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Marc Denis déçu de l'inaction du gouvernement

Marc Denis - RDS
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Mise à jour

MONTRÉAL – Marc Denis n'a pas tant le goût de célébrer le premier anniversaire du dévoilement du rapport sur le développement du hockey au Québec. Il dénonce plutôt l'inaction du gouvernement et il invite aussi les principaux acteurs du milieu du hockey à assumer leur leadership.
 
Il y a un an, le 5 mai 2022, le Comité québécois sur le développement du hockey au Québec, présidé par Marc Denis, avait rendu public un rapport commandé par le gouvernement de François Legault.
 
Axé autour du plaisir et l'accessibilité, ce rapport avait proposé neuf recommandations principales sur plusieurs axes afin d'aider le hockey québécois qui se dirigeait « dans le mur » comme l'admet Denis.
 
Malheureusement, un an plus tard, le président du comité ne peut qu'admettre que ça ne bouge pas vite. Et ce, même si la ministre Isabelle Charest (responsable du Sport, du Loisir et du Plein air) avait promis de ne pas « tabletter » ce rapport qui avait été très bien accueilli par les différents milieux.
 
Il faut dire que, depuis la publication du rapport, le hockey en a pris pour son rhume en étant frappé par quelques scandales dont celui touchant Hockey Canada et les révélations reliées au hockey junior canadien incluant la LHJMQ.
 
Denis déduit donc que la CAQ (Coalition avenir Québec) a appuyé sur le frein en raison de ce contexte.
 
« Ce sont les échos qu'on reçoit. La version officielle [du gouvernement] demeure que c'est très important, mais on sait très bien que c'est au ralenti présentement », a-t-il confié en entrevue au RDS.ca.
 
« J'ai encore la lettre de remerciement de la ministre Charest qui réitère à quel point le hockey est important car ça peut représenter un baromètre pour les autres sports. Et là, il y a l'hypocrisie gouvernementale de se réfugier derrière ça pour dire qu'il y a plusieurs sports [à aider] », a poursuivi Denis.
 
L'ancien gardien de la LNH indique que les dernières semaines ont prouvé que le hockey demeure fort rassembleur au Québec. À titre de preuve, il cite la foule record au Centre Vidéotron et celle au Centre Slush Puppie en demi-finale de la LHJMQ, les 1800 personnes à un match junior AAA à Terrebonne, l'assistance de 3100 spectateurs au Stade L-P Gaucher pour la finale canadienne M18AAA et les 2000 partisans à Alma pour l'ouverture de la finale de Ligue de hockey collégial.
 
« Alors si le gouvernement veut se réfugier derrière la théorie que le hockey a mauvaise presse, c'est parce qu'il le veut bien », a cerné, sans détour, l'analyste à RDS.
 
Fier du travail accompli par le comité de 17 experts du milieu qu'il présidait, Denis ne laissera pas le rapport aboutir sur une tablette.  
 
« Avec nos derniers échanges, la ministre Charest et son cabinet sont très au fait que, s'ils ont fait un coup de maître en nommant les gens autour de cette table, ils devaient savoir qu'on n'allait pas partir silencieusement. Le rapport ne sera pas tabletté », a lancé celui qui veut que le gouvernement respecte ses engagements.  
 
Denis en profite pour demander à la CAQ d'agir avec empressement au hockey universitaire alors que deux équipes féminines de l'Ontario (Ottawa et Carleton) quitteront la division du RSÉQ (Réseau du sport étudiant du Québec).  
 
« Il faut bonifier l'offre de hockey universitaire. Je n'ai rien contre les Maritimes et l'Ontario, mais on se fait damer le pion par eux », a-t-il déploré.
 
Et oui, il tient encore à la recommandation incitant le gouvernement à décréter le hockey comme sport national. Nullement dans le but de dénigrer les autres sports, mais plutôt pour enclencher un mouvement.
 
À quand le leadership du milieu du hockey ?  
 
Évidemment, Denis comprend que l'été s'est pointé après le dévoilement du rapport. Ensuite, il y a eu les élections provinciales à l'automne, la période des Fêtes, la relâche parlementaire…  
 
« C'est probablement le temps, un an plus tard, que tous les acteurs soient assis autour d'une table et procèdent à des changements. On en a assez parlé, on l'a écrit et, maintenant, il faut le faire. Sans dire que le temps presse, c'est le bon moment pour se réunir », a souhaité l'homme de 45 ans.
 
« Moi, je n'ai pas de couverte à tirer de mon côté donc je me porte volontaire pour les réunir autour d'une table afin que les choses bougent », a prononcé Denis.
 
Quand Denis parle des acteurs du monde du hockey, il fait référence aux dirigeants de Hockey Québec, de la LHJMQ, du M18AAA (anciennement Midget AAA), du Junior AAA et du hockey collégial. Eux aussi doivent saisir la balle au bond.
 
« Ils veulent du changement, mais je trouve aussi, en même temps, qu'il y a un énorme manque à combler de leadership pour que les gens s'approprient ce rapport. C'est comme si tout le monde disait que c'est un super bon rapport, mais que personne n'osait faire le premier geste… Personne ne veut être le premier à faire le changement en ayant peur de ci ou ça », a constaté Denis qui reconnaît la grande passion de ces dirigeants.
 
Comme il précise, même si le gouvernement voulait tabletter le rapport, ça n'empêche en rien une ou des associations de hockey mineur à prendre des décisions et trouver des solutions. « Ça, ce n'est pas au gouvernement de le faire. »
 
Du côté positif, Denis se réjouit que Hockey Québec – qui doit avoir les coudées franches - ait pris les bouchées doubles pour revoir ses règles de gouvernance. Sans oublier le dialogue qui existe entre Hockey Québec et le RSÉQ.
 
« Ce qui est important, ce n'est pas combien de joueurs évoluent dans un système ou dans l'autre, mais d'avoir des joueurs de hockey au Québec et d'être en mesure de les développer », a-t-il convenu.
 
On revient alors à la base : le hockey demeure un sport trop dispendieux ce qui nuit à son accessibilité autant pour les familles moins nanties que celles de l'immigration.
 
« L'accessibilité, c'est un enjeu qui est au cœur de la pérennité du hockey. Pour l'équipement, on va trouver un moyen avec les programmes d'échange via les équipementiers et les commerçants. Mais il faut aussi que les patinoires soient abordables. Pour que ce soit le cas, on ne peut pas accepter que le dernier aréna construit à Montréal remonte aux années 1970, c'est ridicule », a réagi Denis.
 
Ce discours cadre à merveille avec le but de la nouvelle émission animée par P.K. Subban à ESPN et l'objectif de l'artiste Snoop Dogg s'il parvient à acquérir une part des Sénateurs d'Ottawa.
 
Quelques notes au passage
 
En terminant, voici quelques notes à ajouter au débat.
 
De plus en plus d'associations de hockey mineur se sont dotées d'un conseiller technique comme le recommandait le rapport. « C'est important car on doit pouvoir se retirer dans l'évaluation et le développement des joueurs. Il faut penser strictement au développement sportif, mais aussi psychologique et émotif. La multiplication des conseillers techniques va aider le sport, j'en suis convaincu. »
 
Dans la LHJMQ, cette saison encore, et malgré les avis du rapport, des joueurs de 16 ans ont été promus dans ce circuit ce qui a nui à leur développement.  
 
Denis se dit heureux de constater une plus grande ouverture envers le hockey féminin, le hockey pratiqué par des jeunes autochtones, immigrants ou de groupes marginalisés.
 
À ses yeux, plusieurs pistes de solution évoquées pour le hockey pourront aider les autres sports pratiqués par les jeunes aux quatre coins de la province.
 
Une entente est survenue afin de permettre à des jeunes issus de territoires de premières nations de la Côte-Nord de jouer des matchs dans la ligue de hockey Saguenay-Lac-Saint-Jean.
 
À Montréal, de grands efforts ont lieu avec les associations de hockey et Hockey Québec pour la mise en place d'un programme sports-études de niveau élite. « Chaque fois que des gens s'assoient autour d'une même table pour le bien des jeunes et du hockey, je m'en réjouis. C'est ça le secret. »