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Depuis l’essor du hockey féminin à partir des années 90, le Québec est une véritable pépinière à gardiennes de but de talent, comme ce fut longtemps le cas chez leurs homologues masculins dans la LNH. Depuis les débuts du hockey féminin aux Jeux de Nagano en 1998, la formation canadienne a toujours présenté un effectif olympique comprenant au moins une gardienne de but née dans la Belle Province. Une séquence qui risque fort bien de se poursuivre, considérant que la muraille québécoise continue d’être bien représentée avec l’actuelle gardienne de l’équipe nationale Ann-Renée Desbiens et l’avenir Ève Gascon.

 

Dès l’entrée en scène du Canada au premier Championnat mondial de hockey féminin en 1990 à Ottawa, la Québécoise Denise Caron était du tandem qui défendait le filet du pays dans le légendaire uniforme rose et blanc. Pour la seconde édition en 1992, le duo de gardiennes passa à saveur totalement québécoise avec Marie-Claude Roy et une future légende nommée Manon Rhéaume. La même année, la native de Lac-Beauport marqua l’histoire de son sport en devenant la première femme à atteindre la LNH lors d’un match hors concours disputé dans les couleurs du Lightning de Tampa Bay, le 23 septembre 1992. Un événement mémorable qui fut hautement médiatisé. À l’époque, la gardienne de 20 ans avait déjà fait éclater plusieurs plafonds de verre. D’abord, en 1984, Rhéaume a commencé à écrire sa légende en devenant la première fille à participer au prestigieux Tournoi International de hockey pee-wee de Québec. Et sept ans plus tard, elle brisa la glace de la LHJMQ en étant appelée en relève à Jocelyn Thibault, futur gardien de la LNH, devant le filet des Draveurs de Trois-Rivières lors d’un match de saison régulière. Manon Rhéaume a non seulement tracé le chemin en signant plusieurs premières au niveau masculin, mais elle a également contribué aux développements du hockey féminin au pays en portant les couleurs du Canada à plusieurs reprises durant les années 90, dont lors de la première présence du sport aux Jeux olympiques de Nagano en 1998. Peu de temps après cette participation historique, Rhéaume est tombée enceinte de son premier enfant, créant ainsi une ouverture au sein de la formation canadienne pour celle qui est devenue l’une des plus grandes gardiennes de l’histoire, Kim St-Pierre.

 

Après s’être taillée une place au sein de l’équipe nationale dès sa première présence au camp d’entraînement en 1998, St-Pierre est parvenue à conserver son poste pendant plus d’une décennie couronnée de succès. Présentant une moyenne de buts alloués de 1,17 et un taux d’efficacité de ,939 en carrière avec l’unifolié, la gardienne en « or » détient une place de choix dans le livre des records de l’équipe canadienne, occupant le sommet pour nombre de matchs joués (83), de victoires (64) et de jeux blancs (29) à sa position. À la retraite depuis 2013, la talentueuse Québécoise revendique un palmarès fort éloquent avec trois médailles d’or olympiques, cinq titres aux Mondiaux, deux conquêtes de la Coupe Clarkson en plus d’être devenue en 2020 la première gardienne admise au Temple de la renommée du hockey. Au tournant du millénaire, St-Pierre a donné un second souffle à sa carrière lorsqu’elle a rejoint les Martlets de l’Université McGill après un parcours uniquement avec les garçons jusqu’à l’âge de 18 ans. Au niveau universitaire, la Québécoise a également remporté un match avec l’équipe masculine, écrivant une page d’histoire pour la première et non la dernière fois. Cinq ans plus tard, la native de Châteauguay a été appelé en renfort lors d’un entraînement du Canadien de Montréal en remplacement d’un Carey Price grippé. St-Pierre n’est toutefois pas la seule gardienne de but québécoise à avoir suivi les traces de Manon Rhéaume.

 

Repêchée par le Titan d’Acadie-Bathurst en 1999, Charline Labonté, 16 ans, est devenue la deuxième femme à évoluer dans la LHJMQ, disputant un total de 28 matchs, huit ans après la légendaire pionnière. Évoluant aux côtés de St-Pierre dès ses débuts sur l’équipe nationale, Labonté oeuvrait à titre de réserviste derrière Sami Jo Small lors de l’historique conquête de l’or olympique en 2002 à Salt Lake City. Quatre ans plus tard, aux Jeux de Turin, les rôles étaient inversés. Labonté est passée de troisième gardienne à partante devant St-Pierre pour le tournoi olympique qui s’est conclu par une finale remportée face à la Suède. À travers les années, les deux gardiennes étoiles ont développé une belle complicité bien qu’elles étaient en constante compétition au sein de l’équipe canadienne. Sur la scène universitaire, Labonté a poursuivi le glorieux règne de St-Pierre dans les couleurs des Martlets de McGill avec trois sacres au niveau national. La quadruple médaillée olympique a remporté deux fois l’or et sept fois l’argent au Championnat mondial de hockey féminin. À ses derniers Jeux olympiques à Sotchi en 2014, elle a fait équipe devant le filet avec Shannon Szabados et Geneviève Lacasse, qui est née à Montréal, mais qui a grandi du côté de Kingston en Ontario. Charline Labonté a décidé de mettre un terme à sa brillante carrière en 2017, une année qui marqua également la fin du parcours en NCAA de l’actuelle sensation devant le filet canadien, une autre Québécoise, Ann-Renée Desbiens. 

 

En quatre saisons avec les Badgers de Wisconsin au niveau universaire américain, Desbiens a presque réécrit le livre des records en entier à sa position. Plus grand nombre de jeux blancs en carrière (55) et en une saison (21), meilleur pourcentage d’arrêts effectués en carrière (.955) et en une saison (.963), meilleure moyenne de buts accordés en carrière (0.89) et en une saison (0.71), nombre de minutes consécutives sans accorder de but (543,53), êtes-vous à bout de souffle? Moi aussi. La diplômée en comptabilité a aussi mené les Badgers à la demi-finale nationale, le « Frozen Four » féminin, à chacune de ses quatre années avec l’équipe, sans toutefois remporter les grands honneurs. Son étincelant parcours universitaire s’est terminé avec la récolte du prestigieux trophée Patty Kazaimer, remis à la joueuse par excellence du hockey de la NCAA. Outre ses exploits au Wisconsin, Desbiens a remporté la médaille d’argent à sa toute première participation au Championnat mondial de hockey féminin en 2015, signant deux jeux blancs en trois rencontres à seulement 20 ans. L’athlète de La Malbaie n’a cependant pas été épargné par les blessures en début de carrière. Un match avec les Badgers en octobre 2016 lui a laissé une vilaine commotion cérébrale et à peine deux mois plus tard, le mauvais sort s’est encore acharné sur elle, subissant une blessure au genou au cours d’un match avec l’unifolié. Aux Jeux olympiques de 2018 à PyeongChang, la Québécoise y était à titre de gardienne réserviste où elle a joué un match devant le filet du Canada qui a dû se contenter de l’argent face aux Américaines en grande finale. Au prochain tournoi olympique à Pékin en 2022, Ann-Renée Desbiens risque fort bien d’être la gardienne partante de l’équipe canadienne qui pourrait compter dans quelques années sur un autre tandem tout québecois avec l’ascension d’un jeune talent de la province, Ève Gascon.

 

À 17 ans aujourd’hui, la jeune québécoise est déjà une pionnière de son sport. Originaire de Terrebonne, Gascon a brisé plusieurs barrières dont celle d’être devenue en 2018 la toute première femme à évoluer à temps plein dans la Ligue midget AAA du Québec. La Québecoise a disputé un total de 45 matchs en deux saisons dans les couleurs du Phénix du Collège Esther-Blondin, en plus d’avoir eu l’occasion de revêtir l’uniforme canadien, l’an dernier, lors du Championnat mondial des moins de 18 ans féminin qu’elle a admirablement bien disputé en tant que première gardienne malgré la défaite crève-coeur en finale face aux Américaines. Avant que la COVID-19 ne joue les troubles-fêtes, l’année 2020 s’annonçait prometteuse pour la jeune gardienne qui était devenue la première femme à percer la formation d’une équipe de division 1 dans les rangs collégiaux masculin avec les Patriotes du Cégep St-Laurent. Pour l’instant, Gascon n’est pas à même de savourer cette première en raison de la pandémie qui met toujours un frein à sa saison. La jeune femme, qui a prêté main-forte dans un CHSLD de sa région, doit pour l'instant se contenter d’entraînements individuels pour poursuivre son développement. La date d’un retour à la normale reste inconnue, mais ce qui ne fait aucun doute, c’est qu’une fois qu’elle retrouvera son filet, elle continuera de repousser les limites de son sport et de faire rayonner le drapeau canadien comme l’ont fait tant d’autres pionnières québécoises par le passé.