LAVAL – Maxim Lamarche est arrivé avec le Rocket de Laval dans un rôle de vétéran. Au lancement de la saison, il était, à 26 ans, le doyen d’une brigade défensive complètement remodelée. Seul Brett Lernout avait alors disputé plus de matchs que lui pour le club-école d’une équipe de la Ligue nationale.

 

En quelques mois seulement, le statut du Québécois a complètement changé. La semaine dernière, contre les Senators de Belleville, le Rocket alignait cinq défenseurs qui totalisaient 1127 matchs d’expérience dans la LNH. Le sixième était Lamarche, qui roule sa bosse dans les circuits mineurs depuis maintenant cinq ans. D’une certaine façon, il était passé du tableau au pupitre, de maître à élève.

 

Le groupe de défenseurs du Rocket s’est avéré extrêmement volatile depuis le début de la saison. Quatorze joueurs en ont fait partie. Un multimillionnaire en perte de vitesse, des jeunes en perte de confiance et d’autres en quête d’une deuxième chance s’y sont greffés. Dans la voie inverse, trois joueurs ont écopé en étant cédés dans la ECHL. Un autre a été libéré de son essai professionnel.   

 

À travers tous ces bouleversements, Lamarche, aussi discret qu’efficace, s’accroche. Malgré le surplus d’effectif, il n’a été laissé de côté que deux fois depuis le début de la saison. Seul Lernout peut se vanter d’avoir évité le couperet plus souvent que lui.

 

Mieux encore, Lamarche semble avoir hérité du titre officieux de président du comité d’accueil chez le Rocket. Quand Karl Alzner est débarqué à l’extrémité de la ligne orange après avoir été placé au ballottage par le Canadien, c’est aux côtés de « Marchy » qu’il a effectué son retour dans la LAH. Quand Simon Després et Xavier Ouellet, deux autres gauchers, sont à leur tour arrivés dans l’entourage de l’équipe, ils ont retrouvé le même partenaire digne de confiance à leur droite.

 

« Il a des choses à continuer à travailler, mais il a de belles habiletés, décrit son entraîneur Joël Bouchard. Ce n’est pas un gars qui envoie le puck partout, il est capable de faire des jeux même s’il n’est pas un défenseur offensif. C’est un défenseur complet avec du caractère. Il n’est pas parfait, mais il est facile à coacher. »

 

Pour Lamarche, chaque journée passée dans les bonnes grâces de son entraîneur est une petite récompense pour l’audacieux pari qu’il a pris l’été dernier. La décision de venir s’établir à Laval, où il est né et a passé toute son enfance, pouvait paraître tout ce qu’il y a de plus logique. Mais l’année précédente, l’ancien du Drakkar de Baie-Comeau avait réussi à s’installer solidement dans l’organisation des Flyers de Philadelphie.

 

« Pour la première fois, j’avais fait ma place », se remémore-t-il. Après quatre années passées à faire la navette entre la Ligue américaine et la ECHL, il avait finalement trouvé sa niche chez les Phantoms de Lehigh Valley. Une affection réciproque l’unissait au personnel d’entraîneurs. L’équipe était bien nantie pour le futur. Une offre de contrat lui avait été soumise.

 

De l’autre côté, les avantages d’un retour à la maison étaient difficiles à ignorer. Lamarche a donc décidé de répondre à l’appel du bercail et de se remettre professionnellement en danger.

 

« On peut dire ça, oui, mais j’avais confiance de pouvoir faire ma place, que les entraîneurs ici allaient être bons pour moi. »

 

Jusqu’ici, c’est mission accomplie. En 27 matchs, Lamarche a déjà dépassé son total de points de la saison dernière et dans un vestiaire rempli de nouveaux arrivants, le numéro 2 s’est rapidement fait des alliés. En entrevue, tous ceux qui ont joué à ses côtés ont vanté son calme et capacité à bien communiquer sur la patinoire.

 

« C’est peut-être parce que je ne parle pas beaucoup à l’extérieur de la glace. Ça les surprend », note en souriant le sympathique introverti, qui dit n’attendre qu’une remontée du Rocket au classement pour sortir quelques tours pendables qu’il traîne, comme tout bon vétéran, dans son bagage.

 

Mais personne n’est en sécurité sous l’œil de Joël Bouchard. Le Rocket a utilisé sept défenseurs à son dernier match et à quelques jours du programme double qu’il s’apprête à disputer aux Marlies de Toronto, l’entraîneur-chef s’est montré prudent dans ses commentaires au sujet de Lamarche.

 

« Je trouve qu’il progresse dans sa game et il lui reste encore du temps pour s’améliorer. On va voir ce qui va arriver dans le futur », a laissé planer le stratège.

 

Habitué d’être sur la corde raide, Lamarche vit bien avec l'insécurité inhérente à l’incertitude.

 

« Avec ce que j’ai vécu dans le passé, j’étais prêt si ça devait arriver », dit-il calmement. ​