Derrière Poulin et Stacey, la machine se met en marche
LAVAL – Un thème revient constamment dans l'environnement de la Victoire de Montréal depuis la création de la franchise. C'est celui de la profondeur de l'effectif, ou l'absence de celle-ci.
C'est dans cette direction que les doigts ont pointé après l'élimination de l'équipe en demi-finale des séries éliminatoires la saison dernière. Cette année, lorsqu'une perte de vitesse a commencé à être observée dans la deuxième portion du calendrier, c'est la première observation qui a été soulevée. Sans le trio de Poulin, point de salut.
Poulin et sa complice Laura Stacey connaissent comme prévu un début de séries tonitruant. Elles ont chacune marqué un but. Stacey a jusqu'à présent cadré un total hallucinant de 18 tirs. Sa capitaine en compte deux de moins.
Mais les attaquantes de qui une contribution secondaire est attendue répondent aussi à l'appel présentement contre la Charge d'Ottawa.
Maureen Murphy, l'une des meilleures recrues de la LPHF la saison dernière, a vu sa production offensive chuter considérablement cette année. C'est elle qui a ouvert la marque, lors d'un avantage numérique, dans la défaite du match numéro un.
Dimanche, un match à saveur historique s'est conclu comme il avait commencé, soit par un éclair de génie de Kristin O'Neill. L'internationale canadienne, qui n'avait fourni que cinq points en saison régulière, a lancé le spectacle en marquant au terme d'un furieux sprint dès les premières minutes. C'est son travail défensif et sa belle mise en scène qui ont permis à Catherine Dubois de conclure une interminable soirée dans le temps supplémentaire.
Dubois en est une autre qui a élevé le niveau de son jeu dernièrement. Elle avait marqué dans chacun des trois derniers matchs de la Victoire en saison régulière en plus de récolter une aide. O'Neill et elle forment un trio d'une grande efficacité avec Kaitlin Willoughby. Sans nécessairement être abonnée à la feuille de pointage, Willoughby, une rapide attaquante qui est arrivée à Montréal à la date limite des transactions, effectue un boulot colossal depuis son acquisition.
« Je pense qu'on est trois filles qui travaillent super fort, trois filles qui n'arrêtent jamais, a décrit Dubois dans les minutes qui ont suivi le plus gros but de sa carrière. On crée une dynamique... pour les autres équipes, je pense que c'est tannant de jouer contre nous. Je suis juste contente qu'on est capables de scorer et d'être récompensées pour notre travail. »
« [O'Neill] a tout donné cette saison, on l'a utilisée dans des moments clés, elle a eu toutes sortes d'opportunités, mais dernièrement on dirait qu'on a trouvé une superbe combinaison en la jumelant aux deux autres, constatait l'entraîneuse Kori Cheverie. L'ajout de [Willoughby] s'est avéré un complément parfait pour forger l'identité de ce trio qui travaille sans relâche. »
Qualité versus quantité
Profondeur ou pas, Cheverie a quand même coupé une partie de son banc dans le temps supplémentaire dimanche. Mikyla Grant-Mentis, qui a commencé le match dans le rôle de 13e attaquante, n'a joué que 17 minutes et des poussières. Claire Dalton et Dara Greig ont passé des périodes complètes sans effectuer une seule présence. Mais elles ont trouvé le moyen de se faire remarquer lorsqu'elles ont reçu la tape sur l'épaule qu'elles attendaient.
Greig a effectué quelques apparitions avec Poulin et Stacey en prolongation. Son acharnement en échec-avant a permis de prolonger quelques séquences en zone offensive. Elle a aussi bloqué deux tirs coup sur coup pendant que la Charge menaçait autour d'Ann-Renée Desbiens.
Les mêmes observations tiennent pour Dalton, qui a notamment été impliquée dans une action qui s'est terminée par un tir sur le poteau de sa partenaire de jeu Alexandra Labelle au début de la quatrième prolongation. Dalton n'avait pas touché à la glace depuis plus de 60 minutes de jeu à ce moment précis.
« Voir toutes ces joueuses-là avoir un impact, voir Dalton bloquer des lancers et faire toutes ces bonnes choses-là... Ça fait vraiment une différence de savoir qu'il y a tellement de joueuses cette année qui peuvent contribuer, des joueuses comme Catherine qui peuvent aller chercher ce but important », a dit Desbiens.
Un effort mieux réparti
Avant le début de la série, Erin Ambrose s'était fait rafraîchir la mémoire au sujet du match où elle avait été sollicitée pendant plus de 61 minutes l'an dernier dans une défaite en troisième prolongation contre Boston. À l'époque, cette statistique avait servi d'exemple pour illustrer la minceur de la brigade défensive montréalaise.
« Je peux affirmer sans peur de me tromper que vous ne verrez plus une de nos défenseuses jouer 60 minutes, à moins qu'on se rende en sixième prolongation », avait alors prédit Ambrose. L'avenir a bien failli la faire mentir, mais en réalité son argument n'a été que solidifié par le marathon qu'elle a dû traverser quelques jours plus tard avec ses coéquipières.
Contre Boston il y a un an, Kati Tabin avait été la seule autre défenseuse utilisée pendant plus de 50 minutes. Des sept arrières en uniforme, deux n'avaient même pas joué une minute complète. Une autre, Catherine Daoust, avait été dans la mêlée pendant moins de six minutes.
Contre Ottawa, Ambrose a été la plus occupée avec un peu plus de 58 minutes au compteur, mais trois autres défenseuses ont franchi le cap des 50 minutes. Mariah Keopple (29:24) et Amanda Boulier (23:44), au sein d'une troisième paire, ont quand même fourni un effort considérable.
Cette meilleure répartition de la charge de travail au sein de l'effectif a peut-être été un facteur dans le résultat favorable décroché par la Victoire en cette journée de la fête des Mères. Ce qui ne fait pas de doute, c'est qu'elle améliorera les chances de l'équipe de faire bonne figure à mesure que la série prendra de l'âge.