MOSCOU - Le sextuple champion olympique russe de patinage de vitesse sur courte piste Viktor Ahn ne participera pas aux Jeux olympiques de Pyeongchang en raison de son implication dans le scandale de dopage d'État, révélé par le rapport McLaren, a annoncé lundi l'agence TASS.

Ahn, d'origine sud-coréenne et naturalisé avant les Jeux olympiques de Sotchi où il avait gagné trois médailles d'or, avait émis le souhait de concourir à Pyeongchang sous drapeau neutre après la décision du Comité international olympique (CIO) de bannir le comité russe.

Viktor Ahn, 32 ans, est la plus grande star de sa discipline, et l'interdiction prononcée à son égard constitue un énorme coup dur pour le patineur, qui espérait revenir en héros dans son pays d'origine.

Le journal Sport Express, premier à avoir évoqué ces informations, précisait lundi soir sur son site qu'il existait « une forte probabilité » qu'il ne soit pas admis mais que les discussions se poursuivaient.

« Je ne suis au courant de rien », s'est étonné sur la radio Govorit Moskva le président de la fédération de patinage de vitesse, Alexeï Kravtsov. À sa connaissance, a-t-il précisé, Viktor Ahn n'apparaît pas dans le rapport du juriste canadien Richard McLaren, qui a établi un dopage institutionnalisé en Russie entre 2011 et 2015, notamment lors des Jeux olympiques en 2014 organisés à Sotchi en Russie.

Mikhail Prokopets, l'un des avocats représentant les sportifs russes bannis à vie des Jeux devant le Tribunal arbitral du sport, a qualifié d'« inattendues » les informations sur une possible exclusion d'Ahn, qui si vérifiées ne donneraient aucune chance de contestation.

« Le TAS va étudier l'affaire de nos sportifs olympiques et Ahn n'aura pas le temps d'être entendu par le TAS, donc il va rater les Jeux », a expliqué Prokopets à Sport Express.

Si le Comité international olympique n'a pas voulu commenter ces informations, le vice-président du Comité olympique russe, Stanislav Pozdniakov a insisté que les travaux devant déterminer la liste des sportifs russe admis aux JO « se poursuivent ». 

Ses titres de Sotchi retirés?

Lors d'une « première » carrière, Viktor Ahn, alors de nationalité sud-coréenne, s'appelait en effet Ahn Hyun-soo, et avait remporté trois premières médailles d'or aux JO de Turin en 2006 (1000 m, 15000 m et relais 5000 m), ainsi que le bronze sur 500 m.

Absent des Jeux de Vancouver 2010 à la suite d'une blessure à un genou qui l'avait empêché de participer pleinement aux qualifications, Ahn, déçu de l'attitude de la fédération sud-coréenne à son égard, avait décidé de se tourner vers la Russie.

Sa crête rouge et son nouveau triplé olympique (500 m, 1000 m, relais 5000 m), ainsi que le bronze sur 1500 m et sa relation chaleureuse affichée avec Vladimir Poutine, en avaient fait un des visages de Sotchi 2014.

Le fait que son nom soit cité dans le rapport McLaren et son bannissement des prochains Jeux olympiques de Pyeongchang laissent supposer par ailleurs que Ahn pourrait prochainement perdre les titres olympiques conquis en 2014, comme cela a été le cas pour tous les autres sportifs russes impliqués.

Le CIO n'a pas souhaité commenter l'interdiction prononcée à l'encontre de Ahn. L'instance a préféré renvoyer les médias vers sa décision rendue publique vendredi dernier, qui annonçait que 111 sportifs russes avaient pour le moment été interdits de participer aux prochains JO d'hiver, sur les 500 noms présélectionnés par la Russie.