PALM BEACH - Contacté par le Premier ministre Québec il y a quelques semaines dans le cadre d’une stratégie de François Legault de raviver un éventuel retour des Nordiques dans la Capitale, Gary Bettman recevra, en janvier, un émissaire du gouvernement québécois.

 

Questionné sur cette future rencontre au terme de la réunion des gouverneurs qui se déroulait depuis jeudi en Floride, le commissaire ne savait toutefois pas la date précise de cette rencontre, avec qui elle se déroulera et la nature précise de la rencontre.

 

« Je croyais que c’était le Premier ministre qui serait là », a indiqué M. Bettman lorsque je lui ai demandé s’il avait déjà fixé une date pour sa rencontre avec le ministre des Finances Éric Girard, qui a été mandaté par François Legault pour piloter ce dossier.

 

« Que ce soit le Premier ministre ou un ministre important de son cabinet ne change rien. Nous sommes toujours prêts à rencontrer des groupes qui s’intéressent à notre ligue », que le commissaire a répondu en ajoutant qu’il ne voulait manquer de respect à personne en admettant le fait qu’il ne savait pas qui viendrait le visiter dans ses bureaux de Manhattan.

 

Depuis que la LNH a reporté la candidature de Québec en 2016 alors qu’elle a accepté cette de Las Vegas, l’attention sur le retour de Nordiques à Québec a grandement diminué. Elle n’a pas même été ravivée dans le cadre du processus d’expansion qui a mené à l’entrée du Kraken de Seattle à titre de 32e formation du circuit Bettman.

 

La décision de François Legault de contacter la LNH pour réclamer une rencontre officielle est intéressante. Car bien qu’il n’y ait pas de projet d’expansion et que le commissaire assure toujours avec la même conviction n’avoir aucune intention de relocaliser une équipe – les franchises installées en Arizona et à Ottawa patinent dans le sable depuis des années sur le plan financier – il est important que la candidature de Québec soit toujours active dans les bureaux de la LNH.

Le reste ne compte pas vraiment. Du moins, pas encore. Car la ville doit plus que jamais trouver une façon de convaincre le commissaire Bettman et ses gouverneurs, à commencer par le propriétaire des Bruins Jeremy Jacob – qui est aussi le Président du comité exécutif de la LNH – que le portrait financier du Québec et de la Capitale a changé.

 

«Il est hors de question pour moi de spéculer sur les motifs du gouvernement. Et je ne commenterai pas cette rencontre avant qu’elle n’ait lieu. Nous savons que la ville de Québec, comme le reste de la province, regorge de partisans de hockey qui sont passionnés. Il est important de rappeler qu’en 1995, lorsque les Nordiques ont quitté pour Denver, personne ne voulait bâtir un nouvel amphithéâtre et aucun acquéreur potentiel ne voulait garder le club à Québec», que Bettman a rappelé comme un mauvais souvenir.

 

Bien des choses ont changé à Québec depuis 1995. Le Colisée a été remplacé par le Centre Vidéotron, qui n’a rien à envier aux 32 autres amphithéâtres de la LNH. Le bassin d’amateurs a grandi également.

 

Le défi qui attend le ministre Girard sera de démontrer à Gary Bettman que la réalité économique a aussi grandement changé. Que ce petit marché, parce que oui, Québec représente toujours un petit marché, peut survivre dans les paramètres économiques d’aujourd’hui autant sinon mieux que plusieurs autres petits marchés autour de la LNH.

 

En 2016, lorsque la LNH a reporté la candidature de Québec au lieu de simplement la rejeter, l’ancien Premier ministre Brian Mulroney, qui était aussi membre du conseil d’administration de Quebecor, avait servi de porte-étendard dans la campagne visant à convaincre la LNH.

 

Dans le dernier droit du processus, M. Mulroney avait admis qu’il fallait songer à trouver des partenaires pour monter une structure solide qui permettrait de déposer les 500 millions $ réclamés par la LNH comme simple droit d’entrée.

 

Ce droit d’entrée est passé à 650 millions $ dans le cadre du processus qui a permis au Kraken de devenir la 32e formation de la Ligue.

 

Sans oublier que les Penguins viennent d’entre vendus autour de 900 millions $. Une transaction qui fera grimper la valeur de l’ensemble des concessions.

 

En raison de toutes ces fluctuations à la hausse, il est raisonnable de croire qu’un éventuel retour des Nordiques à Québec coûterait un minimum de 650 millions $.

 

Vrai que l’achat d’une équipe en difficulté coûterait sans doute moins que 650 millions $. Mais une fois l’acquisition effectuée, la LNH pourrait facilement imposer des frais de relocalisation qui combleraient le vide entre le prix de vente et le droit d’entrée versé par le Kraken. Et qui pourraient même le dépasser.

 

Et bien sûr, on parle ici de centaines de millions $ en devises américaines…

 

La rencontre prévue en janvier entre le gouvernement du Québec et la LNH ne se terminera pas par une promesse que la Capitale reverra des Nordiques évoluant dans la LNH à court, moyen ou long terme.

 

Mais si les amateurs veulent encore espérer qu’un tel retour puisse se réaliser un jour, le ministre Girard devra avoir profiter de cette rencontre pour démontrer que la réalité économique de la Capitale et de la province permet aujourd’hui de considérer une éventuelle candidature de Québec sur le même pied que celles des autres villes américaines – le nom de Houston vient en tête de liste – vers qui la LNH pourrait devoir éventuellement se tourner.

 

Et il s’agit là d’un mandat énorme.