Chacune des cinq premières victoires obtenues par Équipe Canada junior pour accéder à la finale avait été le fruit d'un effort collectif, et la finale remportée vendredi soir devant la Suède a suivi cette même logique.

C'est un superbe exemple qui peut servir aux jeunes hockeyeurs, même au plus bas niveau. Terminer sur la première marche d'un podium dans un sport d'équipe, c'est l'affaire de 23 joueurs, et non un simple amalgame de performances individuelles.

Dans la match de la médaille d'or, cette réalité a été encore plus frappante.

Le Canada devait se préparer à disputer un match aux antipodes des trois derniers duels qu'il avait livrés face aux Tchèques, aux Suisses et aux Danois, trois véritables pique-niques si vous me passez l'expression! La Suède, elle, était très bien rodée, ayant remporté tous ses matchs, en route vers une participation au match ultime bien méritée.

Il aura fallu que la troupe de Dominique Ducharme s'ajuste après la première période à un rythme effréné auquel elle devait se réhabituer. Ç'a été bien fait, et on se doit de saluer cet ajustement.

Une deuxième médaille d'argent de suite aurait été décevante pour ÉCJ, avec tous les efforts déployés pour éviter l'amer résultat obtenu l'an dernier à Montréal.

Je me mets à la place de Ducharme et je le comprends d'avoir été émotif en entrevue d'après-match. On travaille fort pendant plusieurs semaines pour obtenir la première place tant convoitée.

Il avait connu non seulement la déception de la défaite en 2017, mais aussi la grande tristesse d'avoir perdu son père lorsqu'il était adjoint avec ÉCJ, en décembre 2015. Pour lui, ça clôt un chapitre qui aura été parsemé d'obstacles.

J'en profite pour souligner qu'une grande partie du mérite revient au personnel d'entraîneurs et de décideurs de Hockey Canada. Oui, nous avons d'excellents joueurs au pays, mais le talent à lui ne suffit pas. On l'a bien choisi afin qu'il puisse bien représenter l'équipe.

De l'autre côté, la Suède n'a pas à rougir de sa performance. Elle méritait un meilleur sort. C'est une équipe qui a démontré du caractère et bien structurée. Malheureusement pour elle, les pénalités écopées en troisième période sont venues lui faire perdre le momentum.

Bien que le Canada n'ait pas marqué en avantage numérique (0 en 5 à ce chapitre durant la rencontre), ce fut bien amplement pour réduire les réserves d'énergie des Suédois. Ils se sont mis à courir après les patineurs canadiens, et la frustration s'est mise de la partie, pour que finalement Tyler Steenbergen soit le héros improbable de cette finale en toute fin de troisième.

Les gestes de frustration ont été nombreux dans le camp suédois à la fin du match, tant chez l'instructeur que ses joueurs, et je les comprends de ne pas porter les officiels dans leur coeur.

Comme je le mentionnais plus tôt, le fait que le Canada ne dépendait pas des prouesses d'un seul petit groupe de joueurs explique en grande partie la raison pour laquelle on ne retrouve aucun de ses joueurs parmi l'équipes d'étoiles.

Le gardien Carter Hart aurait certainement mérité d'y être élu, mais Filip Gustavsson avait connu un excellent tournoi, et je suis convaincu que les votes n'ont pas été comptabilisés en toute fin de troisième, lorsque le tout s'est décidé, mais plutôt avant la finale.

Consolation pour les Américains

On dit que c'est difficile de remporter une médaille d'or, mais ce l'est encore plus à mon avis de remporter le bronze, parce qu'on ne se prépare jamais pour une compétition en visant la troisième place. Ça demande de se remotiver et en vitesse après avoir vécu une déception en demi-finale.

Les États-Unis avaient évidemment de quoi être déçus de leur défaite face aux Suédois jeudi. Ils ont échappé ce match en l'espace de 2:08 en concédant trois buts à leurs rivaux. C'est la triste réalité de ce tournoi, où dans un match à élimination simple, tu peux te faire sortir de la course à la médaille d'or le temps d'un claquement de doigts.

On a vu face à la République tchèque la vraie formation américaine. Une équipe remplie d'excellents patineurs aux aptitudes offensives variées. Et quel a été le résultat? Les Tchèques n'ont pratiquement pas touché à la rondelle!

On a vu notamment Casey Mittelstadt, élu joueur par excellence du tournoi, s'imposer après un match plutôt tranquille en demi-finale - comme plusieurs de ses coéquipiers.

C'est tout à leur honneur d'avoir su rebondir pour au moins mériter une sixième médaille à leur neuf dernières participations au Mondial Junior.

* propos recueillis par RDS.ca