TROIS-RIVIÈRES – Choqué d’apprendre qu’un viol collectif aurait eu lieu à la suite d’un gala de Hockey Canada, à l’été 2018, le président de la Fédération internationale de hockey sur glace, Luc Tardif, suivra de près les prochains gestes de Hockey Canada puisque « pour l’image du hockey, c’est catastrophique ».

Rappelons que la présumée victime a accepté une entente hors cours d’une valeur de 3,5 millions. Huit joueurs, dont certains de l’édition canadienne qui a mérité l’or au Championnat mondial junior de 2018, auraient agressé la plaignante qui a abandonné les poursuites à la suite de cette entente. 

Autant que les gestes allégués envers la présumée victimes sont horribles, Tardif s’intéresse désormais aux actions suivantes de Hockey Canada qui pourrait devoir s'expliquer sous peu devant les instances politiques. Puisque bien des questions pertinentes, dont celles-ci, ont été soulevées par cette décision :

-Pourquoi Hockey Canada a choisi de régler le tout sans faire preuve de transparence? 
-Où Hockey Canada a pigé l’argent pour accorder cette somme? 
-Est-ce que l’argent provient des commanditaires de Hockey Canada, des subventions gouvernementales ou même des cotisations annuelles versées par les joueurs du hockey mineur?
-Est-ce que la LNH imposera des sanctions aux joueurs qui évoluent dans ses rangs?

« En Europe, on n’a pas l’habitude de voir des transactions comme celle-ci », a reconnu le dirigeant québécois en entrevue avec le RDS.ca. 

« Ce qui a été fait, ça ne gomme pas », a ajouté Tardif en voulant dire que ça ne fait pas disparaître ce qui serait arrivé. 

Par sa nature de président de la FIHG, Tardif s’est d’abord demandé si les gestes avaient été commis pendant une compétition gérée par son organisme. 

« Mais ça ne veut pas dire pour autant que ce n’est pas notre problème. Parce que pour l’image du hockey, c’est catastrophique », a-t-il insisté du même souffle. 

Tardif était même au courant qu’une histoire du même acabit avait touché les Tigres de Victoriaville alors que deux joueurs ont été accusés d’agression sexuelle sur une mineure.  

« Il y a un truc à combattre. Comment fait-on pour ne pas que ça recommence? », s’est demandé Tardif, préoccupé par ce contexte.  

À l’heure actuelle, Tardif et la FIHG s’assurent de suivre la situation. On présume que l’organisation utilise son influence pour exercer de la pression sur Hockey Canada qui doit se reprendre pour sa gestion déplorable de l’histoire. 

« Parfois, on a une première réaction de défense. Mais, un moment donné, il va bien falloir s’asseoir et régler le problème. Je fais confiance à Hockey Canada, c’est une institution qui a du ressort, une éthique », a mentionné Tardif dans ce qui sonnait comme un message envers cet organisme. 

« Dans la mesure qu’il y aura des admissions, on va envisager notre rôle », a poursuivi Tardif alors que les organisations sportives doivent sévir, comme avec des suspensions d'envergure, pour envoyer un message clair aux joueurs. 

Des leçons à retenir pour Thibault et Hockey Québec
 
Nouvellement arrivé aux commandes de Hockey Québec, Jocelyn Thibault suit aussi ce dossier avec attention. Il s’agit d’une leçon à retenir pour éviter que de tels gestes soient commis par des joueurs de la fédération provinciale ainsi que pour mieux gérer des incidents aussi regrettables. 

« C’est dommage, mais on ne peut pas être certain que ça n’arrivera pas. C’est impossible malheureusement... Sauf qu’on doit vraiment augmenter la sensibilisation et bien communiquer nos politiques à respecter. L’éducation, c’est très important. Au niveau des sanctions, il faut être cohérent et sévère dans nos décisions », a réagi Thibault, père de trois filles. 

Jocelyn ThibaultLa semaine dernière, Hockey Canada était en congrès avec Hockey Québec et les autres fédérations provinciales de hockey. Hockey Canada n’a pas saisi l’occasion de leur offrir des recommandations. 

Le moment aurait été bien choisi surtout que Thibault a évoqué le dossier très important qui a abouti sur son bureau. Cette histoire de racisme ayant touché deux joueurs de niveau bantam dans la région de l’Outaouais. 

« Ce qu’on peut faire, c’est éduquer. Quand je suis arrivé en poste, j’ai beaucoup parlé de changement de ton et de culture. Ça avance, mais je réalise qu’il y a encore plus de chemin à faire que je pensais », a-t-il admis. 

Thibault ne peut pas promettre la perfection, mais il s’engage à être plus transparent. 

« Assurément. On préconise l’approche de transparence et il faut vraiment agir rapidement », a visé le directeur général qui doit améliorer une panoplie d’aspects liés à la pratique du hockey en sol québécois. 

*Ce fut possible de discuter avec Luc Tardif et Jocelyn Thibault au terme d’une table ronde tenue à l’UQTR sur le potentiel de la recherche dans le monde du hockey. Dans les prochains jours, on vous détaillera les stratégies envisagées par la FIHG et par Hockey Québec pour favoriser l’évolution du hockey dans les prochaines années.