LAVAL – Il ne suffit que d’avoir vu Joël Bouchard diriger l’Armada de Blainville-Boisbriand, pendant quelques minutes, pour être frappé par son intensité derrière le banc. N’ayons pas peur des mots, il devient parfois étourdissant à regarder.
 
Mais Bouchard possède un curriculum vitae très bien garni dans le hockey junior et professionnel. Comme il le dit lui-même, il a vécu toutes les situations pour justifier son renvoi dans la Ligue américaine, ce circuit dans lequel il a disputé plus de 300 matchs.

Il réalise mieux que quiconque qu’il devra ajuster son travail sans toutefois s’éloigner de sa personnalité.
 
« Coacher, c’est coacher. Il y a un discours différent, on retrouve un amalgame de joueurs dans la Ligue américaine. Mais je peux juste être Joël Bouchard. Je vais respecter les joueurs et leur donner l’heure juste. Je prône le respect et je suis tough avec mes gars. Je vais l’être encore, mais je pense que les gars acceptent ça. C’est correct qu’un entraîneur soit demandant », a témoigné Bouchard qui précise qu'on peut facilement imaginer qu'il réprimande ses joueurs alors qu'il les félicite avec toute sa vigueur.   
 
Bergevin a d’ailleurs été attiré par le niveau d’énergie déployé durant un match par l’ancien grand manitou de l’Armada qu'il décrit comme un entraîneur sans zone grise.
 
Parmi toutes ses fonctions avec son club junior, Bouchard a donc déterminé que c’était celle d’entraîneur qui lui convenait le plus actuellement.
 
« L’opportunité qui était la plus enrichissante pour moi, l’emploi que je voulais, c’est entraîneur-chef du Rocket. Je veux être sur le terrain avec les gars et aller à l’école avec eux gars. Ça me parle de diriger ces joueurs, c’est le futur du Canadien. Ça m’excite de bâtir ce partenariat avec eux », a confié celui qui a été un choix de sixième ronde des Flames en 1992.
 
« Je vais être dans mon carré de sable à Laval », s’est-il amusé à dire.
 
Cette image est intéressante puisqu’on l’imagine justement à proximité de ses protégés à les encadrer pour développer leurs outils.  

Le Canadien reste spécial pour Bouchard

 « Je veux aider les jeunes. J’ai plus de plaisir à voir un gars marquer après avoir travaillé avec lui que lorsque je marquais moi-même quand je jouais », a expliqué Bouchard.
 
Cet attrait était donc trop fort quand il oeuvrait comme analyste avec RDS.
 
« Je ne pouvais pas m’imaginer faire ça pendant longtemps sans être impliqué dans le monde du hockey. Quand j’étais joueur, j’avais souvent l’impression que j’étais trop souvent en train de voir le jeu comme un entraîneur ou d’avoir une opinion sur les décisions. Je n’étais pas assez concentré sur mon jeu parce que j’aimais ce côté », a mentionné l’homme de 44 ans.
 
Le développement sera donc au cœur des préoccupations de Bouchard, mais on sent que le désir de gagner deviendra plus essentiel avec lui aux commandes.
 
« Il y a le développement, mais aussi longtemps qu’il y aura un pointage, je vais diriger pour gagner. Les gars doivent être en mesure de jouer. Ce ne sera pas plus facile dans la LNH, ils ont besoin de connaître du succès ici et de vivre des situations qui vont les aider », a-t-il cerné.
 
Pour le moment, Bouchard n’a pas voulu s’avancer sur le dossier de ses adjoints outre le fait que Donald Dufresne et Nick Carrière ne seront pas de retour. Quant à l’entraîneur des gardiens, Marco Marciano, les deux hommes ont travaillé ensemble dans la LHJMQ donc il pourrait conserver son titre.  

« Je voulais vraiment cet emploi »

« C’est encore tôt, j’ai parlé à Sylvain aujourd’hui (jeudi), c’est un ami. C’est important de faire un clin d’œil à eux, je sympathise avec la situation », a lancé Bouchard en ajoutant les noms de Dufresne et Carrière dans l’équation.
 
En attendant, Ducharme et Bouchard seront mis à profit pour le repêchage. Il serait bête de ne pas se tourner vers eux avec leur expertise sur ces joueurs de niveau junior.
 
« C’est déjà commencé avec Dominique et on le fera bientôt avec Joël. C’est certain que leurs connaissances de la LHJMQ et du hockey junior au Canada vont beaucoup nous aider. C’est la période dans laquelle on peut en profiter », a confirmé Bergevin.  

Une nomination qui fait l'unanimité

Inévitablement, en greffant des hommes de hockey réputés comme Bouchard et Dominique Ducharme, l’entraîneur Claude Julien se voit dans l’obligation de renverser la vapeur à court ou moyen terme. Sinon, les noms de ces deux candidats vont provoquer plusieurs rumeurs de remplacement.
 
« C’est un peu tôt pour parler de ça, mais on est conscient que c’est primordial d’avoir un entraîneur francophone à Laval et à Montréal. Ce sont deux gars avec un potentiel pour avoir éventuellement un poste dans la LNH », a reconnu Bergevin.
 
Bouchard a d’ailleurs sauté sur l’occasion pour taquiner Ducharme, son grand copain.
 
« Ça fait 10 ans que je suis pogné avec Dom, on dirait que je ne suis pas capable de me sauver de lui », a rigolé Bouchard en faisant allusion au Junior de Montréal, à Équipe Canada Junior et au Canadien.
 
Une anecdote pour conclure
 
Durant le point de presse, Bergevin et Bouchard ont été invités à partager des souvenirs qu’ils ont conservés de leur association avec les Penguins de Pittsburgh en 2002-2003. Bouchard s’est tout de suite rappelé de la personnalité amusante de Bergevin, mais le directeur général a avoué que les journalistes ne voyaient plus souvent cette facette de son identité.

Bergevin se moque de Bouchard!

 Cela dit, Bergevin avait des anecdotes plus précises. Il entend encore Bouchard qui était incapable de prononcer le mot montagne (mountain) en anglais à son arrivée à Pittsburgh. Mais, surtout, il n’oubliera jamais la blessure subie par Bouchard en raison de la gaffe de leur coéquipier finlandais Ville Nieminen.
 
« Il ne parlait pas beaucoup anglais et Joël lui avait dit de prendre son temps avec la rondelle, pour effectuer un jeu, quand il le pouvait. Tout de suite après, Ville s’est débarrassé très rapidement de la rondelle directement sur la mâchoire de Joël. Il a été à l’écart pendant six semaines.
 
« C’était drôle, surtout pour toi Marc, parce qu’il n’y avait personne autour de lui. On aurait dit que c’était un contrat », a ri Bouchard qui parvient à plus se faire écouter par ses joueurs une quinzaine d’années plus tard.