« C’est un peu surréel. Chaque fois que je me réveille, j’ouvre mon téléphone et je regarde les photos de la Coupe Stanley, comme pour être certain de réaliser que c’est vraiment arrivé et que je n’ai pas rêvé! » On comprend Frantz Jean, le sympathique entraîneur des gardiens du Lightning. Avec tout ce que l’on a vécu jusqu’à présent en 2020, ça peut devenir difficile de croire qu’il n’arrive pas que des malheurs cette année.

Le Montréalais ne rêve pas. À 49 ans, il a bel et bien aidé son club à remporter trophée suprême. Une récompense bien méritée après avoir été entraîneur avec les Wildcats de Moncton pendant douze ans suivi d’un séjour de trois saisons dans la Ligue américaine où il aura inscrit son nom sur la Coupe Calder avec Jon Cooper.

« C’est quarante ans de carrière. Quarante ans de travail. J’ai commencé à jouer au hockey à Ville Mont-Royal à l’âge de neuf ans. Après mon hockey mineur, j’ai joué junior AAA avec les Cyclones de Ville LaSalle, une dizaine de matchs dans la LHJMQ avec St-Hyacinthe et Victoriaville puis j’ai rejoint le programme universitaire des Aigles Bleus de Moncton. Tu penses à tes parents, à tes années de coaching dans la LHJMQ. Tu pousses toujours pour t’améliorer et atteindre la Ligue nationale et gagner la Coupe Stanley... et là soudainement, tu te retrouves sur la glace et tu lèves le trophée au-dessus de ta tête. C’est quarante ans de travail, essentiellement présent dans un instant. C’est une émotion très très forte. »

« Sur la glace, j’ai vécu ça en direct grâce à l’application Facetime avec mon épouse Chantal et notre fils. J’ai appelé mes parents après le match et ça a été un moment spécial pour notre famille, raconte Jean en souriant à pleines dents, son chandail des Aigles Bleus bien en évidence, dans un cadre accroché derrière lui dans son bureau. Habituellement, il y a peut-être 500 personnes sur place qui veulent célébrer. On se retrouve dans un vestiaire avec des gens que l’on ne connaît même pas. Les gars du Lightning qui ont gagné la coupe en 2004 disent que c’était un vrai zoo après. Nous, on a eu l’opportunité de célébrer avec les cinquante personnes qui étaient dans la bulle depuis deux mois et on est resté ensemble dans le vestiaire jusqu’à deux heures du matin! »

Heureux pour Andrei Vasilevskiy

Lundi dernier, le gardien Andrei Vasilevskiy a fermé la porte aux Stars en signant un jeu blanc. Pour la septième fois depuis le début des séries, le grand Russe de six pieds et trois pouces a mené son club à la victoire après avoir connu la défaite lors du match précédent. Ses coéquipiers et lui n’ont jamais perdu deux rencontres de suite dans la bulle. Si Victor Hedman, Brayden Point et Nikita Kucherov ont reçu pratiquement tous les votes pour le trophée Conn-Smythe, Vasilevskyi a quand même été fantastique devant le filet de Tampa Bay.

Coupe Stanley : « Une émotion très forte »

« C’est un athlète exceptionnel, il fait partie de l’élite mondiale. La Coupe Stanley qu’il vient de remporter, ça fait sept ans qu’il la bâtie. À chaque jour, il se défonce à 110 % sur la patinoire et ça concerne autant son effort, sa combativité ou son attention aux détails. Depuis qu’on l’a repêché en première ronde, il n’y a pas une seule fois où j’ai été obligé de lui demander d’en donner un peu plus. Tout ce qu’il fait dans sa vie, c’est pour être le meilleur gardien au monde. Cette Coupe Stanley, ce n’est pas une affaire de deux mois. Ça fait sept ans qu'il travaille là-dessus, répète Jean. On en a parlé souvent lui et moi qu’un jour on allait monter une bannière à Tampa. Je suis tellement content pour lui car il le mérite pleinement et ça confirme ce que j’ai toujours pensé. Les gars qui travaillent fort gagnent. »

Et heureux pour Stamkos aussi

Steven Stamkos n’aura joué que 2:47 lors des séries 2020 et pourtant tous les vrais amateurs de hockey se souviendront de son séjour dans la bulle. Ce qu’il a accompli a impressionné tout le monde. Ceux qui l’on côtoyé à l’interne sont tout simplement renversés.  

« La nature de sa blessure sera divulguée aux cours des prochains jours et ce n’est pas à moi de donner les détails, explique l’entraîneur québécois. Avec une blessure semblable, c’est quasiment impensable qu’il soit revenu au jeu et les joueurs le savaient! C’était très douloureux pour lui de s’entraîner et il a fait un sacrifice surprenant et incroyable. Il voulait absolument participer à un match. C’est une chose de le faire, c’est autre chose de se distinguer comme il l’a fait. On regarde ça avec du recul, sa présence, son but, la façon qu’il a marqué, tout ça ensemble, ça a fait tourner la série finale. À partir de ce moment, on a commencé à prendre le dessus de façon constante. Tu aurais dû entendre la réaction au banc quand il a compté. Il n’y a pas un seul but dans les séries qui a engendré une telle réaction. Les gars étaient vraiment heureux, ça a sauté six pieds de hauts au banc! Ça nous a donné des ailes. Il a été exceptionnel dans le vestiaire, il a joué un gros rôle tout au long des séries. »

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