fait partie de ces équipes qui ont préféré acheter modérément dans la journée de lundi. Ce n’est guère surprenant, car Don Waddell s’est toujours affiché comme étant un DG réticent à se priver de choix et d’espoirs pour un joueur de location.

Sans verser un prix démesuré aux Blue Jackets de Columbus, Waddell a obtenu Max Domi, qui viendra probablement se glisser au sein de la troisième unité offensive des Canes. Rod Brind’Amour impose un cadre bien défini à ses joueurs, et Domi devra le respecter et en vitesse, lui qui a fréquemment montré par le passé qu’il peut se montrer coupable d’indiscipline, que ce soit par un relâchement ou par un geste de frustration à l’endroit d’un adversaire. Il n’en demeure pas moins que Domi amène des qualités de passeur et de l’attitude. Si l’expérience n’est pas concluante, la profondeur est suffisante en Caroline pour le laisser de côté.

À mon sens, les Canes forment l’une des équipes les plus impressionnantes à voir jouer collectivement. Il y a du dynamisme dans l’ensemble de l’effectif, de la vitesse et de la cohésion en transition. Brind’Amour a installé un niveau d’intensité qui représente la marque de commerce des Canes. Ils sont jeunes et fougueux, et ils ont donné à l’état-major des raisons de croire qu’avec les éléments en place, ils peuvent se rendre jusqu’au bout. D’où la retenue de Waddell en début de semaine. Voyons maintenant si la stratégie rapportera.

5. Wild du Minnesota

J’en surprendrai peut-être quelques-uns car après tout, le Wild a glissé jusqu’au 11e rang du classement général avec des résultats mitigés au cours du dernier mois.

Mais je vois l’acquisition de Marc-André Fleury comme étant un possible « game changer » pour le groupe de joueurs de Dean Evason. Si le gardien québécois est capable d’offrir son rendement le plus inspiré, et qu’en plus, il arrive à inspirer Cam Talbot à hausser son niveau de jeu, le Wild sera en très bonne posture à l’aube des séries.

Le Minnesota joue un peu comme la Caroline, en ce sens qu’il y a un joueur étoile évident en Kirill Kaprizov, mais pour le reste, c’est davantage l’affaire de quatre trios et six défenseurs. Ils affichent une combativité et un niveau de robustesse que je vois se traduire par du succès en éliminatoires, notamment avec Marcus Foligno, le nouveau venu Nicolas Deslauriers et Jordan Greenway, trois joueurs qui aiment brasser la cage de l’adversaire.

Je crois que le Wild pourrait faire tomber des têtes en éliminatoires, surtout si l’effet Fleury se matérialise. En tant que grand habitué de la finale de la Coupe Stanley, le vétéran de 37 ans peut aider non seulement sur la patinoire – après tout, il était le gagnant du trophée Vézina pas plus tard que l’an dernier –, mais également dans le vestiaire, avec ses qualités de meneur.

* propos recueillis par Maxime Desroches