BUFFALO – Au cœur de son année de repêchage, le gardien Olivier Rodrigue ne s’est pas laissé déranger par beaucoup de choses. Mais, il trouvait qu’il n’apparaissait pas souvent dans le montage des « arrêts de la semaine ».

 

Il en a fait la confidence à son père Sylvain, l’entraîneur du développement des gardiens pour les Oilers d’Edmonton, qui a trouvé la réponse la plus pertinente.

 

« Je lui ai répondu que c’est une bonne chose! S’il y a une place où tu ne veux pas être, c’est bien là. Ça veut dire que tu as été dans le trouble donc j’imagine que tu es en contrôle devant ton but », a raconté le paternel à RDS.ca.

 

L’anecdote peut paraître banale, mais elle englobe une réalité avec laquelle le gardien des Voltigeurs doit composer.

 

« Il n’est pas le plus flamboyant au monde dans la vie de tous les jours et dans sa manière de jouer.

 

« Parfois, il passe un peu inaperçu. Mais, si tu regardes sa saison, il a démontré qu’il était capable de jouer beaucoup. J’ai jeté un coup d’œil après les Championnats du monde U18 et il était rendu à 74 ou 75 départs dans l’année. C’est beaucoup à son âge », a décrit le membre de l’organisation des Oilers.Olivier Rodrigue

 

En jouant aussi souvent et de manière aussi constante, Rodrigue est justement parvenu à accaparer l'attention qu'il mérite. Il a été l’homme de toutes les situations autant avec les Voltigeurs que les formations canadiennes en dépit d’une stature frêle de six pieds un pouce et 160 livres. Les dividendes sont qu’il s’est hissé du deuxième au premier rang sur le dernier rapport de la Centrale de recrutement de la LNH pour les gardiens de l’Amérique du Nord.

 

« Je ne suis peut-être pas le plus gros gars physiquement. Mais, même si je pèse 160 livres, j’ai été capable de prouver que je pouvais jouer 75 matchs sans même subir de blessures », a confié Rodrigue avec le sourire du devoir accompli.

 

« C’est la différence avec l’an passé qui était une saison d’adaptation. J’étais moins mature que je le suis maintenant. J’étais fatigué à la fin alors que, cette fois, je suis parti en Russie (U18) après la saison et mes performances étaient encore au rendez-vous », a ajouté Rodrigue dont l'entraîneur des gardiens à Drummondville est Olivier Michaud.

 

Malgré tout, certaines organisations de la LNH recherchent encore le gardien format géant. Le repêchage à Dallas permettra de découvrir si cette réalité le forcera à exercer sa patience plus longtemps dans les gradins.

 

« Oui, je ne mesure pas six pieds quatre ou six pieds cinq pouces et je ne suis pas le gars qui prend le plus de place devant le filet. Mais je crois que je suis capable de réussir autant de choses que les gars de cette grandeur. Je ne m’en fais pas avec ça », a commenté Rodrigue qui a questionné plus d’une fois dans ses rencontres avec les clubs.  

 

Les rapports, dans l’ensemble, demeurent toutefois positifs à son sujet.

 

« Pour moi, celui qui se démarque, c’est Rodrigue. La seule chose, c’est qu’il n’est pas grand pour un gardien de but de nos jours. Sa grandeur va le faire descendre au repêchage. S’il avait mesuré six pieds deux pouces, il aurait assurément été le premier à sortir », a déterminé un recruteur d’une équipe de l’Est de la LNH.

 

Dan Marr, le directeur de la Centrale de recrutement de la LNH, s’est fié aux notes de leur spécialiste des gardiens, Al Jensen, pour appuyer sa vision de Rodrigue.

 

« Il n’est pas parmi les plus petits, ni les plus grands. Sauf qu’il est mince, il a beaucoup de " remplissage " à faire. Cette année, il n’y a pas candidat exceptionnel devant le filet qui sortiront très haut, mais avec Rodrigue, on sait que ses performances seront là dans les grands rendez-vous et les équipes aiment ça », a décrit Marr au RDS.ca.

 

« Ce qui ressort surtout avec lui, c’est qu’il est " as cool as a cucumber ". Il demeure très calme devant son filet et il est à la hauteur sous pression, il sait comment composer avec ça. On n’a pas l’impression qu’il doit survivre à un trajet de montagnes russes », a-t-il ajouté.

 

Il y a une autre raison qui explique pourquoi Rodrigue ne cède pas à la panique devant sa cage.  

 

« Les équipes qui font leurs devoirs comme il faut, elles sont en mesure de voir autre chose que les statistiques évidentes. Le contrôle des retours est l’une de ses forces, il en concède moins que plusieurs gardiens. Souvent, on voit des gardiens qui peuvent virer une partie de 22 lancers en 35 dans le temps de le dire. Ce n’est pas son cas, il éteint plusieurs menaces du premier coup », a souligné son père.

 

Les équipes de la LNH comprennent également que la constance demeure l’aspect le plus difficile à afficher pour un jeune gardien. C’est d’ailleurs pourquoi Alexis Gravel et Kevin Mandolese ont été devancés par Rodrigue sur le classement de la LNH.

 

Maintenant que tout le travail a été accompli, le cerbère des Voltigeurs pourra savourer le moment et son père sera, bien sûr, à ses côtés.

 

« Je vais vivre le repêchage en famille, comme père, et non pas en train de travailler. Je le vis depuis plusieurs années, mais là, je serai en famille dans les gradins. Dès le lendemain, je repars pour le camp de développement à Edmonton », a expliqué Sylvain.

 

La sensation ultime serait qu’il reparte en Alberta avec son fils, mais les Oilers ont repêché cinq gardiens depuis quatre ans. Chose certaine, il s’est assuré que la décision ne revienne pas entre ses mains.   

 

« Je me suis exclu du repêchage cette année, je ne voulais pas être impliqué. Ça faisait un peu " conflit d’intérêts " d’évaluer mon gars. Ça ne m’aurait pas tenté non plus d’être dans les réunions et d’entendre quelqu’un dire qu’il l’aime, mais un autre qu’il ne l’aime pas », a convenu l’ancien gardien des Saguenéens.

 

Mandolese, une option plus imposante

 

Les formations qui cherchent absolument un gardien plus imposant pourraient se tourner du côté de Mandolese qui mesure six pieds quatre pouces. Le représentant des Screaming Eagles du Cap-Breton a grimpé du quatrième au deuxième échelon sur la liste finale de la LNH.

 

Décrit comme un jeune homme enjoué et enthousiaste, Mandolese était justement très souriant à la conclusion de sa semaine du Combine à Buffalo. Kevin Mandolese 

 

« Ma première moitié a été couci-couça, mais j’ai beaucoup appris et ça s’est vraiment bien passé par la suite », a admis celui dont le grand-père italien a immigré au Canada après la Deuxième guerre mondiale.

 

« La constance, c’est la chose qui lui manque. Ce n’est pas habituel pour un jeune de 17 ans, mais c’est une aptitude qu’il doit travailler à l’entraînement. La journée qu’il sera constant d’un lancer à l’autre, d’une séquence à l’autre et d’une période à l’autre, il sera un gardien dominant, il n’y a aucun doute là-dessus. Quand il est dans sa zone, il est très difficile à battre », a exposé son entraîneur Marc-André Dumont.

 

Mandolese, un gardien au style hybride typique, a donné une idée de ce potentiel lors du deuxième match des séries 2018 contre les Voltigeurs.

« On a gagné en troisième période de prolongation. Pendant presque trois périodes consécutives, Il n’a pas donné de but à l’attaque qui en a marqué le plus cette année. C’est un aperçu de son développement et de sa progression quant à sa constance », a conclu Dumont.