L’heure est aux décisions pour Marc Bergevin et son homologue à l’autre bout de la 417, Pierre Dorion. Les deux directeurs généraux risquent d’être fortement sollicités par plusieurs de leurs pairs en quête de renforts ou à la recherche d’aubaines à la date limite des transactions dans la LNH, le 26 février prochain. 

En assumant les conséquences de leurs actions et de leurs gestes potentiels en devenant vendeurs, Bergevin et Dorion devront faire preuve de grande lucidité sur le plan stratégique et être bien conscients des grandes orientations pour les années futures.

Donc, quoi faire : rafistoler ou reconstruire? Savoir dire oui ou savoir dire non? Cela risque d’être un des plus grands défis pour les deux hommes dans ces moments de haute tension qui vont se pointer à l’horizon au cours des deux prochaines semaines.

Il faudra certainement résister à la pression externe et dire non à ceux qui voudraient abuser ou profiter d’un certain moment de faiblesse en raison du contexte actuel : ce triste constat d’échec pour la saison présente tant à Montréal qu’à Ottawa.

En se libérant du regard des autres dans cet environnement où la pression risque d’être à couper au couteau, Bergevin et Dorion, dans leur gestion quotidienne respective, devront faire preuve d’un grand contrôle et éviter de se laisser gérer par les émotions.

Penser un seul instant que chaque problème aura trouvé solution d’ici la date limite du 26 février prochain demeure illusoire, surtout dans ce milieu aussi compétitif.

À la recherche de solutions à courts, moyens et longs termes, les deux DG sont très conscients que chacune de leurs décisions risque de se retrouver sous le microscope de la forte majorité des observateurs de la scène. Et ces derniers n’hésiteront pas à critiquer, s’il y a lieu.

Pas de côté ou pas en arrière?

Honnêtement, du haut de la passerelle, il serait très surprenant de voir la Sainte Flanelle emprunter le chemin de la reconstruction et ainsi effectuer un pas en arrière.

Certes, un pas de côté sera nécessaire afin de trancher dans les dossiers de certains joueurs qui vont flirter avec l’autonomie complète à la fin de la présente saison : Tomas Plekanec, Nicolas Deslauriers, Jakub Jerabek et Antti Niemi, entre autres.

Si on regarde les différents dossiers de l’équipe, comment justifier les ententes, à tort ou à raison, de Carey Price, Jeff Petry, Karl Alzner, et plusieurs autres au cours des derniers mois? Cela représente en quelque sorte un non-sens aux yeux de plusieurs.

Max Pacioretty pourrait changer d’adresse, oui. Cela demeure dans les hypothèses, car le capitaine du Canadien, un peu comme Jason Spezza à l’époque chez les Sénateurs d’Ottawa, semble être habité par certaines pensées paralysantes et par une peur de décevoir. Tout ça dans un rôle qui ne semble pas nécessairement bien le servir.

Pour ce qui est d’Alex Galchenyuk, avec ses 12 buts, dont seulement cinq en situation de cinq contre cinq (différentiel de moins-27), disons que l’impression qu’il dégage est de se voir davantage dans la solution que dans le problème.

Ce dernier demeure, aux yeux de plusieurs, le plus susceptible de changer d’adresse d’ici le 26 février prochain ou peut-être durant la saison morte.

Entretemps, Bergevin, lui, semble toujours être dans la zone de grâce du propriétaire Geoff Molson. Le Tricolore possède quatre choix au repêchage dans les deux premières rondes lors de la prochaine séance de sélection et d’un certain espace sous le plafond salarial, tout en considérant l’entrée en vigueur du contrat de Price.

De façon réaliste, le Canadien n’est peut-être pas si loin de retrouver un niveau de respectabilité, de se réapproprier un certain plaisir perdu en cours de route et de regagner la confiance de ses plus fidèles partisans.

Or, seules les prochaines actions pourront nous permettre de porter un verdict beaucoup plus juste et précis sur la suite des choses. Et n’oublions jamais que dans un marché comme Montréal, on ne pardonne pas si facilement.

Pierre DorionChers partisans des Sénateurs...

C’est avec grande surprise que le propriétaire des Sénateurs, Eugene Melnyk, a décidé, vendredi dernier, d’annoncer le prolongement de l’entente contractuel de son directeur général Pierre Dorion pour trois saisons supplémentaires.

M. Melnyk n’a toutefois pas voulu s’inspirer de ce qui avait été fait par Glen Sather et Jeff Gorton à New York, quelques jours plus tôt. On se rappelle que le président et le directeur général des Rangers, avaient déclaré sur la place publique, par l’entremise d’une lettre ouverte, le réel désir d’amorcer un virage à 180 degrés. Une situation qui en a laissé plusieurs perplexes.

Pour ce qui est des Sénateurs, je suis surtout surpris du moment choisi pour une telle annonce. Une nouvelle qui nous permet de lancer l’hypothèse que des changements assez significatifs risquent de survenir au cours des prochaines semaines ou des prochains mois.

On voudra donner un sérieux coup de barre à cette formation surévaluée, à la suite des succès de la précédente saison.

Dans un marché aussi fragile et instable que celui d’Ottawa, la vraie question n’est pas nécessairement de connaître les intentions du propriétaire et du directeur général, mais de connaître les intentions de certains joueurs de premier niveau.

Quels sont ceux qui ont le réel désir de demeurer au sein d’une formation qui risque fortement d’entamer un processus de reconstruction au cours des prochaines saisons?

Qui d’Erik Karlsson, Derick Brassard ou Matt Duchene, surtout en considérant leur âge, voudra faire partie d’un plan de relance? Une décision qui risquerait probablement de les éloigner de l’occasion de remporter le gros trophée, à court terme du moins.

Elle est là, la vraie question, surtout en sachant que dans l’état actuel des choses, plusieurs joueurs s’informent de plus en plus sur la direction que pourrait prendre la haute direction des Sénateurs et sur les intentions de certains coéquipiers.

Voilà une situation qui, fort possiblement, malgré de bonnes intentions, forcera Pierre Dorion à effectuer du mouvement de personnel à contre-gré, car certains ont tout simplement le désir d’aller voir ailleurs.

À suivre!